C’est officiel : après de longs mois de débats et de tractations, le Parlement tunisien vient de voter mercredi  26 juillet une loi permettant de lutter contre les violences faites aux femmes. Le texte, qui a reçu 146 voix « pour » sur 217 députés, prévoit de renforcer la protection des victimes, mais également d’abolir des dispositions jugées rétrogrades. La loi reconnait ainsi les violences physiques, mais également psychologiques et économiques. Autre grand changement : elle abroge une autre disposition du Code Pénal, l’article 227 bis, qui donnait la possibilité pour un violeur, d’échapper aux poursuites judiciaires en épousant sa victime si elle celle-ci est mineure.

Naziha Laabidi, la Ministre de la femme, de la famille et de l’enfance s’est déclarée ravie : « C’est un moment très émouvant et nous sommes fiers en Tunisie […] d’avoir pu nous réunir autour d’un projet historique » a-t-elle déclaré. La loi entrera en vigueur six mois après sa publication au Journal Officiel tunisien.

La mise en place d’une assistance juridique et psychologique pour les victimes

La loi prévoit la mise en place d’une assistance juridique et psychologique pour les victimes, ainsi que la création de programmes spécifiques pour ancrer « les principes des droits humains et de l’égalité entre les genres » dans les mentalités. Le texte de loi souhaite montrer que les violences faites aux femmes ne sont plus de l’ordre privée, mais bel et bien de la responsabilité de l’Etat. « C'est une question qui concerne maintenant l'État et la preuve, c'est que le retrait de la plainte n'arrête plus les poursuites» a expliqué la députée Bochra Belhaj Hmida à l'AFP.

Vidéo du jour

Vers une évolution des mentalités

Si la Tunisie se montre avant-gardiste dans les pays du Moyen-Orient dans son souhait de faire évoluer la condition de la femme dans la société tunisienne, force est de constater que cette dernière est bien trop fragile. Les femmes sont ainsi, victimes de discriminations dans de nombreux domaines, et la cible de multiples agressions. Selon une étude publique, près d’une femme sur deux déclare avoir déjà fait l’objet de violence au cours de sa vie. Une situation que de nombreux défenseurs des droits de l’homme espèrent voir changer au cours des prochaines années. Espérons que la nouvelle Constitution tunisienne adoptée en 2014, qui stipule que les « citoyens et citoyennes sont égaux en droits et devoirs » ainsi que ce nouveau texte de loi, feront changer les mentalités.