Elle n'était pas censée régner. L'abdication de son oncle Edouard VIII en 1936 en aura décidé autrement. Après la mort de son père le roi George VIElizabeth II deviendra la sixième femme à monter sur le trône de l’Empire britannique, et la première depuis la reine Victoria en 1901.

Lorsque ce dernier meurt le 6 février 1952, elle est en voyage au Kenya avec son mari, le prince Philip. Voilà qu'elle est, instantanément, la nouvelle reine du Royaume-Uni et du Commonwealth, à l’âge de 26 ans.

Son couronnement n’aura pourtant lieu que 15 mois plus tard, le 2 juin 1953, à l'abbaye de Westminster à Londres. Une journée marquée par les traditions, mais aussi par des décisions novatrices d'une jeune reine.

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Un couronnement de six heures diffusé en direct à la télévision

Le couronnement de la reine Elizabeth II est le premier à avoir été diffusé en entier et en direct à la télévision, et ce malgré l'avis défavorable du Premier ministre, Winston Churchill.

Elizabeth II, qui s'entend pourtant très bien avec ce dernier, qu'elle considère comme un mentor, n'écoute pas ses conseils à ce sujet et insiste pour que l'événement se déroule devant les caméras.

À l’époque, moins d’un tiers de la population britannique possède un poste de télévision. Mais à l’annonce de la diffusion en live du couronnement, nombre d'entre eux se sont empressés d'acheter ou de louer un téléviseur pour l’événement.

Le jour J, les sujets de Sa Majesté s'entassent dans les salons, les cinémas et les salles de concert pour suivre la retransmission qui durera six heures.

Un pari gagnant pour la nouvelle souveraine, puisque près de 20 millions de Britanniques - soit 40 % de la population à l'époque - suivent la cérémonie sur le petit écran, en noir et blanc, sur la BBC.

Outre-Manche, la télévision devient alors un véritable phénomène de société.

L'événement majeur est retransmis dans quatre autres pays : la France, la Belgique, les Pays-Bas, et l'Allemagne. "Afin de sensibiliser l'opinion, des émissions en direct de Londres ont été transmises pendant les quatre jours précédant le couronnement", rembobine le site Lumni enseignement.

L'audience télévisuelle mondiale du couronnement est estimée à 277 millions de téléspectateurs. L'enregistrement du film sera aussi envoyé dans les heures qui suivent le direct par avion dans d'autres pays, notamment aux Canada et aux États-Unis.

Depuis, d’autres grands événements liés à la famille royale britannique ont été filmés et suivis dans le monde entier. Le mariage de Lady Diana et du prince Charles a récolté une audience d’environ 750 millions de téléspectateurs dans le monde, celui du prince William et de Kate Middleton, près de 2 milliards de téléspectateurs, tout comme le mariage du prince Harry et de Meghan Markle en 2018.

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Un défilé gigantesque dans les rues de Londres

PA Photos/ABACA

À 10h15, ce 2 juin 1953, Elizabeth II quitte Buckingham Palace direction l’abbaye de Westminster dans un carrosse doré, semblable à celui que l'on peut voir dans les contes de fées.

À ses côtés se trouve son époux le prince Philip, duc d'Edimbourg. Ce dernier est très exactement Prince consort, d'après le titre donné à l'époux du souverain dans certaines monarchies, lesquelles autorisent notamment les femmes à monter sur le trône.

Plus de 2.000 journalistes et 500 photographes de 92 pays sont postés sur son trajet. Plus de 3 millions de britanniques sont dans les rues de Londres. Des milliers de vaillants spectateurs ont même passé la nuit sur place, malgré la pluie, afin de se garantir une place au plus proche du convoi royal.

Le cortège royal qui escorte la reine le jour du couronnement est composé de la Brigade des gardes, des contingents des forces armées des nations du Commonwealth, mais aussi des carrosses transportant les chefs d'État et les têtes couronnées.

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Le couronnement à l'abbaye de Westminster

PA Photos/ABACA

Arrivée devant l'abbaye à 11 heures, elle découvre une foule compacte venue l'apercevoir. À l'intérieur, ils sont plus de 8 000 invités à l'attendre : des membres de la famille royale évidemment, d'autres du gotha international, mais aussi, des chefs d'État, des membres du gouvernement britannique...

Entre les invités se glissent pas loin de trente cameramen, filmant de l’intérieur tout le sacrement.

La cérémonie religieuse, qui a nécessité 15 jours de répétitions, débute au moment où Elizabeth II entre. À la fin, elle sera sacrée reine.

Devant l’autel, la reine prononce le serment du couronnement, promettant de rendre ses jugements selon la loi et la justice, de défendre la religion protestante et de protéger l’Église d’Angleterre, jurant aussi de gouverner chacun des pays dont elle a la responsabilité selon leurs lois et coutumes respectives.

Puis, assise sur la Chaise du couronnement, la Chaise du roi Edouard, elle reçoit l'onction de l'archevêque de Canterbury. Il lui remet ensuite les deux sceptres royaux, l'orbe et la cape. Il pose la couronne sur sa tête, avant que l'assemblée entonne le fameux : "God save the Queen."

Grand absent de l'événement : le roi abdicateur Edouard VIII, duc de Windsor et oncle d'Elizabeth II, fâché avec le clan depuis son refus de porter la couronne au profit de son histoire d'amour avec l'Américaine divorcée Wallis Simpson.

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La mythique apparition au balcon

PA Photos/ABACA

À la suite de la cérémonie religieuse, la reine Elizabeth II, officiellement couronnée, quitte l'abbaye dans son carrosse étincelant pour rejoindre le palais de Buckingham.

We want the Queen !

Sur le trajet, les millions de Britanniques s’exclament : "We want the Queen !" ("On veut la reine !", en français), en référence à la très attendue apparition au balcon de la nouvelle reine.

Accompagnée des membres de la famille royale, la reine Elizabeth II fait sa première apparition au balcon du palais de Buckingham en début d'après-midi, face à la foule venue l'acclamer.

Elle rentre ensuite pour assister au premier des deux banquets de couronnement auquel participent la famille, ainsi que les dignitaires des pays étrangers et du Commonwealth.

Au second banquet sera servi le fameux "Poulet du couronnement", une recette de poulet froid avec une sauce au curry concoctée spécialement pour l'occasion.

La reine apparaîtra une dernière fois au balcon du palais à minuit.

Vidéo du jour
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La robe d'Elizabeth II, ornée de symboles

World History Archive/ABACA

À cette occasion, la reine portait une robe de soie blanche signée Norman Hartnell, brodée avec les différents emblèmes floraux des nations du Commonwealth : la rose pour l'Angleterre, le chardon pour l'Écosse, la feuille d'érable pour le Canada, la fougère de Nouvelle-Zélande, la fleur de Lotus de Ceylan...

Un discret détail, qui sera une surprise pour la reine, est brodé par les couturières sur un côté de la robe : un minuscule trèfle à 4 feuilles, symbole porte-bonheur.

Sept demoiselles d’honneur soutenaient la longue traîne de la cape en velours pourpre d’une longueur de 5 mètres. On dit que la reine se serait entraîné à se mouvoir avec durant des semaines dans les couloirs du palais à l'aide de draps.

Après ce grand jour, la reine portera à nouveau la robe du couronnement six fois, rappelle le site officiel de la famille royale.

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Le "Gold State Coach", carrosse flamboyant mais inconfortable

PA Photos/ABACA

La famille royale possède plus d’une centaine de carrosses. Le plus prestigieux d’entre eux est le "Gold State Coach", long de 7 mètres et pesant 4 tonnes. C'est celui qui fut utilisé pour le couronnement d’Elizabeth II.

Orné de feuilles d’or et utilisé pour les couronnements de chaque monarque depuis Georges IV en 1821, le véhicule flamboyant est aussi très inconfortable, comme le confiait Elizabeth II dans un documentaire de la BBC, diffusé en janvier 2018.

Ce jour-là, le carrosse était tiré par huit chevaux. Un article rédigé par le secrétaire de presse de la reine, intitulé "50 faits sur le couronnement de la Reine" dévoile même les noms des équidés : Cunningham, Tovey, Noah, Tedder, Eisenhower, Snow White, Tipperary et McCreery.

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Les différentes couronnes de la reine Elizabeth II

PA Photos/ABACA

Le jour du couronnement, la reine ne portera pas une mais bien trois couronnes pour les différentes étapes de son sacre.

Pour son entrée dans l’abbaye de Westminster, elle porte un diadème d’apparat de George IV.

Vous ne pouvez pas baisser la tête pour lire votre discours, vous devez élever le texte sinon vous risquez de vous briser le cou.

Puis, c'est la couronne de Saint Édouard, un joyau orné de plus de 400 pierres précieuses et pesant deux kilos, qu'elle portera uniquement après avoir été officiellement sacrée reine.

Enfin, elle fait sa sortie avec la couronne impériale d'apparat, plus légère, ornée par le saphir des Stuart, le rubis du prince Noir et le mythique Cullinan II, un diamant de 300 carats.

Dans une documentaire diffusé sur la BBC, la reine avouait que cette couronne restait très lourde : "Vous ne pouvez pas baisser la tête pour lire votre discours, vous devez élever le texte sinon vous risquez de vous briser le cou", retranscrit BFMTV  

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Jackie Kennedy, invitée surprise du couronnement

Picture Alliance/DPA/ABACA

Avant d’être la First Lady au destin tragique, avant même d’épouser John Fitzgerald Kennedy, Jackie Bouvier - future Kennedy - était journaliste. Elle est chargée par le Times Herald de Washington de couvrir le couronnement de la reine.

Le Point raconte que le futur président des État-Unis l’attendait à son retour, avec une bague à l'aéroport. Trois mois plus tard, ils étaient mariés, et s’en suit l’histoire funeste de l’assassinat de son époux dix ans plus tard, 1963.

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L'ennui visible du prince Charles

PA Photos/ABACA

Elizabeth II était déjà mère de deux enfants à l’époque : le prince Charles et la princesse Anne, respectivement âgés de 4 ans et demi et 2 ans ce jour de couronnement.

La princesse, trop jeune pour assister à la longue cérémonie à l’abbaye, en a été dispensée.

Contrairement au prince Charles, héritier du trône, qui, lui, a été convié dans les règles : avec une invitation spéciale pour enfant peinte à la main, comme indique Paris Match.

Ce jour-là, il laisse à la presse et au monde une photo qui en dit long sur son appréciation du cérémonial. Pendant la très longue cérémonie de trois heures, on le voit entouré de sa grand-mère et de sa tante, l'air visiblement ennuyé, attendant sûrement impatiemment la fin de la cérémonie religieuse.

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