"Et là, il fourre sa langue dans ma bouche". Dans l'émission Complément d'enquête du 4 novembre, consacrée au potentiel candidat à la présidentielle Éric Zemmour, une femme, Anne, témoigne de l'agression sexuelle qu'elle aurait subi de sa part en 2005.

En avril et mai dernier, sept femmes ont accusé Éric Zemmour d'agressions sexuelles dans Médiapart. Deux d'entre elles ont témoigné dans l'émission diffusée sur France 2.

"Vous allez me remercier autrement"

À visage caché pour ne pas être reconnue sur les réseaux, la victime présumée raconte cette journée qu'elle a écrit et détaillée dans son journal intime à l'époque. En 2005, elle a 26 ans et Zemmour, 46 ans. Il est polémiste au Figaro. Magazine que la jeune femme rêve d'intégrer. Elle le contacte et il lui propose un café.

"Dès les premières minutes, il a relevé ma mèche sur mon visage. Il m'a dit que j'avais de beaux yeux, un beau sourire. Moi, j'étais hyper troublée. Mal", raconte Anne. Elle essaye de le repousser "gentiment", comme elle l'écrit dans son journal.

Il me dit 'Ah, mais vous allez me remercier autrement'

"Quand je me lève, il a réglé les cafés, et je lui dis 'Merci beaucoup pour le café'", enchaîne-t-elle. "En se levant, il me dit 'Ah, mais vous allez me remercier autrement', et là, il me fourre sa langue dans la bouche. C'est inattendu, dégoûtant, immonde. On sort du café, et il recommence en me disant au revoir."

"C'est comme ça que ça fonctionne dans le journalisme"

À la suite de cet épisode, Éric Zemmour la recontacte "assez vite" pour la revoir "et plus si affinités". Ce à quoi elle répond non. "Là je suis ferme. C'est peut-être plus facile parce que je suis par téléphone, mais je lui dis "non, après ce que vous avez fait, non'".

Le polémiste ne s'arrête pas là et lui rétorque qu'elle n'ira pas loin dans le métier. "Il me fait comprendre que c'est comme ça que ça fonctionne dans le journalisme", se souvient Anne. Selon son témoignage, Éric Zemmour insinue qu'elle ne fera pas grand chose si elle ne se "plie pas à un petit passage dans son lit".

Personne, ni moi ni mes amis, ne se rend compte de la gravité de l'acte. Personne.

Loin de l'ère #MeToo et des mouvements de libération de la parole, Anne n'envisage "absolument pas" de porter plainte, et n'a pas réellement conscience à l'époque d'avoir été victime d'une agression sexuelle.

"Personne, ni moi ni mes amis, ne se rend compte de la gravité de l'acte. Personne", souligne Anne.

Comme le précise l'émission, aucune des sept femmes l'accusant d'agressions sexuelles n'a pour le moment porté plainte. Les faits seraient en plus, pour la plupart, prescrits, échappant à une condamnation.

L'avocat d'Éric Zemmour défend quant à lui dans l'émission qu'il n'y a pas d'affaire : "Pas de plainte, des affirmations… comment voulez-vous répondre à cela ? Ça fait partie des attaques obligées : le sexisme, le racisme, l'extrémisme… tout cela ne tient pas, dans un moment de campagne politique".