La Cour suprême américaine a offert un petit sursis aux États qui refusent l'interdiction de la pilule abortive sur leur territoire. Ce 14 avril 2023, l'instance a suspendu la décision prise par un juge fédéral, le 7 avril 2023, de restreindre l'accès à la pilule abortive Mifépristone (RU 486) sur l'ensemble du territoire américain. Les deux camps ont désormais jusqu'au mercredi 19 avril 2023 à minuit – heure locale – pour présenter leurs différents arguments.

Un jugement qui vient contrarier celui de la cour d'appel

Ce mercredi 12 avril 2023, une cour d'appel américaine avait d'ores et déjà rétabli l'accès à la pilule abortive, mais dans des conditions nettement plus restrictives. Saisie par le gouvernement Biden, la cour d'appel fédérale située en Louisiane avait autorisé l'accès à la pilule RU 486 dans les États où les avortements restent légaux, mais sous certaines conditions, comme sa limitation aux sept premières semaines de grossesse - contre dix jusqu'alors - ou l'obligation de consulter à trois reprises un médecin.

A la suite de cette décision, l'administration Biden avait décidé de saisir en urgence la Cour suprême, avant que les restrictions décidées ne soient mises en place, dans la nuit de vendredi 14 à samedi 15 avril. La haute instance a donc pris une décision de dernière minute en suspendant toutes les restrictions jusqu'au mercredi suivant, date à laquelle elle se penchera à nouveau sur l'épineux dossier.

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Une interdiction qui met des millions de personnes en danger

Le 7 avril 2023, le magistrat ultraconservateur texan Matthew Kacsmaryk, a retiré l'autorisation de mise sur le marché de la Mifépristone, aussi appelée RU 486, pilule abortive agréée depuis plus de 20 ans et utilisée chaque année par un demi-million d'Américaines dans le cadre d'IVG médicamenteuses. Une décision qui concerne l'ensemble des États-Unis, et qui avait entraîné une levée de boucliers.

Le procureur général Merrick Garland avait affirmé son "profond désaccord" face à cette décision, et sa volonté de "faire appel et de demander un sursis". Une ligne de conduite suivie par de nombreux membres du gouvernement, et par le président américain Joe Biden lui-même. Depuis l'annonce, plusieurs États américains ont effectué des stocks de Mifépristone au cas où les restrictions seraient définitivement adoptées.

Dans les États où l’avortement reste légal, si l’accès à la Mifépristone venait à être restreint, les femmes auraient encore l’option d’un avortement par aspiration : une procédure plus lourde, nécessitant de se rendre dans une clinique. Certains médecins envisagent toutefois de continuer à proposer des avortements médicamenteux en utilisant seulement le deuxième cachet, le Misoprostol. Un protocole ayant toutefois un taux d’efficacité plus faible et davantage d’effets secondaires. Prochaine décision à suivre dans la nuit du 19 au 20 avril 2023.