Avec 758 000 naissances enregistrées en 2018, la France reste le pays le plus fécond de l’Union européenne.

Pourtant un nombre croissant de femmes consultent pour des problèmes de fertilité : 30% d’entre elles aujourd’hui, contre 25% dans les années 1990 et seulement 15% dans les années 1970. Certes le sujet est devenu moins tabou : les couples n’hésitent donc plus à solliciter leur médecin en cas de difficulté à procréer.

D’où l’augmentation des candidats à la PMA dont les techniques se sont beaucoup améliorées. Résultat : près de 25 000 bébés voient désormais le jour chaque année en France suite à une intervention médicale (insémination artificielle ou fécondation in vitro), soit 3% des enfants contre 2,6% en 2009. 

Un vrai sujet d’inquiétude

À l’heure où la performance et l’immédiateté sont portées aux nues, les couples sont moins patients. Beaucoup s’affolent après six mois de tentatives non couronnées de succès et réclament déjà un bilan de fertilité. Il est inutile de se précipiter car cela fait monter le stress inutilement. "Médicalement, on parle d’infertilité après deux ans de rapports sexuels réguliers non protégés", précise le Pr Philippe Descamps, gynécologue-obstétricien au CHU d’Angers et auteur de Docteur j'ai encore une question (éd. Larousse).

Tout dépend aussi de l’âge de la femme car la fertilité chute au fil des années. Son pic culmine à 22 ans puis s’étiole peu à peu. Passé 35 ans, il baisse drastiquement car son stock d’ovocytes commence à s’étioler et leur capacité à fusionner avec un spermatozoïde pour former un embryon viable diminue également. Or c’est là que le bât blesse. 

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L’âge de la première maternité en recul

Entre l’allongement de la durée des études et le désir d’avoir un emploi stable avant de fonder une famille, les femmes envisagent la maternité plus tardivement. L’âge moyen du premier accouchement frôle aujourd’hui les 31 ans en France selon l’Insee, contre 28,5 en 1994 et 24 ans dans les années 1970 ! Ce décalage n’est pas négligeable : un retard de 5 ans dans la prise de décision double le risque d’infertilité.

À partir de 35 ans, mieux vaut donc consulter sans tarder si le projet de grossesse ne se concrétise pas après 8 à 10 mois. 

Même la science ne fait pas de miracle : le taux de réussite d’une FIV est de 25 à 27% par ponction avant 35 ans, 20% de 35 à 37 ans, 14,4% à 38-39 ans et 7,4% de 40 à 42 ans.

D’autres facteurs comportementaux altèrent aussi la fertilité des femmes, comme la consommation d’alcool ou de tabac qui rogne le stock ovarien d’ovocytes. Le surpoids est également une cause de stérilité croissante : il n’empêche pas la fécondation mais peut bloquer l’ovulation en perturbant les sécrétions hormonales. Un indice de masse corporel supérieur à 27 multiplie ainsi par 3 le risque d’infertilité.

La pollution sur le banc des accusés

Plusieurs chercheurs ont prouvé que les perturbateurs endocriniens présents dans l’eau, les sols, les emballages alimentaires ou les cosmétiques diminuent la qualité du sperme. Selon une étude de Santé Publique France réalisée sur 26 000 hommes de 35 ans, le nombre de spermatozoïdes aurait chuté de 2% par an depuis 1989.

Leur impact sur la fertilité des femmes a en revanche été beaucoup moins étudié. On sait cependant qu’ils jouent un rôle majeur dans l’endométriose, une maladie due à la migration de la muqueuse utérine en dehors de l’utérus.

Des travaux de l’université Bretagne-Loire (Nantes) publiés en février 2019 ont montré que le risque d’endométriose était plus élevé chez les femmes exposées à des perturbateurs endocriniens : +1,65 pour les dioxines, +1,7 pour les PCB et +1,23 pour les pesticides organochlorés. Or 30 à 40% des femmes ayant une endométriose souffrent d’infertilité selon l’association EndoFrance.