Pain maison
Pendant le confinement, elle n'a cessé d'expérimenter différents types de pain, des pâtes à pizza, des focaccias. Nouvelle tocade bobo arty ? Il y a de cela mais ce serait réducteur.
L'autonomie alimentaire plébiscitée par 93% des Français
En creux, on peut tout lire dans cette miche de pain au levain naturel : notre besoin de transparence, notre envie d'être acteur de notre alimentation, le sentiment d'être utile, le retour à la terre. Une métaphore parfaite du changement de paradigme qui s'est imposé avec le Covid. "Il faut sortir du récit majoritaire qui repose sur l'idée que pour exister, il faut produire et consommer."
Il y aura une Politique agricole commune (Pac) à réformer, des investissements à mettre en œuvre dans les microfermes, les projets de permaculture. Mais il y a déjà toutes ces initiatives individuelles qui contribuent au collectif : un James Henry, chef parisien ultra-lancé (ex-restaurant Bones), qui s'est installé dans le Vexin pour gagner son autonomie agricole grâce à des terres cultivées en permaculture. Sa Ferme (et restaurant) du Doyenné ouvrira bientôt ses portes.
Il y a les circuits courts, les paniers paysans, les semenciers paysans, les seuls à fournir des graines qui œuvrent pour la biodiversité, Kokopelli et la Ferme de Sainte-Marthe, en tête, dont les ventes de graines de tomates Barbaniaka entre autres n'ont cessé d'augmenter.
Il y a le poisson en vente directe, comme le pratique Emmanuelle Marie de La petite Laura, pêcheuse dans le Cotentin, qui vend à Paris toutes les semaines le plus vertueux de ce que la Manche peut offrir. Il y a Julia Sammut, de l'Épicerie L'Idéal à Marseille, qui depuis le confinement vend des produits frais, du vrac : "Ça me rend tellement heureuse de faire ça, de proposer des pois chiches merveilleux au kilo, du porc Mangalica de Bonnieux, la semaine prochaine j'ai un pêcheur qui me livre."
Bien sûr, ceci ne règle pas une fracture alimentaire qui n'en est que plus cinglante : encore faut-il savoir, encore faut-il pouvoir. L'autonomie alimentaire, le droit, non plus seulement à l'alimentation, mais au bien-manger, doivent être les priorités. Car jamais cette phrase de Brillat-Savarin n'aura eu autant de pertinence : "La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent."