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Vous aimez Chantal Akerman, vous aimerez Bruxelles

La cinéaste expérimentale à l’influence majeure aimait le côté hétéroclite et chaotique de la capitale belge, dont elle a fait un personnage de ses films. Une exposition immersive lui est consacrée au Palais des beaux-arts.

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Publié le 23 juin 2024 à 04h15

Temps de Lecture 4 min.

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La Grand-Place de Bruxelles.

Née à Bruxelles en 1950, la cinéaste belge fut profondément marquée par New York, où elle conçut de nombreux films, dont le fabuleux News from Home (longs plans-séquences documentaires de la ville avec voix de la réalisatrice lisant les lettres de sa mère), mais aussi Paris, où elle résida jusqu’à sa mort, en 2015. Chantal Akerman a arpenté le monde et filmé la Russie, Israël et la frontière mexico-étasunienne, mais elle est restée toute sa vie fidèle à Bruxelles, où elle revenait sans cesse.

Le Palais des beaux-arts (Bozar) lui consacre jusqu’au 21 juillet une exposition immersive qui se déplacera ensuite, en version réduite, au Musée du Jeu de paume à Paris. Le parcours commence par le court-métrage Saute ma ville, où une jeune femme (Chantal Akerman elle-même) rentre chez elle, crée le désordre dans sa petite cuisine avant d’allumer le gaz et de faire sauter l’appartement. Après cette entrée en matière, c’est le moment d’avancer dans les salles au parquet grinçant qui proposent des échappées dans l’œuvre de la cinéaste, comme ces rushes silencieux (Hanging Out Yonkers, tourné dans un centre de réinsertion pour jeunes toxicomanes et délinquants), ce plan fixe d’une minute et trente-huit secondes dans lequel Chantal rigole avec ses copines new-yorkaises ou l’impressionnante installation D’Est dont les vingt-quatre téléviseurs diffusent en boucle des personnes sous la neige à Moscou, peu après la chute de l’URSS.

D’interviews en photos de tournage, de scénarios en notes d’intention, on progresse dans la pensée de cette cinéaste expérimentale à l’influence majeure. Akerman maniait le temps, chorégraphiait les corps, laissait s’installer les silences et déployait les travellings. Elle exprimait la solitude, le désir, la fantaisie ou le désespoir. A l’extérieur de Bozar, ce bâtiment Art déco édifié par Victor Horta en 1929, il est temps d’une balade suggestive dans la déroutante Bruxelles où se cachent des indices des films d’Akerman.

Adresse la plus akermanienne

En descendant vers la Grand-Place, dont l’afflux de touristes ne parvient pas à éteindre la splendeur, on passe par la place Vieille-Halle-aux-Blés, qui a bien changé depuis Toute une nuit (1982), où les personnages se croisaient dans un Bruxelles écrasé de chaleur. C’est devenu un joli carrefour avec terrasses et statue de Jacques Brel (la fondation du chanteur est installée sur la place). Sur l’avenue de la Toison-d’Or, on marche dans les pas du couple adolescent de Portrait d’une jeune fille de la fin des années 60 à Bruxelles (1994). Ici commence la galerie marchande dite « de la Toison d’Or », où les parents de Chantal Akerman avaient une boutique et qui inspira la cinéaste pour Golden Eighties (1986). La gare du Midi, où arrivent les Eurostar, est le lieu des errances d’Aurore Clément dans Les Rendez-vous d’Anna (1978). L’actrice retrouve sa mère de fiction après un long périple ferroviaire à travers l’Allemagne et la Belgique. Bruxelles est toujours traversée par les trains, par l’histoire, par les langues. « Chantal trouvait Paris trop rond, elle aimait, ici, les briques rouges comme à New York, la géométrie, le côté hétéroclite et chaotique de cette ville », se souvient Marilyn Watelet, son amie et productrice de toujours.

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