Comment Vinted est-il devenu le premier vide-dressing en ligne de France ?

vinted premier site de vente en ligne
Fondée en 2008 en Lituanie, la start-up Vinted a conquis l’Hexagone en permettant la revente, simple et rapide, de vêtements et accessoires de seconde main. Focus sur une appli’ de mode au succès confirmé.

Ce n’est pas un scoop, ni même une nouveauté : les vide-dressings sont à la mode. À moins d’avoir vécu les 10 dernières années dans la Pampa argentine, vous savez qu’il est devenu monnaie courante de revendre vos fringues et accessoires d’occasion sur les internets et ainsi de grappiller quelques deniers en vous débarrassant de tout ce que vous n’avez plus envie de porter.

Vous faites peut-être même partie de ceux et celles qui passent leurs soirées et week-ends à shooter leurs ex-trophées vestimentaires dans un coin de leurs 35m2, à leur consacrer des annonces en lignes plus ou moins aguicheuses et à les expédier à l’autre bout de la France au détour d’un passage express au Mondial Relay de votre quartier. 

Immédiateté et bon marché

C’est du moins le cas de quelque 9,5 millions de personnes en France inscrites sur Vinted, le vide-dressing en ligne à la croissance exponentielle, tout droit venu de Lituanie en 2013. "J'adore cette appli' !" nous assure Marion, 28 ans, chef de projet en agence de publicité. "C’est facile, c’est rapide. Si tu veux répondre aux acheteurs, tu le fais. Si tu n’as pas envie, tu zappes. C’est toi qui imposes ton prix… C’est vraiment de l’argent ultra-facile." explique-t-elle. Et pour cause, avec 60% de clientes âgées entre 18 et 29 ans, Vinted a su séduire les jeunes générations en quête de modes de consommation à portée de smartphone, ringardisant au passage brocantes, vides dressings physiques ou encore sites de petites annonces façon Le Bon Coin.

Vinted a su séduire les jeunes générations en quête de modes de consommation à portée de smartphone.

Vidéo du jour

Mais ce n’est pas tout. La plateforme lituanienne fait aujourd'hui parmi des moins chères du marché et dispense ses utilisateurs de frais de vente."“La création d’annonces, la réalisation de ventes et le retrait de vos gains sur votre compte bancaire ne vous coûtent rien." explique Natacha Blanchard, directrice RP chez Vinted. Un principe attractif mis en place en 2016 qui, doublé d'un partenariat avec Mondial Relay, a permis de doper le nombre d’inscrits sur la plateforme.

Il suffit de déposer le colis dans un commerce partenaire, de le faire scanner et… de rentrer chez soi. Résultat ? 400 000 produits d’occasion sont mis en vente quotidiennement. Et on y trouve de tout. Robe de fêtes Sézane à 140€, short de sport Nike à 7€ ou mocassins Zara à 13€, Vinted puise sa force de frappe dans sa diversité. “J’achète toujours des trucs canons, souvent de marques, à 15€ max.” confirme Katia, 31 ans, directrice de communication dans l’hôtellerie. Là où certaines plateformes de revente exigent des pièces rares et des vêtements de créateurs, la start-up permet à Monsieur et Madame Tout-le-Monde de “Marie-Kondoïser” sa garde-robe, sans honte ni préjugés.

Le bonheur de la seconde main chez Vinted

“Notre mission est de faire de la mode de seconde main un premier choix” ajoute Natacha Blanchard. “Notre croissance s’oriente vers la promotion d’une approche plus durable de la mode afin de donner une seconde vie à ces vêtements.” Une stratégie dans l’air du temps, combinant les impératifs financiers et les préoccupations éco-friendly des usagers, tout en leur donnant parfois de nouvelles idées.

C’est le cas de Laura, 27 ans et fondatrice de la marque Louisette Vintage, pour qui Vinted a été l’occasion de créer sa propre petite entreprise sur fond d’esthétique rétro-kitsh. "Je chine des pièces d’occasion dans les friperies, les brocantes, je les lave, je les repasse et je les revend via Vinted à prix tout doux." explique cette Marseillaise d’adoption.

