Le dandysme féminin, c’est quoi ?

Dans les magazines de mode, on connaît mieux le dandysme féminin sous le nom de « look androgyne » ou de « masculin-féminin ». Et pour cause, ce style vestimentaire repose essentiellement sur le mélange des genres. Il suffit donc pour l’adopter de piquer les pièces du vestiaire masculin et de se les approprier. Le pantalon à pinces remplace la jupe crayon, le blazer droit chasse la petite veste cintrée et les stilettos laissent la place à des derbies plates. Du coup, les silhouettes sont sobres et filiformes, les rondeurs camouflées et l’allure désinvolte.

 
  • Les origines

Au départ, le dandysme est un courant intellectuel et esthétique qui naît dans l’Angleterre de la fin du 19e siècle mêlant philosophie métaphysique, mondanités et sens du raffinement. C’est donc tout naturellement que les dandys portent une attention particulière à leurs tenues vestimentaires. Chemise à jabot, pantalon taille haute, veste queue-de-pie ou encore chapeau haut de forme, l’élégance néo-aristocratique est leur unique mot d’ordre.

  • Aujourd’hui

Exit les queues-de-pie ! Les dandys contemporains, filles comme garçons, s’identifient aux icônes de leur génération. S’inspirant des rock stars comme les Rolling Stones, David Bowie ou les Beatles, les femmes arborent des vêtements de « bad boy » comme la veste officier, le perfecto en cuir, le jean slim ou encore les bottines de motard. Certaines d’entre elles mixent ces pièces avec celles de la bourgeoisie anglaise comme la veste à écusson, les bottes cavalières ou le pull à coudières pour un look mi-rock mi-preppy.

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 Le dandysme féminin, c’est qui ?

Entre le look à la Oscar Wilde et celui affichée aujourd’hui par certaines it girls se réclamant du dandysme, il y a tout de même un monde. Comment cette tendance a-t-elle donc évoluée ? Ou plutôt, qui l’a fait évoluer ?

En France, on impute l’arrivée du look masculin-féminin à Gabrielle Chanel. Souhaitant libérer les femmes du corset traditionnel et, par extension, de leur condition sociale, la créatrice est la première à faire porter des vêtements d’hommes aux femmes, quitte à faire scandale. En 1915, Coco commence par tailler des robes dans le jersey jusqu’à alors réservé aux sous-vêtements masculins. Elle empruntera par la suite aux hommes leur veste en tweed, leur chandail ou encore leur béret. C’est aussi la première à faire porter aux femmes des pyjamas de villes et des pantalons, le tout accessoirisé d’une coupe de cheveux à la garçonne.

Mais, comme dirait Pierre Bergé, si « Chanel a donné la liberté aux femmes, Yves Saint Laurent leur a donné le pouvoir. » En effet, le couturier français va plus loin en habillant les femmes des années 60 de trench-coat, de caban, de smoking ou de tailleur-pantalon. Autant de vêtements d’hommes qui donneront aux Françaises l’audace et le pouvoir nécessaires à leur émancipation sans pour autant leur retirer leur féminité.

Dans les années 80, Jean Paul Gaultier, l’enfant terrible de la mode, continue de bousculer les codes vestimentaires en faisant porter à ses mannequins des marinières oversize, des casquettes plates et des pantalons larges et courts à bretelles.

Aujourd’hui, des nouvelles marques jouent cette carte du masculin-féminin. Ainsi la marque The Kooples créée par les frères Elichat en 2008 se fonde sur la base d’un constat tout simple : les filles piquent de plus en plus les vêtements de leurs petits copains. D’où l’idée de créer des vêtements androgynes qui peuvent aller aussi bien aux hommes qu’aux femmes, sur fond de mode british et rock’n’roll. Même concept chez Zadig & Voltaire célèbre pour ses collections unisexes faites de mailles confortables, de jeans slims et de blazers longs et droits.