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La bataille de Normandie, 80 ans après, dans la mémoire des civils qui l’ont vécue

A l’occasion des commémorations du Débarquement et des violents combats qui ont suivi, afin de libérer la France, 65 témoins, aujourd’hui âgés de 86 ans à 104 ans, ont raconté cette période. Certains n’avaient jamais parlé jusqu’ici, mais l’évocation de ces traumatismes a ravivé des souvenirs enfouis.

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Publié le 25 juin 2024 à 06h00, modifié le 25 juin 2024 à 14h14

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Des femmes sont assises parmi les ruines de Magny-en-Bessin (Calvados), en Normandie, en octobre 1944, après la bataille de Normandie.

Il y a quatre-vingts ans, fin juin 1944, la bataille de Normandie battait son plein. Une actualité forte, comme la commémoration de ces violents combats en vue de la libération de la France, peut-elle raviver des souvenirs enfouis ? Oui, confirment certains témoignages de personnes qui ont vécu ces événements dramatiques en tant que civils.

Entre février et juin, 65 témoins, aujourd’hui âgés de 86 ans à 104 ans, ont été invités à raconter leurs souvenirs personnels de cette période, lors d’entretiens semi-dirigés d’environ une heure et demie. C’est Francis Eustache, neuropsychologue à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm, université de Caen-Normandie), qui a conduit ce projet avec Peggy Quinette, neuropsychologue, et Lucie Da Costa Silva, psychologue, et avec l’aide d’historiens, de villes normandes – dont Caen –, de journaux locaux et d’associations.

L’objectif : comprendre l’impact de ces expériences souvent traumatiques – bombardements, exodes, scènes de guerre, blessés et morts… – sur l’identité de celles et ceux qui en furent les témoins avec leurs yeux d’enfant, d’adolescent ou de jeune adulte.

Il faudra attendre quelques mois pour tirer un bilan complet de ces mémoires narratives. Mais, d’ores et déjà, quelques fils peuvent être tirés. « Le récit de ces personnes est souvent apaisé et distancié, précise Francis Eustache. Avec le recul, elles réalisent pleinement ce qu’elles ont vécu, et plus encore ce que leurs parents ou leurs grands-parents ont vécu, et comment ils ont dû faire face. » Pour autant, la mémoire d’un traumatisme, en cas de perte d’un proche, de menaces ou d’humiliations subies, reste chez certains vivace – même quatre-vingts ans après.

« Des odeurs de poussière, de poudre et de mort »

Sans surprise, ces témoignages soulignent « la puissance des indices sensoriels et émotionnels dans le rappel des sensations, des émotions ou de bribes de souvenirs », poursuit Francis Eustache. La commémoration de cette bataille, mais aussi les images télévisées de villes aujourd’hui bombardées, en Ukraine et à Gaza, réactivent leurs impressions sensorielles de ces jours terribles – dont les odeurs. « Je vois l’Ukraine, je vois Gaza, je revois ma ville normande bombardée, raconte un témoin. Et je retrouve des odeurs de poussière, de poudre et de mort, liées aux victimes enfouies sous les décombres. » Qui peut inventer ça, s’interroge Francis Eustache ?

Emergent aussi des « souvenirs » imprécis de chants allemands, de bruits de bottes dans les rues, l’écho de moteurs de camion ou d’avion. « A mesure que certaines de ces personnes vieillissent, ces bruits leur font à nouveau peur. » Les récits ne sont alors plus apaisés et, pour se protéger, ces personnes ne regardent plus la télévision le soir, ne vont plus voir de feux d’artifice…

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