Un pas en arrière de plus pour le droit à l'avortement aux États-Unis. Ce vendredi 7 avril 2023, le magistrat ultraconservateur texan Matthew Kacsmaryk, a retiré l'autorisation de mise sur le marché de la mifépristone, aussi appelée RU 486, pilule abortive agréée depuis plus de 20 ans et utilisée chaque année par un demi-million d'Américaines dans le cadre d'IVG médicamenteuses. Une décision qui concerne l'ensemble des États-Unis. Cette pilule abortive s'utilise en combinaison avec un autre cachet, le misoprostol.

Une décision encore incertaine

Dix mois après l'arrêt historique de la Cour suprême qui laisse chaque État américain choisir d'autoriser ou non les interruptions volontaires de grossesse sur leur sol, c'est une nouvelle victoire pour les opposants à l'avortement, mais un coup dur pour le droit des personnes à disposer de leur corps. La décision du juge Matthew Kacsmaryk devrait entrer en application dans une semaine, le 14 avril 2023. Mais elle pourrait encore être annulée.

En effet, ce vendredi 7 avril 2023, un juge fédéral de l’État de Washington a jugé que l'autorisation de mise sur le marché de la mifépristone (RU 486) ne pouvait être retirée dans les 17 États démocrates qui l'avaient saisi. La Cour suprême devra donc trancher. Dans un communiqué, le ministre Merrick Garland a en effet affirmé que "le ministère de la Justice est en profond désaccord" avec cette décision, et qu'il compte "faire appel et demander un sursis en attendant".

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Le planning familial dénonce une décision "profondément préjudiciable"

Le président des États-Unis a rapidement réagi à cette décision venue du Texas, connu pour être l'un des états les plus conservateurs et les plus opposés au droit à l'avortement. Joe Biden s'est dit déterminé à "combattre" ce qu'il qualifie de "tentative sans précédent de priver les femmes de libertés fondamentales". Kamala Harris, vice-présidente des Etats-Unis, a quant à elle dénoncé "une décision sans précédent qui menace les droits des femmes dans tous le pays."

Pour justifier sa décision, le juge Kacsmaryk reprend la plupart des arguments figurant dans la plainte déposée en novembre 2022 par une coalition de médecins et d'organisations hostiles à l'avortement contre l'Agence américaine du médicament (FDA). Il cite notamment des études sur les risques imputés à la RU 486, même si ces derniers sont qualifiés de "négligeables" par la majorité de la communauté scientifique mondiale. Le juge s'en prend également à la FDA, affirmant : "Il y a des preuves indiquant que la FDA a fait face à d'intenses pressions politiques pour renoncer à ses précautions de sécurité afin de promouvoir l'objectif politique d'élargir l'accès à l'avortement."

Dans un communiqué, la présidente de l'organisation de planning familial Planned Parenthood Alexis McGill Johnson affirme : "C'est du jamais-vu et c'est profondément préjudiciable. Nous devrions tous être révoltés qu'un juge puisse unilatéralement rejeter les preuves médicales." Elle souligne par ailleurs que cette décision a des conséquences qui vont "bien au-delà de l'avortement". En effet, aux États-Unis, la mifépristone est également approuvée pour traiter le syndrome de Cushing, une maladie endocrinienne caractérisée par un excès de sécrétion de cortisol par les glandes surrénales. Mais également pour le traitement de la dépression psychotique.