Marie Claire : Vous êtes un modèle de beauté pour beaucoup de femmes. Comment le vivez-vous ?

Daria Werbowy : Je suis flattée ! J'aime les femmes et j'aime leur montrer que la beauté peut prendre plein de formes et de tailles différentes. Même si je ressens parfois beaucoup de pression à l'idée d'être un modèle pour celles-ci.

Pourquoi ?

Parce que tout cela est si complexe. Petite fille, j'étais moi-même sans cesse à la recherche de modèles féminins. Ma mère fut le premier d'entre eux. Aujourd'hui, il y a tant de femmes que j'admire ! La plupart sont devenues de très bonnes amies pour cette raison. Donc, oui, j'espère que je peux inspirer les femmes et peut-être changer leur idée stéréotypée de la beauté.

Quelle est votre vision de la beauté ? Et qui l'incarne le mieux selon vous ?

On peut trouver la beauté dans plein de choses, même celles qui semblent au premier abord peu agréables à regarder. Elle va se nicher dans absolument tout. Chez une femme, c'est une question d'équilibre entre masculinité et féminité, et la faculté de passer facilement de l'une à l'autre.

Votre définition de la beauté ?

L'honnêteté. Je tente tous les jours de l'approcher au plus près. En premier lieu, envers moi-même et c'est dur puisque cela implique de voir des choses qu'on ne voudrait peut-être pas savoir sur soi. La vie est trop courte pour être menteur ou manipulateur.

Que préférez-vous physiquement chez vous ?

Pendant longtemps, j'ai regretté de ne pas être plus petite. Sinon, je trouve que j'ai de beaux pieds (rires). Cela peut paraître étrange de dire cela pour un mannequin, mais c'est la vérité : en fait, je suis totalement détachée de mon corps et de mon apparence. Je hais le narcissisme.

Quels sont vos produits de beauté indispensables ?

Vidéo du jour

Je ne peux pas vivre sans mon démaquillant Lancôme, le soin Génifique et son contour des yeux qui est vraiment excellent. J'adore les huiles pour le corps et le visage. Pour mes cheveux, j'utilise l'Huile Capillaire de Luxe de Rodin by Recine. C'est à peu près tout, car je ne suis pas trop maquillage.

Que faites-vous de spécial pour mettre en valeur votre regard, déjà frappant au naturel ?

Le mascara ne me va pas très bien, même si d'autres pensent le contraire. Je courbe mes cils et applique du mascara brun, et me contente de dessiner le contour de la paupière avec un petit peu de brun en-dessous.

Vous êtes fidèle à un parfum ?

C'est marrant parce que j'ai toujours utilisé Hypnôse, bien avant de signer un contrat avec Lancôme. Je le porte toujours mais j'aime aussi les huiles essentielles, des choses comme ça. Tout ce qui est à base de bois de santal, j'adore !

Suivez-vous une discipline sportive régulière ?

Du surf dès que l'occasion se présente. Je vis en partie en Irlande, près de la mer, et là-bas, c'est facile. Du yoga aussi mais j'écoute juste mon corps. Parfois, pendant plusieurs mois, je vais en faire quotidiennement ou presque, et ensuite je ne vais rien faire pendant des mois. L'Irlande me fait un bien fou physiquement. Un ami médium m'affirme que ma vie précédente était en Irlande ! Je n'ai ressenti cette sensation nulle part ailleurs, sauf au Botswana.

Vous possédez des animaux en Irlande ?

Des chiens. Vous savez, j'ai une toute petite maison avec une chambre, et c'est tout. Les amis dorment par terre ! Je me sens dépassée dans les grandes maisons. J'ai aussi un pied-à-terre à New York.

Vous rappelez-vous de la première fois que vous avez trouvé une femme belle ? 

Je me souviens, enfant, avoir beaucoup observé mon père photographier ma mère. Et avoir détaillé des photos d'elle, en me disant : « Waouh ! Qui est cette femme ? » Donc, oui, ma mère probablement.

C'est quoi, une belle femme pour vous ? Et qui est-ce ?

Cass Bird, ma meilleure amie. Elle est photographe. Une belle femme, pour moi, a confiance en elle, n'a pas peur de faire des erreurs et n'est pas prisonnière d'une vision préconçue de la féminité. Un peu mystérieuse aussi. Avec de l'humour.

Qu'est-ce que votre mère vous a transmis ?

De toujours me respecter. Parfois je posais des questions dont elle ne connaissait pas forcément la réponse, et elle disait juste : « Respecte-toi. » C'est si vrai ! Parce que si l'on commence par se respecter, tout se passe bien ensuite.

Et votre père ?

D'avoir un esprit ouvert et de toujours aller de l'avant. Un jour, il a acheté un vieux voilier que toute la famille s'est mis à retaper ensemble avec mon frère et ma sœur. Puis nous avons traversé l'Atlantique. Ma mère a préféré rester à la maison.

Vous êtes une solitaire ?

Oui, mais je ne suis pas déprimée pour autant (rires). J'ai beaucoup de mal avec le côté social et mondain de mon métier, les tapis rouges et compagnie. J'aime les gens et j'aime sortir mais je suis très bien toute seule, dans un état d'esprit où je peux laisser les choses arriver naturellement sans rien planifier. 

Vous sentez-vous forte ou faible ?

Mentalement, ça dépend des jours. Je me sens en revanche de plus en plus forte physiquement et émotionnellement.

Parce que vous avez souffert à cause de l'amour ?

Oui, mais c'est le cas de tout le monde, non ? Et je trouve que c'est une des expériences les plus puissantes qui soit. Je dirais nécessaire, un jour ou l'autre, parce que ça vous rend plus fort et ouvre votre monde.

Je me demandais en vous écoutant s'il y avait un motto qui guidait votre vie ?

L'honnêteté en toute occasion. Et j'ajouterais l'improvisation. Je déteste prévoir à l'avance. J'aime laisser voir ce qui vient et ressentir ce qui est la meilleure chose pour moi.

La mode est-elle pour vous le fruit du hasard ou une volonté ?

Ça a commencé comme une coïncidence et maintenant, c'est une volonté.

J'ai l'impression que vous vous en fichez un peu…

Non, j'aime la mode, ce que disent et transmettent les vêtements. J'apprécie leur processus créatif mais je ne suis pas obsédée par ce milieu. J'aime avant tout les vêtements de bonne qualité.

Qu'est-ce qui pourrait vous faire quitter votre job ?

Très bonne dernière question ! (Rires.) A un moment j'ai vraiment pensé tout arrêter mais ce n'est pas évident. Les bébés peut-être ! Ce serait le plus réaliste mais je préfère y penser comme à un fantasme. J'aime mon travail et je me sens ultra-chanceuse de pouvoir le pratiquer.

Une toute dernière. Ce métier amène à se poser sans cesse des questions sur qui l'on est, non ?

Exactement. On est parachutée très jeune dans un monde où tout tourne autour de l'image que portent sur vous des gens beaucoup plus âgés. On se retrouve alors brutalement en butte à des réflexions psychologiques complexes pour essayer de mieux comprendre qui l'on est. C'est pourquoi, à défaut de tout arrêter, j'ai eu besoin à un moment de prendre mes distances en prenant du temps libre et en larguant les amarres en bateau… La prochaine fois, cela risque d'être long : je rêve d'un tour du monde en famille qui dure trois, quatre ans…