Chirurgie esthétique : tout savoir sur l'augmentation mammaire

Par Désirée de Lamarzelle
augmentation mammaire
Principale demande parmi les interventions chirurgicales du sein, l'augmentation mammaire reste en terme de taille assez raisonnable en France (contrairement aux USA). Interview et explications sur le déroulement d'une consultation.

Désirée de  Lamarzelle : Comment se passe le premier rendez-vous pour une augmentation mammaire ?

Dr Eric Auclair : Le premier rendez-vous est un rendez-vous de contact au cours duquel on apprécie la demande de la patiente, l’examiner pour savoir si elle est justifiée. On évalue également le contexte psychologique pour savoir si la patiente est en bonne condition psychologique de manière à pouvoir affronter le choc opératoire (une intervention est toujours quelque chose de lourd même si des progrès considérables ont été établis). 

On fait des examens et on se renseigne aussi sur les antécédents médicaux de la famille pour savoir s’il n’y a pas de cancer du sein, des problèmes de kystes ou encore le nombre de grossesse. On étudie également la requête de la patiente, au niveau de la forme et du bonnet souhaités par exemple. On examine ensuite, plus techniquement, ce qu’il y a faire et quelle technique utiliser. On explique à la patiente les cicatrices qui vont résulter de cette intervention, avec photos et divers exemples à l’appui.

Après avoir définit le projet on fait un examen clinique, on prend les mesures du sein, on évalue l’épaisseur des tissus qui vont recouvrir la prothèse si l’on utilise une prothèse, pour savoir s’il faut ou non, rajouter de la graisse. Puis, on fait des photos, ainsi qu’un devis, et on prend un second rendez-vous pour revoir la patiente. Pendant ce laps de temps, la patiente se doit de bien réfléchir à l’intervention, compte tenu des éléments apportés lors du premier rendez-vous. Si la patiente décide finalement de maintenir l’intervention, elle rappelle pour convenir d’une date opératoire. Avant la date de l’intervention, la patiente reviendra pour une deuxième consultation, au cours de laquelle nous rediscuterons de tout, afin de s’assurer une dernière fois de sa volonté.

Comment définir le volume à augmenter ?

Le volume de la prothèse se définit ensemble, dont le premier choix est de savoir si l’on utilise une prothèse ; idem pour le volume de graisse. Et s’il s’agit d’une technique composite, cela revient presque à faire du sur mesure. On définit aussi les cicatrices. Personnellement, je passe généralement par une cicatrice qui va sous le bras, de manière à ce que rien ne soit visible sur le sein. Mais il y a beaucoup d’autres cicatrices possibles (sur le mamelon ou sous le sein). Une fois que tous ces éléments ont été passés en revue, l’intervention est programmable.

Pour l’injection de graisse, où prenez-vous la graisse ?

Il y a plusieurs cas de figures. Si l’on utilise que de la graisse, il faut obtenir un litre de graisse par la liposuccion, donc il faut en avoir suffisamment. Dans ces cas-là, on est amené assez souvent à opérer plusieurs zones : la culotte de cheval, la face interne des cuisses, du ventre (ce que l’on appelle les bouées), les jambes, les bras. 

En quoi consiste l’acte chirurgical ?

C’est une intervention qui dure entre une et deux heures, sous anesthésie générale légère, puisqu’elle assistée d’une anesthésie locale. Il s’agit donc d’une opération courte. Elle peut se dérouler sans nuit à la clinique, sauf cas exceptionnels. Mais il est rare que les patientes passent une nuit à la clinique. Ce sont des interventions peu douloureuses, les suites opératoires sont simples : arrêt du sport pendant 3 à 4 semaines, un soutient gorge médical pendant 2 à 3 semaines pendant la période de cicatrisation, pour maintenir les seins qui ont été reconstruits, puis au bout d’un mois, un mois et demi, les patientes peuvent reprendre une vie tout à fait normale.

L’acte chirurgical, quel est-il pour chacune des interventions ?

L’augmentation mammaire, très fréquente, est la deuxième intervention de chirurgie plastique après la liposuccion. Nous avons trois techniques pour réaliser ce type d’intervention : la technique classique des prothèses, qui est extrêmement fiable ; puis, l’augmentation mammaire à l’aide de matière graisseuse, matière qui aura été purifiée après avoir été récupérée en liposuccion. Avec pour avantage l’absence de cicatrices et de corps étrangers mais avec pour inconvénient le fait d’être limité dans l’augmentation (un bonnet en général).

Enfin il y a la technique composite, qui est assez simple. Il s’agit en fait de composer avec les deux. On se sert d’une prothèse, plus petite, de manière à apporter de la projection et comme un noyau dans le nouveau sein, et après sa mise en place, on rajoute de la graisse sous la peau pour adoucir les contours. Les seins ont ainsi un aspect extrêmement naturel, visuellement lors des mouvements et également au toucher.  Une technique qui empêche la sensation de seins statiques, un peu artificiels. Un résultat qui est donc naturel.

Dans quel cas peut-on ne pas être satisfait et que fait-on dans ces cas-là ?

Il arrive que des patientes présentent des résultats insatisfaisants quelques années plus tard : quand la prothèse se déplace, quand il y a une coque, quand on voit la prothèse apparaitre à certains endroits, lorsque les prothèses sont asymétriques. Quand les prothèses présentent donc des défauts, avec la technique composite (le changement de prothèse), et avec la jonction de graisse, il est possible d’obtenir des résultats extrêmement satisfaisants. Avec les progrès qui ont été fait en matière de chirurgie, il devient très facile de récupérer des cas de chirurgie insatisfaisante.

Quels sont les cas où vous choisissez de ne pas intervenir ?

Dans certains cas, en chirurgie esthétique, on décide de ne pas opérer la patiente. D’abord parce que l’indication ne nous parait pas justifiée, la gêne indiquée par la patiente ne nous semble pas suffisante. Et parfois nous estimons que, psychologiquement, le terrain de la patiente n’est pas suffisamment solide pour affronter une intervention chirurgicale, avec les conséquences psychologiques qu’elle entraine. Des interventions comme celles-ci modifient l’aspect extérieur, ce qui peut entrainer, chez les personnes fragiles, des conséquences psychologiques graves. Dans ces cas-là, on demande à la patiente d’avoir une consultation psychologique pour s’assurer que l’on opère sur un terrain solide. Mais en chirurgie du sein, ce sont des cas relativement rares. Mais on peut se poser la question sur les patientes ayant déjà de la poitrine mais qui souhaite l’augmenter de manière importante. Ce dont je ne suis pas très partisan, car je considère que cela revient à partir d’une situation normale pour créer une situation pathologique, étant donné que l’on opère aussi les personnes qui ont de trop gros seins. C’est donc une situation que j’essaye de freiner chez les patientes.

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