Déposez les manettes ! C'est officiel : depuis le 18 juin 2018, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que l'addiction aux jeux vidéo est une maladie, au même titre que la cocaïne ou les jeux d'argent.

Aujourd'hui, environ 2,5 milliards de personnes à travers le monde jouent aux jeux vidéo. Ils existent sous diverses formes : sur console, sur smartphone, sur tablette ou sur ordinateur. Ils s'adressent également à des publics différents, selon l'âge et le genre, et couvrent différentes thématiques (guerre, aventure, stratégie, etc.).

Mais le trouble de l'addiction ne touche pas tous les joueurs. Selon une estimation "très approximative" de l'OMS, 2 à 3% des joueurs seraient concernés. "Nous ne disons pas que toute habitude de jouer aux jeux vidéo est pathologique", a indiqué Shekhar Saxena, directeur du département de la santé mentale et des toxicomanies de l'OMS.

Le "trouble du jeu vidéo" a fait son entrée dans la 11e version de la Classification internationale des maladie (CIM)*, dans la catégorie sur les troubles de l'addiction. En janvier 2018, l'OMS avait déjà publié une ébauche qui stipulait que ce trouble faisait référence à "l'utilisation persistante ou récurrente de jeux vidéo, à la fois en ligne (sur Internet) ou hors ligne".

Une perte de contrôle du jeu

Mais dans la version de juin 2018, l'OMS estime alors que cette addiction est "un comportement lié à la pratique des jeux vidéo ou des jeux sur internet, qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité accrue accordée au jeu, au point que celui-ci prenne le pas sur d’autres centres d’intérêt et activités de la vie quotidiennes, et par la poursuite ou la pratique croissante du jeu en dépit de répercussions dommageables".

Vidéo du jour

Cela signifie qu'une personne peut être considérée comme addicte si les jeux vidéo influent sur ses "activités personnelles, familiales, sociales, éducatives, professionnelles" et si la dépendance est constatée "sur une période d'au moins douze mois".

"Après avoir consulté des experts dans le monde entier, et avoir examiné la littérature de manière exhaustive, nous avons décidé que ce trouble devait être ajouté. La personne joue tellement que d’autres centres d’intérêt et activités sont délaissés, y compris le sommeil et les repas", a expliqué Shekar Saxena à l'AFP. Certains joueurs compulsifs peuvent également mettre leur vie en danger sans s'en rendre compte.

Les avis restent partagés

L'OMS reste le seul organisme à considérer l'addiction aux jeux vidéo comme une pathologie. D'autres professionnels contestent cette décision. Le 1er mars 2018, le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), avait publié un communiqué en partenariat avec d'autres acteurs mondiaux, dans lequel était dénoncé le manque de transparence et de soutien scientifique objectif. En mai 2019, l'Assemblée nationale devrait reconsidérer ou valider cette classification. 

D'autres spécialistes sont ravis de cette décision de l'OMS. C'est le cas du Dr Marc Valleur, psychiatre, qui avait indiqué à nos confrères du Figaro au mois de janvier 2018 : "Je pense que cela permettra d’assurer la prise en charge des soins dans certains pays". Une idée également défendue par l'OMS.

Aujourd'hui, les "gamers" et "gameuses" les plus vulnérables sont les adolescents. Selon une étude parue le 8 juin 2018**, un jeune âgé entre 14 et 24 ans sur six passe plus de cinq heures par jour sur sa console.

* www.who.int/fr/news-room/detail/18-06-2018-who-releases-new-international-classification-of-diseases-(icd-11)
** www.fondapol.org/wp-content/uploads/2018/06/Ipsos_Jeunes-familles_et_addictions_ANALYSES_2018_05_30_web.pdf