Il est temps : l’enquête participative qui pulvérise les idées reçues sur l’écologie

aquarelle écologie mer pollution
L'enquête participative Il est temps sur l’écologie, lancée par Arte et dont Marie Claire est partenaire, bat en brèche de nombreuses idées reçues. Du 24 au 27 novembre, sur son antenne, seront diffusés les documentaires de jeunes réalisateurs qui ont filmé leur génération face aux défis de notre monde en plein bouleversement.

Lancée comme une enquête participative par Arte le 27 mai dernier, dans 15 pays, l’opération ambitieuse "Il est temps" sur l’écologie, la démocratie, les valeurs et comportements a dépassé toutes les attentes : 400 000 répondant(e)s et 42 millions de réponses à 133 questions battent en brèche nombre d’idées reçues et démontrent, s’il le fallait, que le sentiment d’urgence face aux défis environnementaux dépasse les frontières sociales, générationnelles et genrées.

L'écologie, une préoccupation universelle

On ne devrait plus pouvoir dire "l’écologie, c’est pour les bobos, c’est un truc de riche". Cette vaste enquête révèle que plus on est défavorisé, plus on est alarmiste : pour 46% des plus précaires, "fin du monde et fin de mois" ne vont pas l’un sans l’autre. Et 75% des ouvriers aux fins de mois difficiles affirment manger bio régulièrement. Ce qui explique que le bio se soit démocratisé en France : sa consommation a doublé en 5 ans.

75% des ouvriers aux fins de mois difficiles affirment manger bio régulièrement.

Vidéo du jour

À Marie Claire, nous avons toujours pressenti que les femmes étaient plus écolos dans l’âme et au quotidien – elles continuent de porter en grande partie la charge domestique - que les hommes. Nous avions raison : 70% d’entre elles estiment que le niveau d’urgence est maximal contre 59% des hommes. Un écart d’environ 10 points que l’on retrouve sur la quasi totalité des questions écologiques : elles sont 81% à avoir changé d’alimentation contre 66% des hommes, 53% affirment qu’il ne faut plus manger d’animaux contre 33%  des répondants, et 31% tendent vers le zéro déchet contre 16% des sondés.

"Les hommes ont tendance à considérer que les questions économiques passent avant les contraintes écologiques, explique Yann Le Lann, maître de conférence à l’université de Lille, membre de l’équipe franco-allemande de sociologues qui ont analysé cette enquête participative. S’ils bougent plus sur la question des transports, ce sont les femmes les plus investies au quotidien avec toute une panoplie d’actions. Cela est lié aux stéréotypes de genre : plus en charge de la sphère domestique, elles l’investissent de manière à faire changer leurs propres habitudes et celles de toute la famille."

La procréation en question

Pour les sociologues, un des résultats les plus marquants de cette enquête "Il est temps" est la remise en question de la procréation face aux menaces environnementales qui pèsent sur notre planète. Si pour 65% "faire des enfants au XXIe siècle est un cas de conscience", les femmes sont seulement 25% à répondre que faire des enfants est une évidence – contre 37% des hommes. Et si elles sont en première ligne de ce combat écolo, ce n’est pas qu’au sein de leur foyer ou en devenant vegan. "Ce qui est notable est qu’elles ne sont pas moins radicales que les hommes sur certains sujets, poursuit Yann Le Lann, prêtes même à se battre politiquement plus qu’eux sur des actions de désobéissance civile."

Ce sont les femmes les plus investies au quotidien avec toute une panoplie d’actions. 

Ces femmes jeunes, affolées par l’inaction des gouvernements face à la crise climatique, qui se jettent dans des actions de désobéissance civile non violente, sont au coeur de l’excellent documentaire d’Adèle Flaux et Alizée Chiappini Désobéissant-es (diffusé le 27 novembre 2020 à 22h25 sur Arte, ndlr). Pendant 18 mois, ces dernières vont suivre au QG, La base, au cœur de Paris, et aussi en Allemagne et en Grande-Bretagne une internationale informelle du climat reliant différents mouvements de contestation européens (Extinction Rebellion, Ende Gelände, Alternatiba, ANV-COP21...). A leur tête des leaders féminines comme Pauline Boyer d’Alternatiba qui, en mars 2019, organise 134 décrochages de portraits d’Emmanuel Macron dans les mairies, retransmis sur les réseaux sociaux, afin de dénoncer "e vide de sa politique écologique".  Ou Marie Toussaint qui lance la pétition baptisée "L’affaire du siècle", et récolte 2 millions de signatures en quinze jours. Des actions qui aboutiront le 16 mars 2019 à la "marche du siècle" place de la République avec plus de 100 000 manifestants, 300 000 dans toute la France. Aux élections européennes, deux mois plus tard, les Verts avec 14% des votes deviennent la troisième force politique en France. Un succès confirmé aux élections municipales de juin dernier qui voient 10 grandes villes françaises basculer dans leur camp.

Le regard de la "génération climat"

"En France comme en Allemagne, l’écologie est la matrice culturelle qui recompose tous les espaces politiques", analyse Adèle Flaux. C’est à cette nouvelle génération, héritière d’un monde qu’elle juge sévèrement, qu’Arte a confié la réalisation de plusieurs documentaires. "Ces créateurs français et allemands, de moins de 35 ans, se sont inspirés des réponses au questionnaire dans l’élaboration de leurs films. Les résultats du questionnaire ont ainsi impulsé certaines orientations et certains angles, venant infuser l’ensemble de la programmation. L’idée directrice était en effet de co-construire ces programmes avec le public", précise Fabrice Puchault, Directeur de l’unité Société et Culture d’ARTE France. Des documentaires nourris de témoignages, d’actions, d’initiatives qui font résonner les angoisses et les colères mais aussi les espoirs des citoyens conscients que le monde d’après se construit maintenant. 

Tous les documentaires "Il est temps" sont à retrouver en ligne sur le site Internet d'Arte en cliquant ici.

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