Interview

Qui est Leslie Medina, la révélation de la série Fiasco sur Netflix ?

Alors que la série Fiasco cartonne sur Netflix depuis sa sortie, le 30 avril dernier, nous sommes partis à la rencontre de son actrice principale : la radieuse Leslie Medina.
Leslie Medina
Kevin Drelon

C'est dans un café parisien, une après-midi baignée de soleil, que nous retrouvons Leslie Medina pour échanger sur la série dont tout le monde parle : Fiasco. Réalisé par le maître de l'humour Igor Gotesman pour le géant du streaming Netflix, le programme réunit une joyeuse bande d'acteur·ices – Pierre Niney, François Civil, Géraldine NakacheLouise ColdefyPascal DemolonDjimo ou encore Juliette Gasquet – dans une aventure improbable : celle de filmer un tournage ambitieux qui part à vau-l'eau, dans lequel un réalisateur nommé Raphaël Valande souhaite rendre hommage à la vie héroïque de sa grand-mère pour son premier long-métrage. Son scénario traverse les époques, de la préhistoire au Débarquement en passant par les Vikings. Cependant, rien ne se passe comme prévu… Les catastrophes s’accumulent jusqu’à ce que le projet en devienne cauchemardesque.

Disponible depuis le 30 avril sur Netflix, la série s'est vite hissée au sommet du classement des contenus les plus visionnés. Il faut dire qu'elle offre une belle parenthèse humoristique aux abonnés de la plateforme. Selon Leslie Medina, qui incarne la touchante Ingrid, elle plaira à tous les fans de The Office (qu'elle considère par ailleurs comme l'une des meilleures de tous les temps) et de la comédie Five. À l'occasion de ce nouveau succès, nous avons échangé avec l'actrice sur ce rôle – mi-intimidant, mi-merveilleux – qui, dès lors qu'on l'évoque, esquisse sur son visage un sourire aussi large que le nôtre.

Kevin Drelon

Tête-à-tête avec l'actrice et chanteuse Leslie Medina

Vogue. Si le public vous découvre actuellement dans la série Fiasco sur Netflix, les amateurs de musique ont aussi pu vous écouter dans leurs écouteurs ou sur scène. À quand remonte votre passion pour les arts ?

Leslie Medina. Depuis toute petite, la musique fait partie de ma vie. Mon père faisait du piano et de la guitare en amateur, alors je jouais avec lui et je l'accompagnais au chant. Venant de Lyon, j'allais souvent voir les marionnettes de Guignol avec ma famille. J'avais mon petit théâtre à la maison et je faisais des spectacles pour mes parents ainsi que tous leurs amis... En grandissant, j'ai passé mon bac scientifique pour me prouver certaines choses à moi-même, mais c'est vrai que je n'en ai rien fait. J'ai tout de suite pris des cours de théâtre tout en continuant à chanter.

Est-ce à moment là que vous êtes arrivée à Paris ?

Oui, il y a presque dix ans maintenant.

Quel âge avez-vous aujourd'hui ?

J'ai 31 ans, et j'accepte de les faire ! Comme j'accepte de vieillir. On est dans un système patriarcal donc c'est vraiment difficile, mais j'ai bon espoir que les choses évoluent. Elles sont déjà en train de le faire. Ça fait du bien d'avancer et de grandir aussi.

Vous avez donc toujours su que la comédie et la musique feraient parties de votre carrière ?

Je suis arrivée à Paris dans l'optique de devenir comédienne. La musique, c'était tellement naturel pour moi que je ne l'envisageais pas encore comme un métier. C'était quelque chose que je faisais sous la douche, entre copines ou sur YouTube… Je ne pensais pas que ça serait possible de mener les deux de front.

Finalement, c'est ce que vous faites à présent.

