Les conséquences du racisme sur la santé des personnes qui le subissent sont sous-estimées. 

Pourtant, une nouvelle étude, dont les premiers résultats ont été communiqués lors de la conférence internationale de The Alzheimer Association à San Diego - tenue du 31 juillet au 4 août 2022 - et relayés par plusieurs médias anglophones, dont The Independent suggère que les "personnes racisées seraient plus susceptibles de souffrir de maladies neurodégénératives".

"Le racisme et la discrimination n'ont pas seulement un impact immédiat sur les personnes issues de minorités ethniques, mais ils peuvent aussi avoir des conséquences durables sur la santé de leur cerveau, augmentant ainsi le risque de présenter des problèmes de mémoire et de réflexion”, à déclaré Dr Richard Oakley, directeur associé de la recherche à l'Alzheimer's Society.

Une étude antérieure, publiée dans la revue Diagnosis, Assessment & Disease Monitoring en juillet 2020 indiquait déjà que les personnes noires étaient plus exposées aux maladies neurodégénératives parce qu'elles avaient moins de chances de recevoir un diagnostic précoce, le racisme étant un "obstacle à l'accès aux soins".

Le racisme fragilise la mémoire à long terme

Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont mené deux expériences pendant une année.

La première étude, conduite par la Columbia University (New York), portait sur un échantillon de 942 personnes. Parmi elles, 50 % étaient latino-américaines, 23 % noires et 19 % blanches.

Résultat, les participants.es déclarant avoir déjà souffert du racisme obtenaient de moins bons résultats aux tests de mémoire. Les chercheurs ont alors constaté que "le racisme était lié, à plusieurs niveaux, à la cognition", comme le rapporte Fox9.

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D'après les auteurs de l'étude "l'expérience du racisme fragilise un type de mémoire à long terme qui implique les souvenirs d'événements”.

Des discriminations qui abîment la mémoire sémantique

Dans la seconde étude, menée par l'Université de Californie, il a été question d’examiner les expériences discriminatoires de 445 participants.es asiatiques, noirs.es, latinos, blanc.hes âgés.es de plus de 90 ans.

Les résultats ont ainsi montré que celles.ceux qui y avaient été confronté.es avaient davantage de difficultés à s’exprimer

"Le groupe de participants non-blancs a montré une mémoire sémantique ("elle concerne la connaissance du monde et inclut le sens des mots, les connaissances de style encyclopédiques, les règles et des concepts qui permettent la construction d'une représentation mentale du monde sans la perception immédiate", illustre PsychoMedia) 'significativement pire' que le groupe blanc", rapporte Fox9.

Lutter contre un "accès limité aux soins et des politiques de santé trop neutres"

Les scientifiques alertent : "les discriminations liées à la couleur de peau laissent des traces indélébiles sur la santé cognitive".

Pour Dr Shekinah Fashaw-Walters de l'Université du Minnesota, citée par Fox9, ces conséquences s'expliquent par "un accès réduit aux soins et des politiques de santé neutres qui ne prennent pas en compte le coût direct des discriminations sur la santé, mentale et physique, des personnes qui en sont victimes". 

Pour Dr Fashaw-Walter, il y a urgence. "Ce que nous montrons, c'est que le racisme a des effets néfastes sur le corps. Et ces effets peuvent se faire sentir très tôt et se poursuivre plus tard dans la vie. Ce sont des déclins cognitifs que nous pourrions très bien lier à la maladie d'Alzheimer", assure-t-elle. 

Dr Rosa Sancho, responsable de la recherche à Alzheimer's Research UK, a, quant à elle, expliqué à The Independent que des études plus importantes étaient nécessaires pour définir la manière dont le racisme affecte le système nerveux. 

"L'étude n'a suivi les personnes que pendant un an, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions claires sur le risque de développer, ultérieurement, une démence”, prévient-elle.