![Le radiotélescope dans le Parc de La Villette, à Paris, en août 2022.](https://cdn.statically.io/img/img.lemde.fr/2024/06/13/0/0/5000/2813/664/0/75/0/33907ee_1718293729231-4142-a-a-a-mangold-eppdcsi-2.jpg)
Il ne fonctionnait plus depuis trente-quatre ans. Le radiotélescope de La Villette est de nouveau opérationnel. Cette intrigante antenne, installée en plein Paris, aux abords de la Cité des sciences et de l’industrie, à proximité du sous-marin Argonaute et de la Géode, avait subi une panne en 1990. Grâce à la ténacité d’une coalition de radioamateurs et de « hackeurs » dont le travail de restauration fut présenté à la presse le 10 juin, elle a pu recommencer à sonder la voûte céleste à la recherche de radiosources. En attendant d’être un jour utilisée à des fins muséographiques et pédagogiques.
Faire de la radioastronomie, à deux pas du périphérique, au beau milieu d’une métropole ? Cette idée inédite remonte aux années 1980, quand la zone du parc et de la Grande Halle de La Villette est encore occupée par des abattoirs. « A l’époque, la Cité des sciences et de l’industrie est à l’état de projet. Et des comités scientifiques sont constitués en vue de réfléchir à des animations », raconte Michel Charles qui, avec l’astrophysicien Pierre Léna, participa à ce programme. L’une d’elles proposera au public de se familiariser avec le travail des astronomes en s’exerçant sur un véritable instrument. Ce sera un radiotélescope, un appareil qui, en étant consacré à l’observation du ciel dans une partie non visible du spectre lumineux, a l’avantage d’être utilisable de jour comme de nuit et par tous les temps.
Assemblée et testée à la station de radioastronomie de Nançay (Cher) de l’Observatoire de Paris-PSL, du CNRS et de l’université d’Orléans, puis remontée à Paris avant l’inauguration du musée en mars 1986, cette grande antenne parabolique (la troisième de France par la taille) montée sur un support équatorial qui lui permet d’ajuster son pointage au mouvement de rotation de la Terre est conçue pour détecter, dans le domaine des ondes radio, la « raie de 21 centimètres » émise par les nuages d’hydrogène neutre de la Voie lactée, explique l’astronome James Lequeux. « Mais elle pouvait aussi capter le rayonnement électromagnétique en provenance d’autres sources, radiogalaxies ou nébuleuses, ce qui en aurait fait un outil précieux de médiation scientifique si elle n’avait pas été privée d’alimentation électrique à la suite de la coupure accidentelle d’un câble », explique Denis Savoie, chef de projet à Universcience.
Détecter des radiosources
Devenu inutilisable, l’instrument tombe dans l’oubli. Jusqu’à ce qu’en 2008 des radioamateurs de l’association ARP75 obtiennent de la direction du parc l’autorisation de le remettre en état. Un échec : à la première tentative de remise en route, le réducteur du moteur de déclinaison de la parabole casse, et personne ne sait comment le réparer. Il faudra attendre la création, en 2018, d’une deuxième association, baptisée Dimension Parabole, puis l’implication d’une troisième, celle des « hackeurs » d’Electrolab à Nanterre qui se charge de la réfection des parties mécaniques pour que le projet aboutisse.
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