La mer Blanche : le nom convoque notre imaginaire du côté de la Russie, au sud de la mer de Barents. Mais il existe une autre mer Blanche plus proche, dans le sud du Finistère, entre les communes de Bénodet et de Fouesnant, au cœur de la Riviera bretonne. Cette lagune côtière longue de 4 kilomètres est située à l’ouest de la pointe de Mousterlin ; elle laisse ainsi pénétrer la mer à chaque marée par l’intermédiaire d’un grau, permettant d’observer les mouvements de va-et-vient de l’océan Atlantique.
A marée basse, de nombreux oiseaux volent en balayant la flèche littorale de sable clair, à la recherche de mollusques, de crustacés ou d’algues. A marée haute, les fonds sableux laissent place à une petite mer intérieure. Bars, mulets ou poissons plats naviguent alors paisiblement dans cette étendue d’eau éphémère qui oscille entre le blanc gris des ciels brumeux et le bleu turquoise des beaux jours. Ce paysage marin renouvelé en permanence crée de véritables tableaux entre terre et mer, dunes et bois. Dans le lointain horizon, par beau temps, se détache le bel archipel des Glénan.
Cette carte postale bretonne, que l’on arpente à pied en quelques heures, croise le fameux GR 34, le sentier des douaniers. La zone est très prisée des photographes comme Benjamin Colombel, qui, installé là depuis quatre ans, ne semble pas lassé de ce spectacle quotidien. « C’est un sujet de travail infini, parce que le paysage change en permanence en fonction de la lumière, de la météo ou de la saison, relate le trentenaire. Mon plus beau souvenir est une sortie en paddle dans le froid et le silence d’un matin d’hiver, où je me sentais en parfaite symbiose avec les éléments, porté par le rythme des poissons. Ce jour-là, j’en ai même oublié de faire des photos ! C’est encore un endroit préservé, idéal aussi pour apprendre la nature à mes enfants, notamment en septembre, quand il fait encore jour et bon après l’école. »
Hors saison, le calme règne sur la mer Blanche. Mais l’été, au plus fort de la saison touristique dans la station balnéaire de Bénodet, de nombreux estivants viennent profiter de ce panorama atypique depuis la plage abritée du Letty. En bord de lagune, l’école de voile UCPA et le camping du Letty font le plein. Un peu plus à l’est, toujours sur le cordon dunaire, se dessine en pente douce la belle et longue plage de sable fin de Kerler. Originalité locale, une partie de celle-ci est une zone naturiste délimitée par des panneaux.
A marée haute, la sensation d’être sur la flèche littorale comme sur une île, sans avoir à prendre de bateau, est tentante mais pas sans danger. Dans cette mer intérieure, les courants sont forts à la remontée, surtout du côté de la pointe de Groasguen, et il arrive souvent des mésaventures aux imprudents voulant rejoindre le continent. Pour faire face à la fréquentation touristique de cet habitat naturel préservé, des actions de prévention régulières sont menées par les communes du territoire.
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