Covid-19 : voici la raison qui expliquerait la perte d'odorat persistante

covid odorat
Une récente étude américaine montre de quelle façon l’attaque immunitaire des cellules nerveuses olfactives prive d’odorat certains malades pendant des mois. Moduler la réponse immunitaire pourrait alors sans doute permettre d’y remédier.

Identifiée très tôt dans la pandémie comme symptôme clé de la Covid-19, la perte d’odorat - ou anosmie - gâche la vie d’encore bien des anciens malades, pourtant contaminés des dizaines de mois auparavant. En parallèle, les scientifiques ne faiblissent pas pour tenter d’expliquer les mécanismes de ce signe si caractéristique.

Au travers d’une étude publiée le 21 décembre 2022 dans la revue Science Translational Medicine, des chercheurs des universités de Duke, Harvard et de Californie-San Diego (États-Unis) détaillent leur hypothèse. D’après leurs recherches, la perte d’odorat persistante pourrait être induite par une inflammation de l'épithélium olfactif, le tissu dans le nez où se logent les cellules nerveuses de l'odorat.

"Nous espérons que la modulation de la réponse immunitaire anormale ou des processus de réparation dans le nez de ces patients pourrait aider à restaurer au moins partiellement l'odorat", a déclaré l'auteur principal Bradley Goldstein, professeur agrégé au Département de chirurgie de la tête et du cou et des sciences de la communication de Duke et du Département de neurobiologie, dans un communiqué.

Une attaque immunitaire des cellules nerveuses du nez

Comme l’indiquent les chercheur.euse.s en préambule, si l’on sait aujourd’hui mieux expliquer l'anosmie aiguë qui survient au moment de l’infection, on sait moins déterminer les causes d’une perte d’odorat persistante sur plusieurs mois, voire années chez les patient.e.s atteint.e.s de Covid long. 

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Pour s'emparer de la question, les scientifiques de l’étude publiée en décembre dernier ont étudié les épithéliaux olfactifs - dont la fonction principale est la détection des molécules odorantes dans la cavité nasale - issus de 24 biopsies. Neuf des patient.e.s prélevés présentaient une anosmie persistante. 

C’est ainsi qu’ils ont découvert que des lymphocytes T - des cellules immunitaires tueuses de pathogènes - s’étaient massivement infiltré dans l'épithélium olfactif, occasionnant une inflammation et une diminution du nombre de neurones sensoriels olfactifs. "Cela ressemble presque à une sorte de processus de type auto-immun dans le nez", a commenté le Pr Goldstein. 

Une piste prometteuse pour rétablir l’odorat

Un phénomène aussi bien remarquable des mois après l’infection, malgré l’absence totale d’ARN ou de protéine propre au virus. "Ces résultats indiquent que l'inflammation par les lymphocytes T persiste dans l'épithélium olfactif longtemps après l'élimination du SRAS-CoV-2 des tissus, suggérant un mécanisme de perte d'odeur post-Covid-19 à long terme", concluent les auteurs de l’étude. 

Frappants selon le Pr Goldstein, ces résultats sont également encourageants. Car le fait de pouvoir situer les sites endommagés par l’inflammation et les cellules impliquées pourrait ouvrir la voie vers la conception de traitements adaptés. D’autant que, d’après leurs observations, les neurones semblaient conserver "une certaine capacité à se réparer, même après l'assaut immunitaire à long terme".

Réalisée sur un nombre très réduit de patient.e.s, cette étude doit toutefois être appuyée par des recherches ultérieures. 

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