C'est un constat alarmant.

Selon un sondage, paru le 15 juin 2018 et mené par Odoxa pour le laboratoire Lundbeck* sur 2 026 personnes âgées de plus de 18 ans (dont 1 083 salariés), plus d'un quart des Français aurait déjà fait face à une dépression. Et pour 54% d'entre-eux, la cause de leur mal-être serait leur travail. 

La forte pression liée à celui-ci et les problèmes de management seraient même les premières causes de cette maladie d'après les sondés (56%). L'environnement instable ou difficile et les difficultés financières seraient quant à eux à l'origine de 46% et 42% des dépressions.

"Dans l'esprit des salariés, la culture managériale ne progresse pas sur le sujet de la dépression. Les idées reçues subsistent, notamment la crainte de se retrouver mis à l'écart", indique Elena Ruiz, ex DRH du groupe Canal Plus et ex-Chief Happiness Officer de Paris 2024, dans un communiqué**.

Une maladie encore taboue

La dépression reste aujourd'hui une pathologie dont on parle peu. Alors que 69% des salariés accepteraient de parler de leur cancer à la médecine du travail, seulement 57% se confieraient sur leur dépression. Un chiffre davantage inquiétant : 22% uniquement aborderaient le sujet avec leurs collègues.

Et la définition de la dépression est encore floue pour certains. Parmi les personnes sondées, 76% d'entre-elles estiment que la dépression "est une maladie qui nécessite un accompagnement médical et psychologique", tandis que seulement 23% pensent qu'il s'agit d'un "état d'esprit pessimiste dont on peut sortir avec de la volonté".

"Ce n'était pas le cas il y a quelques années encore, la dépression était considérée comme une faiblesse psychologique. Il faut continuer d’informer, dire que cette maladie se soigne", explique Raphaël Gaillard, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne de Paris. 

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Des avis partagés sur la guérison de la dépression

Concernant la guérison de la dépression, les avis sont très tranchés. Pour plus de la moitié (51%), la dépression serait une maladie qui laisse des séquelles après son passage, tandis que l'autre moitié considère qu'il s'agirait d'une maladie dont on peut guérir totalement. Pour la directrice d'Odoxa, Céline Bracq, c'est "une appréhension loin d’être injustifiée, car la personne ayant traversé un épisode dépressif est bien considérée comme un être un peu à part, plus fragile que la moyenne."

"Pourtant, la dépression n'est pas à l'origine d’un handicap durable, il s'agit d'un épisode pathologique et non d'un état intrinsèque de la personne. À l’image d'une jambe cassée, une dépression c'est une fracture dans l'existence, avec ses soins et sa temporalité. Comme après une fracture de jambe, au-delà d'une période de consolidation il n'y a pas de raison de considérer qu'il persiste une fragilité", ajoute Raphaël Gaillard.

Près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie en France. L’OMS (Organisation mondiale pour la Santé) estime que la maladie, qui touche davantage les femmes, est la première cause d’invalidité au travail dans le monde.

* www.odoxa.fr/sondage/la-depression-au-travail/
** www.odoxa.fr/wp-content/uploads/2018/06/LUNDBECK-Communique-de-presse-15062018.pdf