Résultat ? Six mois après avoir ouvert son compte Vinted, la jeune femme déclare expédier plus de 200 colis par mois et peut déjà diversifier son offre avec des objets de déco vintage, l’application ne se limitant pas aux seuls articles de mode. "Jamais, ça n’aurait été possible sans Vinted. Du moins, pas aussi facilement.” déclare Laura. Mais ce n’est pas l’avis que partagent tous les utilisateurs et utilisatrices de la plateforme.

Le manque de bonnes manières n'empêche certainement pas de faire de bonnes affaires.

Blocage de comptes intempestif, SAV peu conciliant, versement de gains tardif : en novembre 2018, Vinted traverse une crise sur fond de législation anti-contrefaçon. Bien que proposant des produits de luxe authentiques, certains vendeurs voient en effet leur compte bloqué, temporairement ou définitivement. Pourquoi ? Suite aux accusations parfois infondées ou abusives, d’acheteurs qui n’ont parfois simplement pas apprécié que leur offre de prix, en dessous de celui affiché, ne soit pas acceptée par le vendeur.

"Nous prenons des mesures pour supprimer des articles identifiés comme des potentielles contrefaçons (mais) nous avons également déployé notre propre système de mesures anti-contrefaçon qui évite qu'un signalement relevant d'une possible mauvaise foi n'agisse comme seul outil pour causer des "dommages" à nos vendeurs. Nous ne bloquons jamais les comptes de nos membres de manière automatique.” s’est défendue alors la marque, qui se doit chaque jour d’arbitrer des centaines de discordes aux origines douteuses.

Vinted, le Facebook de la mode ?

"L’un des points négatifs de Vinted, ce sont vraiment les gens qui te posent des questions débiles du genre : "C’est un vrai 37 ? Parce que j’ai un peu le pied large donc vous êtes sûrs que ça m’ira ?" raconte Marion. Conçu comme le "Facebook de la mode", le fonctionnement de Vinted est, en effet, basé sur les échanges directs entre ses membres (aussi appelés les “Vinties”) dans le but d’apporter une dimension communautaire à la plateforme. Une approche stratégique à double tranchant, les standards de communication n’étant pas (forcément) les mêmes pour tout le monde. Certains usagers ont même créé un compte Instagram satirique qui recense toutes les perles repérées parmi ces fameux échanges.

Baptisé explicitement "Les casses-couilles de Vinted", le compte fait état des incivilités, des actes de malveillance ou tout simplement des demandes incongrues de certains usagers, auxquelles s’ajoutent généralement de jolies fautes de français. "J’ai 100 cm de fesse, quels paramètres est votre volume ?" demande cette jeune femme soucieuse de ne pas rentrer dans le pantalon qui l'intéresse. "Je ne sais pas comment envoyer ce colis. Reprenez votre argent. Je vais me faire taper par mes parents !" panique cette pré-adolescente visiblement pas autorisée à vendre ses vêtements en ligne. "Je trouve que vous ne proposez que de la merde, vous devriez quitter cette appli." se permet un autre membre.

Mais Vinted se veut rassurant : 80% des plaintes sont résolues à l’amiable, entre acheteur et vendeur. Dans le cas contraire, leur service-après-vente vient à la rescousse dans les 24h. "Un jour, j’ai acheté une jupe en taille 34 alors que l’annonce affichait clairement 36. Ce n’était pas très honnête de la part de la vendeuse, mais ce n’était pas très grave : je l’ai revendue !" raconte Katia. Ou quand le manque de bonnes manières n'empêche (certainement) pas de faire de bonnes affaires.

[Dossier] Vendre ses vêtements en ligne : décryptage des vide-dressings - 14 articles à consulter

La Newsletter Style

Tendances, conseils, et décryptages, recevez toute l'actualité mode et beauté.