"Le nombre de personnes souffrant de démence a pu être estimé à 1 200 000 en 2014 en France", rappelle Santé Publique France, avant de préciser que "24 000 personnes de moins de 65 ans sont atteintes de démence" dans l'Hexagone. 

Si de nombreux points d'interrogation entourent les maladies neurodégénératives, la recherche s'attelle à prévenir leur développement. Et selon plusieurs travaux de recherche, l'activité physique régulière serait bénéfique à la santé de notre cerveau. 

Une étude publiée en janvier 2022 dans la revue Alzheimer’s & Dementia: The Journal of the Alzheimer’s Association, avait ainsi révélé que 150 minutes par semaine d'activité physique pouvait "ralentir l'apparition des symptômes chez les personnes âgées actives, dont le cerveau présentait déjà des caractéristiques de la maladie d'Alzheimer ou de maladies cognitives".

Mais de nouveaux travaux de recherche, parus le 6 septembre 2022 dans la revue scientifique JAMA Neurology, arguent qu’il faudrait "seulement marcher entre 3 800 et 9 800 pas par jour" pour réduire le risque de déclin cognitif.

Établir un lien entre l'activité physique et le risque de démence

Pour mener ces recherches, les scientifiques ont analysé les données de plus de 78 000 personnes âgées de 40 à 79 ans, dotées d'un accéléromètre au poignet pendant sept ans.

Les chercheurs.es ont ensuite compté le nombre total de pas par jour de chaque participant.e, puis les ont classés en deux catégories : ceux qui faisaient moins de 40 pas par minute, ce qui correspond plutôt à une marche à l'allure naturelle, comme lorsque vous vous déplacez d'une pièce à l'autre, et ceux qui faisaient plus de 40 pas par minute, ce que les auteurs de l'étude qualifient de marche "volontaire".

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Afin d’avoir des résultats plus précis, les chercheurs.ses ont isolé les résultats des personnes "les plus performantes", c'est-à-dire celles.ceux qui ont fait le plus grand nombre de pas en 30 minutes au cours d'une journée.

D’autres données comme le régime alimentaire, le tabagisme, la consommation d'alcool, les troubles du sommeil et les antécédents de maladies cardiovasculaires ont également été pris en compte.

Faire 9 826 pas par jour diminue de 50 % les risques de développer une maladie neurodégénérative

Ainsi, les résultats ont montré que les personnes âgées de 40 à 79 ans qui faisaient 9 826 pas par jour avaient 50 % moins de risques de développer une maladie neurodégénérative dans les sept ans. En outre, les personnes qui marchaient avec "détermination" - à un rythme supérieur à 40 pas par minute - réduisaient ce risque de 57 %, avec seulement 6 315 pas par jour.

Enfin, chez les personnes qui marchaient environ 3 800 pas par jour, quelle que soit leur vitesse, réduisaient leur risque de démence de 25 %.

"C'est un rythme qui serait suffisant, au début, pour les personnes sédentaires", précise  Dr Borja del Pozo Cruz dans son étude. "C'est une indication que les médecins pourraient utiliser pour motiver les personnes âgées très sédentaires - 4000 pas par jour, c'est faisable pour beaucoup, même ceux qui sont moins en forme ou qui ne se sentent pas très motivés”, a-t-il ajouté. 

Les bénéfices, sur notre cerveau, d’une marche à un rythme soutenu

Selon l'étude, la plus forte réduction du risque de déclin cognitif - 62 % - a été obtenue par les personnes qui marchaient à un rythme très soutenu de 112 pas par minute pendant 30 minutes par jour.

Les chercheur.ses notent que nous devrions donc nous concentrer sur le rythme de marche plutôt que sur la distance parcourue.

"Notre point de vue est que l'intensité des pas compte ! Plus que le volume. La technologie pourrait être utilisée pour suivre non seulement le nombre de pas, mais aussi le rythme, de sorte que ces types de mesures puissent également être intégrés dans les montres connectées”, écrit Dr Borja del Pozo Cruz. 

Des résultats qui restent à confirmer 

Si les auteurs de l'étude se félicitent d'une "avancée majeure", ils soulignent toutefois qu’il ne s'agit que d'une étude d'observation, qui ne permet pas d'établir un lien de cause à effet clair.

"Comme il y a souvent des retards considérables dans le diagnostic de la démence et que cette étude ne comporte pas d'évaluations cliniques et cognitives formelles de la démence, il est possible que la prévalence de la démence dans la communauté soit beaucoup plus élevée", peut-on lire dans l'étude. 

Toutefois, les scientifiques soulignent que "les preuves croissantes des avantages de l'activité physique pour le maintien d'une santé cérébrale optimale ne peuvent plus être ignorées. Il est temps que l'inactivité physique soit traitée comme un danger pour la santé, notamment lors des visites de routine pour les personnes âgées", concluent-ils.