Dans la vie, Ann, héroïne de La vie selon Ann de Joanna Arnow, en salle ce mercredi 8 mai 2024, est une "soumise". Cela signifie qu'elle fréquente des hommes rencontrés sur des sites pour vivre ses fantasmes – sans pour autant rencontrer l'amour. Et c'est bien là tout le problème.

Une réflexion sur la sexualité

 Est-il possible d'associer une sexualité SM à une vie "normale", une relation classique avec un garçon ? Peut-on être soumise sans se sentir rabaissée ? L'actrice-réalisatrice pose la question.

Une énergie punk

Vidéo du jour

Dans cette succession de rites sexuels, mêlés à des scènes au travail dans une entreprise déshumanisée, comme une alternance de tableaux, l'actrice se met en scène à nu, armée d'un humour trash, sarcastique et ravageur. Un peu comme un film porno sans sexe, qui serait filmé avec la même absurdité par le cinéaste islandais Aki Kaurismäki. C'est génial, minimaliste et désespéré.

Une héroïne troublante

Joanna Arnow dynamite les codes de la féminité, dans un nouveau monde qui prône l'émancipation des femmes mais, s'il devenait trop dogmatique, prendrait le risque de les enfermer dans un modèle vertueux. Ainsi, comment assumer une sexualité SM à l'ère post #MeToo ? Ann est un anti-modèle qui s'assume comme tel. Son équation existentielle est aussi insoluble que passionnante.

De et avec Joanna Arnow, et aussi Scott Cohen, Babak Tafti... En salle.

Cette critique a été initialement publiée dans le magazine Marie Claire numéro 861, daté juin 2024.