Ce sont des satisfactions assez distinctes et qui se complètent bien. En tant qu'actrice, je suis heureuse de pouvoir travailler ma technicité. J'ai le sentiment de devoir me mettre à la disposition de la vision d'un·e réalisateur·ice, et c'est un vrai challenge. En tant que musicienne, c'est davantage l'expression de ma vulnérabilité, de mes émotions et de mes histoires qui m'attire. Mais dans les deux cas, j'ai la chance de m'exprimer. C'est un privilège énorme.

Au cinéma, on vous connaît essentiellement pour vos rôles comiques. Qu'est-ce qui vous plaît tant dans ce genre ?

C'est une science assez fascinante que de dire aux gens : “Vous allez rire.” La comédie, c'est populaire tout en étant très noble. J'ai tendance à être davantage touchée par des choses qui vont réussir à parler au plus grand nombre. Il y a une unité bouleversante dans les comédies. C'est vraiment un genre qui rassemble.

Quelles sont vos comédies fétiches ?

J'adore le cinéma de Cédric Klapisch. Il allie des histoires populaires à des dialogues très intelligents, avec des sujets sociaux importants. Tous les Tolédano et Nakache, ce sont des films que j'aime beaucoup. Et je suis aussi une grande fan d'Igor Gotesman. Sa vision est très inspirante – et je ne dis pas ça parce que je joue dans Fiasco ! J'adore Five et Family Business, notamment. On n'a pas le temps de penser à une seule vanne qu'il en a déjà fait dix meilleures que toutes celles qu'on aurait pu faire au cours de notre existence. Il a une répartie de dingue, ça se sent dans son écriture.

Des rôles plus dramatiques vous intéresseraient-ils aussi ?

Totalement. En réalité, j'ai déjà pu défendre des rôles un peu plus sombres dans le passé. Je pense à la série Balthazar où je jouais une psychopathe meurtrière, entre autres. Je m'amuse aussi là-dedans. Il faut un équilibre entre les deux et j'espère que j'aurais l'opportunité de le faire après Fiasco.

En parlant de Fiasco, comment s'est passé le casting ? Ou devrais-je plutôt dire les castings ?

Ça a été un processus qui s'est fait sur trois étapes. J'ai fait des premiers essais avec la directrice de casting de la série. J'y étais allée sans aucune attente car, en sachant qu'il y avait Pierre Niney parmi la distribution, je ne m'imaginais pas qu'ils prendraient quelqu'un de peu connu pour jouer à ses côtés. Mais ils m'ont rappelée. J'ai reçu un texto de mon agent, me disant : “Juste pour info, il y aura Pierre Niney pour te donner la réplique lors de ce deuxième essai.” Quand je suis arrivée, j'étais très stressée mais Pierre et Igor m'ont tout de suite mise à l'aise. Au final, j'avais l'impression de déjà les connaître. On a testé plein de scènes, on a beaucoup ri. J'ai réussi à m'amuser et à prendre du plaisir. Ensuite, ils m'ont rappelée une troisième fois. J'étais un peu moins nerveuse donc j'ai pu me faire confiance, tester de nouvelles choses. C'est à la suite de ce casting que j'ai eu leur retour.

Comment avez-vous réagi ?

J'ai fondu en larmes. Je tremblais de tout mon corps. J'avais conscience des dix dernières années de travail, de castings et d'échecs qui étaient derrière moi… Je n'attendais plus grand chose du cinéma. Qu'on me faisse confiance pour un tel rôle, je ne m'y attendais pas. Surtout, je n'avais jamais vu mon père pleurer comme il a pu le faire à ce moment là. Je l'ai appelé tout de suite car il m'avait soutenu à chaque étape du processus de casting. Quand je l'ai eu en FaceTime, il a commencé à me féliciter avant de devenir tout rouge et de pleurer. Il était bouleversé. Le voir comme ça, ça a guéri beaucoup de choses…

Vous parlez de vos doutes ?

