Pas d'exposition au soleil sans protection. Vous connaissez surement cette règle valable pour tout le monde, mais connaissez-vous véritablement les dangers liés à l'exposition non protégée ? Le rayonnement solaire se compose de différentes ondes émises par le soleil, des ultra-violets (UV) à la lumière visible, qui ont ce qu'on appelle des "longueurs d'ondes" différentes, soit une capacité à pénétrer plus ou moins profondément dans la peau (et donc sont plus ou moins dangereux pour nous). 

Les dermatologues dénoncent fréquemment le danger des rayons UVA longs et des infrarouges (IR). Arguments marketing ou véritable menace pour notre peau  ? Nous avons enquêté auprès des meilleurs spécialistes.                  

UVA, UVB, UVC et infrarouges : le point sur les différentes longueurs d’ondes

On distingue trois types de rayonnement UV. De 315 à 400 nanomètres (nm), plus nombreux et plus pénétrants que les UVB, les UVA sont l'une des causes principales du photovieillissement (pour s'en rappeler, on se souvient de "A comme âge"). Ils excitent l’ADN, ce qui peut être source de mutations et même de cancers cutanés. Les UVA longs vont, eux, de 370 à 400 nm environ.

De 280 à 315 nanomètres, les UVB restent dans les couches superficielles de la peau. Ils sont responsables du bronzage et des coups de soleil ("B comme brûlure") mais aussi des inflammations, et ils favorisent le vieillissement de la peau et les cancers cutanés.

Les UVC ont la longueur d'onde la plus courte,de 153 à 280 nanomètres. Ce sont les plus nocifs, mais ils sont filtrés par la couche d’ozone et ne nous atteignent pas.

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Enfin, les infrarouges sont invisibles à l’œil nu. Leur longueur d’onde, bien plus grande que celle des UVA et des UVB (entre 780 nm et 1 000 000 nm), leur permet d’atteindre les couches les plus profondes de la peau. Ils sont responsables de la sensation de chaleur due au soleil. 

Comment se protéger des UVA et UVB ?

"Il y a quelques années, on pensait que seuls les UVB étaient nocifs", explique Nathalie Broussard, directrice de la communication scientifique de Shiseido. Ils provoquent des brûlures, favorisent le vieillissement de la peau et l’apparition de cancers cutanés. "Mais on s’est rendu compte que les UVA sont bien plus nombreux : 95 % du rayonnement UV contre 5 % pour les UVB, dont 75 % d’UVA longs considérés comme très dangereux. Ceux-ci ne dépendent pas des saisons, passent à travers les vitres fermées et pénètrent dans les couches profondes de la peau", reprend-elle.

Là, ils font des ravages : ils touchent près de mille gènes dans le derme et l’épiderme, dégradent le collagène et l’élastine, produisent un grand nombre de radicaux libres, atteignent l’ADN et favorisent de ce fait l’apparition de cancers cutanés.

Face aux UVA, quelle solution ? Depuis plusieurs années, les marques travaillent pour proposer une combinaison de filtres capables d’empêcher les UVA longs de pénétrer l’épiderme et le derme. La législation impose un ratio de un à trois entre anti-UVB et anti-UVA (un SPF30 doit être accompagné d’un anti-UVA de 10). Les solaires contiennent désormais des filtres anti-UVA beaucoup plus forts, qui montent parfois jusqu’à une protection 50, soit égale à celle apportée par le SPF. De l’avis des spécialistes, il faut choisir non l’accumulation de filtres mais la bonne combinaison pour que filtres organiques et minéraux agissent en synergie. Une excellente façon d’en limiter le nombre.

Seul bémol :on peut se demander si des filtres trop nombreux, trop puissants ne risquent pas d’être nocifs et d’entraîner des intolérances ou de favoriser les allergies solaires. 

Infrarouges : quelles armes pour défendre la peau ?

"Plusieurs études prouvent le caractère délétère des infrarouges", déclare Olivier Doucet, vice-président recherche et développement de Coty. "Leur longueur d’onde leur permet de frapper profondément et d’altérer jusqu’aux couches les plus profondes de la peau. Les IR produisent une grande quantité de radicaux libres, susceptibles de créer des lésions de l’ADN, un photovieillissement accéléré et un fonctionnement altéré des cellules".

Face aux infrarouges, quelle solution ? Malheureusement, il n’existe pas de molécule capable d’absorber le rayonnement infrarouge. La solution est donc d'utiliser des formules capables de réfléchir les infrarouges pour les empêcher de pénétrer dans la peau, et qui contiennent une haute concentration d’antioxydants pour mettre les radicaux libres hors d’état de nuire.

Lutter contre les infrarouges, le bémol : "Les infrarouges sont utiles en tant que signal d’alerte", explique Lionel de Benetti, cosmétologue et ancien directeur général des laboratoires et de la recherche Clarins. "J’avais mis au point des soins solaires avec protection anti-IR, mais des études sérieuses, réalisées par le Pr Dubertret, tendent à démontrer que l’agression provoquée par les IR pourrait être bénéfique en préparant la peau à combattre le stress oxydatif et améliorerait son adaptation au soleil".