Si les bienfaits du yoga sur le corps sont avérés et bien connus du grand public, ceux qu'il procure à notre tête le sont moins.  

"Des essais cliniques ont montré que le yoga améliore la douleur en étirant les muscles et en alignant la posture, abaisse la tension artérielle en rééquilibrant le système nerveux autonome et réduit l’inflammation en régulant le stress chronique. Ces derniers temps, le yoga est de plus en plus perçu non seulement comme un moyen de réduire le stress et d’améliorer la forme physique, mais aussi de surmonter la souffrance mentale", explique ainsi Holger Cramer,* Directeur de recherches, médecine interne et intégrative à l'University of Duisburg-Essen, dans un article publié le 13 mai 2018 sur le site de The Conversation

Et d'ajouter : "Au-delà du spirituel, il existe des preuves scientifiques fiables et des mécanismes clairs par lesquels le yoga pourrait aider dans le cas des symptômes de troubles mentaux."

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Une efficacité démontrée dans la prise en charge du stress post-traumatique

Parmi ces troubles psychiques, Holger Cramer cite notamment le syndrome de stress post-traumatique (TSPT). Il explique que ce trouble, qui résulte d'épisodes traumatisants (attentats, viol, guerre...) et se caractérise par des signes tels que la réexpérience, l’évitement et l’hyperréactivité, est associé à une structure cérébrale reliant la mémoire de ces expériences aux émotions. Appelée amygdale, elle produit de manière constante les différents symptômes cités lorsqu'elle est suractivée par le TSPT.

"En augmentant l’activité parasympathique, le yoga réduit les effets du stress : c’est la réponse de relaxation qui pourrait également réduire directement l’activité de l’amygdale. Cela semble être le cas notamment avec les méthodes de respiration yogiques telles que la respiration alternée des narines, précise le chercheur. Le yoga, comprenant des aspects de pleine conscience, c’est-à-dire une attention ouverte, y compris aux émotions ou aux souvenirs désagréables, est de nature à augmenter la régulation des émotions, bien mieux que l’évitement. La conscience consciente de la nature transitoire de son expérience physique, sensorielle, et émotionnelle momentanée au cours de la pratique du yoga est supposée conduire à un changement dans l’auto-évaluation de soi, réduisant ainsi les symptômes du TSPT."

Ainsi, une méta-analyse réalisée sur différentes études scientifiques menées sur le sujet a permis de démontrer l'efficience du yoga sur ce trouble en particulier : parmi divers groupes - un ayant participé à des cours de yoga, un non traités ou ayant reçu des conseils de santé- les ceux qui pratiquaient le yoga "présentaient une réduction beaucoup plus forte et cliniquement significative de leurs symptômes."

La respiration yogique, un mécanisme apaisant pour l'esprit

Également observé par le chercheur, le trouble anxieux généralisé (TAG), qui se traduit par une peur ou une anxiété excessive, et peut entraîner un risque important de développer des pathologies cardiovasculaires. Chez ces personnes, moins "conscientes" que la moyenne de la population générale, "le travail corporel, la respiration et la méditation peuvent aider en 'contrôlant les fluctuations' de l’esprit", explique-t-il. Des résultats positifs, mais qui méritent toutefois une actualisation, les études sur le sujet étant assez anciennes, elles ne répondent donc pas aux exigences de la science moderne.

"Il est clair que le yoga peut aider à soulager les symptômes liés au traumatisme et l’anxiété, et que les exercices de respiration représentent le mécanisme principal par lequel il opère", conclut Holger Cramer. Il précise cependant que les personnes atteintes de troubles mentaux ne doivent pas pratiquer le yoga sans avoir consulté leur psychiatre et leur psychothérapeute au préalable.

Holger Cramer interviendra toute la journée avec d’autres intervenants au "Symposium Yoga et Santé" le 18 mai 2018 à la Cité des Sciences de Paris.