J'ai presque toujours eu le syndrome de l'imposteur. Je pense que c'est très féminin, mais en tant qu'artiste ça l'est peut-être encore plus. Les espaces de doutes sont nécessaires, sinon on n'a rien à raconter. Sans les cultiver, c'est vrai que je n'ai jamais réussi à m'en débarrasser. Ma confiance en moi est toujours fragile. Passer des étapes, glaner des petits tampons sur son passeport, ça me permet de me réconcilier avec ce sentiment d'illégitimité.

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fiasco série

Vous incarnez Ingrid, l'un des personnages principaux de Fiasco.

Ingrid est une actrice qui a eu une petite traversée du désert. Elle a galéré pendant quelques années, elle a eu une très mauvaise expérience sur un précédant tournage et, finalement, on lui fait confiance pour jouer le rôle de Madame Valande. Elle est heureuse et intimidée, elle a cœur que les choses se passent bien sur ce tournage mais, bien sûr, tout part vite en vrille. Elle est très déçue mais essaye de garder le cap. La rencontre avec le réalisateur, joué par Pierre Niney, va en même temps venir la troubler…

Qu'est-ce que cela fait de jouer aux côtés de forces comiques telles que Pierre Niney, Géraldine Nakache ou encore François Civil ?

C'est très agréable de jouer avec des gens aussi expérimentés mais qui, pour autant, ont gardé une grande spontanéité. Ils sont profondément généreux. Sur le plateau, je me suis sentie à ma place et leur égale. C'était un vrai terrain de jeu. Je pense notamment à Pierre car c'est avec lui que je devais échanger le plus : j'avais peur d'être impressionnée par ses compétences techniques alors qu'en réalité, elles m'ont portée. Je n'avais qu'à être à l'écoute de ce qu'il me donnait pour réagir honnêtement dans les scènes. Pour le reste, on était très fidèles au texte de la série, qui a été peaufiné pendant près de dix ans. Pierre et Igor étaient également très ouverts à l'improvisation donc je savais que j'avais aussi cet espace où je pouvais créer et prendre des risques. Mais cela n'a été possible que parce que j'étais en sécurité avec eux.

L'ambiance sur le plateau était-elle à l'image de la série ?

Oui ! C'était très joyeux. J'ai senti qu'ils étaient très contents de se retrouver. C'est une bande qui travaille ensemble mais ce sont aussi des amis. Là encore, ils étaient très accueillants et m'ont tout de suite intégrée. On a vraiment créé une relation au-delà du travail qui, je l'espère, durera le plus longtemps possible.

En tant que spectatrice, quels sont vos plus gros coups de cœur sériels ?

Ces dernières années, j'ai adoré Fleabag. Phoebe Waller-Bridge est une reine ! Plus récemment, j'ai beaucoup aimé Ripley sur Netflix. Je me suis pris une claque visuelle. La réalisation est folle et le jeu des acteur·ices impressionnant.

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Fleabag

Côté musique, vous vous apprêtez à dévoiler votre nouvel EP, Les Lotus poussent dans la boue, tout en continuant à remplir des salles de concert.

Mon dernier concert à Paris était une osmose avec le public. Je me suis éclatée. Entendre les gens chanter les paroles de mes chansons, ça me donne confiance pour la suite et encore plus envie de poursuivre. Il y a des personnes qui commencent à revenir de plus en plus à chaque concert. Mon nouvel EP sort le 24 mai et je suis déjà en train de travailler sur ce qui sortira en 2025.

Comment vous sentez-vous face à ces prochains projets ?

Comblée. Je profite en conscience de chaque instants car je sais combien c'est précieux. C'est le haut de la vague. Je suis très reconnaissante. Je suis aussi prête pour les prochains mois qui seront, peut-être, plus calmes et en introspection. Je vais ressortir mon aquarelle et mes petits carnets d'écriture, et je serai très heureuse dans cette vie-là aussi.

Fiasco, une série d'Igor Gotesman à voir dès maintenant sur Netflix.
Les Lotus poussent dans la boue, un EP de Leslie Medina à découvrir à partir du 24 mai.

Kevin Drelon

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