Esthétique mythique pour film légendaire. Sorti sur les écrans en 1969, La Piscine de Jacques Deray appartient à cette famille de films cultes du cinéma français. Cette réputation dithyrambique, ce classique ne le doit pas seulement à son casting culte... En arrière-plan des aléas du cœur de ses acteurs, La Piscine ausculte le cœur du design de l’époque. Un design pop et avant-gardiste, surpiqué de pièces 100 % made in Provence. Une esthétique qui a imprégné l’imaginaire collectif et qui continue d’inspirer les créateurs d’aujourd’hui. Pour preuve, il y a quelques semaines, Simon Porte Jacquemus a dévoilé sa première collection dédiée à la maison : une réinterprétation de l’iconique ligne Locus Solus, imaginée au milieu des années 60 par Gaetana Aulenti... et démocratisée grâce à La Piscine.
Un décor culte pour film iconique
Rediffusion télé et feeds Instagram comme Pinterest viennent régulièrement confirmé le statut iconique de ce film avec Alain Delon et Romy Schneider. Le mythe de la belle saison vécue sur les hauteurs de Saint-Tropez où se mêlent chant des cigales, clapotis de l'eau azuré et peaux bronzés, n’a pas pris une ride. Et pour cause, dans ce huit-clos qui a pour théâtre une villa typique du Sud de la France - destination éternellement prisée - tout paraît esthétiquement parfait. Des acteurs, au lieu de tournage en passant, une fois n’est pas coutume, par le mobilier tout concorde vers le sans faute. Si le casting a souvent été qualifié de « casting de rêve » à juste titre, la scénographie des lieux peut elle aussi prétendre à une série de superlatifs.
Chéri des cinéphiles, ce film culte tourné en plein été 68 l’est aussi des amateurs de design. A l’écran, ce n’est pas seulement l’amour passionnel d’un ancien couple de stars des sixties que l’on scrute en éternels voyeurs que nous sommes. C’est aussi la crème de la crème du design de la décennie 60 qui défile sous nos yeux pendant plus de deux heures. Des pièces avant-gardistes soigneusement exposées dans une villa d’été à l’architecture vernaculaire, c’est le petit tour de génie de Paul Lafargue en charge des décors du film. Des pièces du quotidien qui illustrent un temps fort de l'univers du design.
Gae Aulenti, Roger Tallon, Ingo Maurer au casting déco de La Piscine
Au mobilier traditionnel de Provence se greffe sur le plateau de tournage une série de pièces au destin de légende signées par des designers que les décennies suivantes vont sacrer comme les meilleurs de leur génération, des créatifs dingues de technicité, surpiquée de fantaisie.
Côté piscine, Jane Birkin se prélasse dans un fauteuil suspendu en rotin typique de l’ère seventies ou sur un grand transat matelassé du maître Roger Tallon. Les tables basses outdoor sont en plastique transparent et la troublante troupe formée par Delon, Schneider, Birkin et Ronet profite de l’apéro autour d’un salon de jardin jaune pop tout en courbes, le Locus Solus de l'italienne Gae Aulenti.
A l’intérieur, le contraste des genres fait bon genre : des accessoires déco métalliques ou transparents, caractéristiques des prouesses techniques de la décennie, côtoient des meubles rustiques comme la grande table de ferme en bois où les protagonistes se toisent en silence lors d’un dîner. En journée comme en soirée, le quatuor écoute des vinyles cerné de luminaires cultes à commencer par la lampe Bulb de Ingo Maurer. Les nuances claires, typiques des maisons d’été du Sud de la France, ponctuent les murs et les canapés, le tout réveillé par des accessoires aux couleurs pop, jaune moutarde et orange en tête, témoins de l’air du temps et de ses envies de changement.
Jusque dans ses détails, le film retranscrit les espaces domestiques de l’époque en employant plateaux en osier, couverts en bambou, verre coloré, pichet ambré, service en grès… Bref, une vraie mine d'or pour les amateurs d’intérieur vintage avec supplément d’âme. Indoor comme outdoor, les protagonistes de ce scénario bien rodé déambulent avec une grâce inégalée dans un décor mêlant anciens et modernes, matériaux authentiques et plus techniques, formes consensuelles et courbes plus osées. Un joyeux bazar où il est permis de faire la grasse matinée, mettre les pieds sur le canapé blanc comme d’improviser une fête avec des inconnus, en un mot : la maison de vacances rêvée, où il fait bon vivre et se laisser aller.
Pièces cultes de l'époque ou nouveau mobilier aux inspirations sixties, découvrez quelques meubles et objets déco capables de convoquer le style indémodable de la maison de vacances de La Piscine.