Prothèses mammaires : des suites pas toujours si simples

implants mammaires
Utilisées dans le cadre d’une chirurgie reconstructrice ou esthétique, les implants mammaires ne sont pas éternels et nécessitent une surveillance étroite pour éviter une éventuelle complication, notamment en cas de rupture.

En avril dernier, la coach sportive star des réseaux sociaux Julie Pujols-Benoit publiait une story sur Instagram dans laquelle elle évoquait la rupture d'une de ses prothèses mammaires : "comme beaucoup d’entre vous le savent, j’ai refait mes seins il y a 9 ans. Et je n’ai contrôlé qu’une fois l’état de mes prothèses. Alors j’ai refait une IRM il y a un mois, et là, on a vu qu’une des deux s’était rompue (de façon intra-capsulaire, ça ne se voit pas, ça ne sent pas, et c’est très courant. Il a donc fallu agir vite (je suis sportive, donc ça a dû pas mal bouger), j’étais obligée d’en remettre (sinon la peau est trop distendue, donc c’est souvent lifting obligatoire) [...] Je ne souhaite pas du tout trop m’étaler au sujet de cette intervention chirurgicale (d’autres le font bien mieux que moi) juste, pensez-y les filles, la chirurgie esthétique ce n’est pas rien, c’est sur plusieurs années en vrai parfois et ce n’est pas anodin. Et à moi aussi on m’a dit que les prothèses pouvaient tenir près de 25 ans mais apparemment, les études récentes prouvent le contraire".

Bien que la pose de prothèses mammaires soit l’intervention de chirurgie esthétique la plus pratiquée par les femmes dans le monde selon un rapport publié par l'International Society of Aesthetic Plastic Surgery (ISAPS), les principales concernées ne seraient pas toujours correctement informées des suites et des risques potentiels liée à cette opération tout sauf banale.

Quelles peuvent en être les complications ? À quelle fréquence faut-il faire surveiller ses prothèses mammaires ? Au bout de combien d’années doivent-elles être changées ?.... On fait le point avec le Dr Catherine Bergeret-Galley, Présidente de la Société Française des Chirurgiens Esthétiques Plasticiens (SOFCEP).

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Prothèses mammaires : un risque de rupture avec le temps

La pose de prothèses mammaires nécessite de réaliser une opération. Et comme pour toutes les interventions chirurgicales, il peut exister - bien que ce soit très rare - des complications lie´es a` l’anesthésie générale ou au geste chirurgical. Plusieurs années après l’opération, des complications liées à la prothèse peuvent également survenir, notamment un risque de rupture.

Si l’on se souvient du scandale des prothèses défectueuses fabriquées par l'entreprise française PIP (qui utilisait un silicone non-conforme et bas de gamme favorisant les ruptures), la législation et la surveillance autour des implants mammaires est désormais largement renforcée.

"La grande majorité des prothèses utilisées aujourd’hui possèdent plusieurs enveloppes résistantes qui restent souples et qui sont remplies de silicone en gel cohésif", explique le Dr Bergeret-Galley. Ce type de silicone possède une consistance plus visqueuse que liquide (vs les prothèses en sérum physiologique), ce qui limite le risque de fuite en cas de rupture de l’enveloppe.

Néanmoins, même si les récentes innovations permettent d’avoir des prothèses toujours plus fiables, "il existe encore un risque de rupture quand les prothèses vieillissent", prévient notre spécialiste. Avec le temps, la rupture d’une prothèse mammaire en silicone peut être intra ou extra-capsulaire. Intra : le gel de silicone reste à l'intérieur de l’enveloppe de la prothèse. Extra : le gel de silicone traverse la membrane de la prothèse, ce qui est un scénario plus rare.

Après une augmentation mammaire, un suivi médical indispensable

Une rupture intra-capsulaire n’est pas quelque chose de grave qu’il faut traiter en urgence. Mais elle doit être détectée à temps pour pouvoir changer les prothèses avant que cela ne se transforme en rupture extra-capsulaire et entraîne un épanchement important de gel, pouvant causer plusieurs réactions indésirables : modification de la forme du sein, douleurs, apparition de ganglions axillaires (au niveau de l’aisselle)...

Hormis la rupture, d'autres complications peuvent survenir après la pose d'implants - et parfois nécessiter un retour au bloc opératoire : infection, kystes épidermiques, cytostéatonécrose (une nécrose partielle de la glande et de la graisse mammaire), formation d'une coque fibreuse périprothétique (aussi appelée contracture capsulaire, il s'agit d'une réaction du corps contre la prothèse), mauvais positionnement de la prothèse.

Pour éviter toute complication, un suivi médical régulier réalisé par son chirurgien plasticien ou son gynécologue est absolument indispensable. La bonne fréquence ? "Tous les 3 ans pour les jeunes femmes et tous les ans au-delà de 40 ans", conseille le Dr Bergeret-Galley.

La surveillance de base des prothèses mammaires consiste en un examen clinique, c'est-à-dire de la palpation des seins et des creux axillaires. Mais la rupture intra-capsulaire étant asymptomatique, il est conseillé d’effectuer également une échographie, une mammographie ou un IRM si besoin. À la moindre gêne, et à partir d'une certaine ancienneté des prothèses, ces examens doivent être systématiques.

Un suivi médical régulier est d’autant plus important que la durée de vie des prothèses mammaires dépend de nombreux paramètres : tolérance du corps vis-à-vis des prothèses, mode de vie, antécédents médicaux… Selon le Ministère de la Santé et de la Prévention, le délai moyen d’apparition des ruptures déclarées est de 7,6 ans. "Mais il y a des femmes qui gardent leur prothèses 20 ans, et d’autres qui vont les garder 5 ans, 8 ans, 10 ans… Il n’y a pas de règles fixes", précise l'experte.

Quoi qu’il en soit, les prothèses mammaires doivent être changées au bout d’un certain temps. Ce qui implique de se refaire opérer, et de remettre la main au porte-monnaie. Dans le cas d’une reconstruction mammaire après un cancer du sein, le changement des prothèses peut être entièrement pris en charge par l’Assurance maladie.

Les implants mammaires augmentent-ils le risque de cancer du sein ?

La Présidente de la SOFCEP rappelle que la pose de prothèses mammaires n’augmente en aucun cas le risque de développer un cancer du sein. Les prothèses mammaires n’empêchent pas non plus de réaliser des mammographies, mais il est cependant indispensable de prévenir les radiologues, car cela peut altérer la lecture de la radiographie ou fragiliser la prothèse.

En revanche, un lien a été démontré entre certains implants mammaires texturés et une forme rare de lymphome non hodgkinien, soit le lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire (LAGC-AIM). Autrement dit, un cancer du système lymphatique. En avril 2019, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a pris la décision, par mesure de précaution, de retirer du marché certains implants macrotexturés et en polyuréthane afin de réduire l’exposition des femmes au risque de LAGC-AIM qui reste un risque rare mais grave. Compte tenu de la rareté de ce risque, l’ANSM ne recommande pas d’explantation préventive pour les femmes porteuses de ces implants.

Vous l’aurez donc compris : la pose de prothèses mammaires n’est pas anodine. Si elle peut faire des miracles et s’impose souvent comme une évidence dans le cadre d’une reconstruction, elle doit être mûrement réfléchie quand elle est à visée esthétique. Enfin, elle ne doit jamais être considérée comme quelque chose de définitif, qui se garderait "à vie" et ne nécessiterait aucune surveillance.

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