Alors que les crinières blanches se portent avec panache chez les stars de plus de cinquante ans, certaines jeunes femmes doivent composer très tôt avec ce que les pros appellent la canitie : la pousse des cheveux gris ou blancs.

Une transmission génétique parfois bien accueillie

En cause ? L'hérédité, à en croire le Dr Pierre Bouhanna. Le dermatologue et chirurgien du cuir chevelu explique sur son site que chaque individu possède son propre programme génétique. Ce dernier détermine l'âge à partir duquel ses cheveux blanchiront. Le processus physiologique commence normalement entre 35 et 40 ans, pour se poursuivre surtout entre 50 et 60 ans. Il existe même une "règle des 50" selon laquelle 50 % des personnes de type caucasien de 50 ans ont au moins 50 % de cheveux blancs. "Quand le phénomène arrive avant 30 ans, c’est souvent une question de génétique", abonde Nathalie Dessert, Hairstylist au studio Blissim.

Je me suis habituée, cela fait partie de moi et ne me préoccupe pas.

Une évidence pour Artémise, 17 ans, qui a découvert ses premiers cheveux blancs alors qu’elle n’avait que… six ou sept ans. "C’est ma mère qui les a remarqués pendant qu’elle me coiffait : je suis très rousse, donc ils se voient très bien. Je n’en avais que deux ou trois par ci par là, et c’est toujours resté ainsi", se remémore la lycéenne. 

À l’époque, peut-être à cause de son très jeune âge, dit-elle, elle ne pense absolument pas que cela peut être lié à une quelconque forme de vieillissement. "Ma grand-mère, qui est aussi rousse, m’a dit qu’elle avait toujours eu des cheveux blancs. Je me suis habituée, cela fait partie de moi et ne me préoccupe pas", évoque la jeune fille à la coupe au carré asymétrique. Et d’évoquer son amie Jeanne, dans son lycée, qui a eu ses "premiers" l’an dernier. "Elle le vit très mal et refuse d’en parler, encore moins d’en rire".

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"J’avais l’impression d’avoir atteint la date de début de péremption"

Toutefois, "les personnes de moins de 30 ans avec des cheveux blancs sont rares", relativise Nathalie Dessert. Et l’époque propice à l'affranchissement des diktats de beauté freine les stigmatisations des corps et des looks. "Certaines peuvent le prendre avec légèreté ; d'autres ressentiront de l'inquiétude, de la surprise ou même de la frustration". Pour la pro, l'impact émotionnel varie en fonction de la perception culturelle, des normes sociales et individuelles. "Des femmes embrassent leurs cheveux blancs, les considérant comme une caractéristique unique. Mais elles sont nombreuses à chercher des solutions cosmétiques pour les cacher".

C’est le cas d’Aline, 43 ans. La journaliste spécialisée en économie a découvert son changement capillaire quasiment le jour de ses 18 ans. Un choc terrible, selon elle. "J’avais l’impression d’avoir atteint la date de début de péremption, d’entrer dans un autre âge. J’ai eu de la chance, car si mes cheveux blancs sont apparus tôt, le processus s’est toujours limité à quelques dizaines à droite à gauche… jusqu’à ce que j’aie environ 40 ans", décrit-elle.

Impossible pour moi d’assumer.

Quand sa chevelure commence à "bien blanchir sur les côtés", elle opte pour la teinture. "Je ne voyais plus que ça dans le miroir. Impossible pour moi d’assumer", confie Aline. Elle passe alors beaucoup de temps à chercher la teinture idéale. "J’en ai essayé trois avant de trouver la teinte la plus proche de la mienne. Je tenais à utiliser un produit le plus naturel possible car je souffrais d’une dermite séborrhéique depuis plusieurs années", explique la quadra.

Shampoings solides, cortisone… rien n’y fait, jusqu’à ce qu’elle craque pour une teinture classique, d’une marque grand public. Dès la première application, sa dermite est partie. Elle en conclut qu’elle avait probablement développé un champignon sur le cuir chevelu. "La formule chimique décapante de la teinture a dû l’éliminer. Merci mes cheveux blancs finalement", sourit-elle, philosophe.

La canitie, un phénomène aux causes variées 

À en croire Nathalie Dessert, les cheveux blancs prématurés peuvent aussi être liés à des déséquilibres hormonaux, au stress (dont les effets sur les hormones est largement documenté) ou à certaines conditions médicales.

Le Dr. Pierre Bouhanna, qui est également l'auteur de l'ouvrage Cheveux et calvitie (Éd. Elsevier Masson) confirme que certains médicaments comme la chloroquine ou l'hydroquinone peuvent déclencher la canitie précoce. "Elle peut aussi être due à des maladies métaboliques et nutritionnelles comme la maladie cœliaque ou l'anémie hyposidérémique, ou encore une carence en vitamine B 12 ou en cuivre", détaille-t-il.

Elle le vit très mal et refuse d’en parler, encore moins d’en rire.

Le médecin pointe par ailleurs quelques affections particulières : pelade, vitiligo, sida associé à un vitiligo ou encore les séquelles d'une brûlure thermique. La radiothérapie localisée du cuir chevelu peut également entraîner la repousse d'un cheveu plus fin qui peut blanchir.