Agnès Varda n'est plus. Sa famille a annoncé son décès ce vendredi 29 mars. Nous l'avions rencontrée il y a moins d'un an, en juillet 2018, à l'occasion de la ressortie en salle de son film "L'une chante, l'autre pas". Elle nous avait alors raconté son engagement dans la lutte pour l’accès à l’IVG.

"Quand on envoyait le manifeste des 343 dans les tribunaux, ça la foutait mal... parce que... est-ce qu’ils allaient osé aller chercher Françoise Sagan et la mettre en taule ?" Devant notre caméra installée au milieu de sa cour aux murs roses, Agnès Varda raconte le printemps de sa vie, cette époque où "les mouvements de femmes étaient très joyeux". Le manifeste des 343 qu'elle signait aux côtés d'autres femmes connues et engagées, son aide à des avortements clandestins, la lutte pour l'accès à l'IVG qu'elle portait à l'écran avec son film "L'une chante, l'autre pas"... Elle se souvient de tout. Mais elle ignore si ce "tout" intéresse les nouvelles générations. Parfois on a des acquis, on ne cherche pas à savoir d'où ils viennent, le combat mené par d'autres pour qu'on les possède, pense-t-elle. Cette crainte est présente dans son discours, perceptible dans sa voix, quelques heures avant la ressortie en salles, plus de quarante ans plus tard, de son film sur les combats féministes des années 70.

Ce film aujourd'hui en salles dans sa version remasterisée, c'est aussi l'histoire d'une très forte amitié entre deux femmes qu'elle mettait gaiement en scène. Et vous Agnès ? Qu'elle est la place des amitiés féminines dans votre vie ? La réalisatrice fraîchement oscarisée nous répond dans un sourire nostalgique. Elle repense aux Eclaireuses pendant la guerre, aux femmes artistes et révoltées, à toutes ces amitiés qui ont "beaucoup compté".

Un chat passe devant la caméra, le regard d'Agnès Varda s'attendrit. Quand elle nous montre ses photos sous verres de Jacques Demy, son défunt mari, le réalisateur qui partagea sa vie, il s'attendrit un peu plus encore. 

Vidéo et articles parus en juillet 2018