"Il faut absolument signaler à son médecin traitant toutes les douleurs épigastriques persistantes", affirme le Pr Francisca Joly Gomez, gastroentérologue à l’hôpital Beaujon et auteure de Bien nourrir notre intestin (Éd. Marabout). Dans la majorité des cas, celles-ci résultent d’un reflux gastro-œsophagien (remontées acides) dues à une mastication imparfaite ou à une mauvaise fermeture entre l’estomac et l’œsophage. Une hypersensibilité des organes digestifs génère aussi souvent une pesanteur et des nausées juste après le repas.

Vidéo du jour

Mais des maladies plus préoccupantes peuvent également se manifester par des douleurs dans la région de l’estomac. "Si le mal survient brutalement, s’il s’accompagne d’une dégradation de l’état général (perte de poids, malaise…) ou si du sang noir et pâteux apparaît dans les selles, il faut consulter rapidement", alerte la spécialiste.

Gastrite : la paroi de l’estomac enflammée

La consommation excessive d’alcool ou de médicaments anti-inflammatoires (aspirine, ibuprofène…) est susceptible d’irriter à la longue la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’estomac. Une gastrite chronique s’installe alors, avec son cortège de brûlures et de crampes qui surviennent lors des repas ou juste après.

Une contamination par la bactérie Helicobacter pylori est aussi à l’origine de gastrites récalcitrantes. Une fibroscopie – examen permettant de visualiser l’intérieur du tube digestif en passant par la bouche - s’impose alors pour explorer l’estomac et y effectuer des prélèvements. Si l’infection est confirmée, un traitement antibiotique permet de s’en débarrasser (contre-indiqué chez la femme enceinte). 

Ulcère gastro-duodénal : une bactérie souvent responsable

Une gastrite non soignée peut finir par ulcérer l’estomac ou la partie la plus haute de l’intestin, le duodénum. Un stress prolongé et la prise d’anti-inflammatoires favorisent également son altération. Mais dans plus de 70% des cas, la présence d’Helicobacter pylori est en cause. Non dépistée et traitée à temps, l’infection peut même générer un cancer de l’estomac, selon la Haute Autorité de Santé (HAS). Un traitement (chirurgical ou antibiotique) est donc indispensable afin d’éviter les complications.

Gastroparésie : quand la vidange de l’estomac est ralentie

"Crampes, éructations, sensation de distension ou de ballonnements en haut de l’abdomen après les repas, avec parfois des nausées voire des vomissements, peuvent être des signes de diminution de l’activité motrice de l’estomac (gastroparésie)", explique le Pr Francisca Joly Gomez.

Des mesures d’hygiène de vie permettent de réduire la gêne : fractionner les prises alimentaires, bien mâcher les aliments, limiter les graisses, les chewing-gums, les boissons gazeuses et l’alcool, éviter les vêtements serrés et pratiquer une activité physique. Dans les cas les plus sévères, l’implantation d’un pacemaker gastrique, qui envoie des impulsions électriques pour stimuler l’estomac, peut s’avérer nécessaire. Cette thérapie novatrice n’est pour le moment proposée que dans quelques établissements hospitaliers français, dont le CHU de Rouen.

Pancréatite : une inflammation du pancréas

Une douleur vive en haut du ventre, qui irradie souvent aussi dans le dos, peut provenir du pancréas, dans la mesure où cet organe est situé juste derrière l’estomac. Lorsqu’il s’enflamme, le calvaire est intense, souvent accompagné de vomissements et d’un arrêt du transit intestinal. La meilleure solution : se rendre aux urgences pour confirmer le diagnostic et envisager un traitement. 

Colique hépatique : des calculs bouchent les voies biliaires

Une douleur subite au creux de l’estomac et un peu à droite, qui lance jusqu’à l’épaule, est typique d’une colique hépatique due au blocage du canal cystique par des calculs biliaires (ou lithiase biliaire).

Pour la soulager, le médecin prescrit généralement des médicaments antalgiques et antispasmodiques le temps que les calculs soient éliminés. En cas de récidives à répétition, l’ablation de la vésicule est une bonne option. Les femmes sont deux à trois fois plus sujettes aux calculs biliaires que les hommes car les œstrogènes favorisent la cristallisation du cholestérol.