C’est une image sans âge, qui a quelque chose d’un tableau de Johannes Vermeer. Sous un plafond voûté, une religieuse se tient debout, de trois quarts, et regarde par la fenêtre. Le rayon de soleil traversant les carreaux dessine un rectangle de lumière asymétrique sur le mur, derrière elle. Cette photo a été prise par Louis-Antoine Grégo, l’architecte de l’Hôtel du Couvent, qui ouvrira le 20 juin, à Nice. On y voit mère Marie-Chantal Geoffroy, la supérieure du monastère de la Visitation, à Voiron, dans l’Isère, posant en avril 2019 dans un couloir du couvent de la visitation Sainte-Claire, où elle a revêtu l’habit dans les années 1950.
Un temps à la tête de la Fondation des monastères, la nonne a accueilli l’architecte les bras ouverts la première fois qu’il lui a rendu visite : « Elle a brandi un exemplaire du journal Nice-Matin qui décrivait le projet, en me disant que notre vision de l’hospitalité était une chance pour un ancien couvent en ruine », se souvient Louis-Antoine Grégo.
Lancé il y a plus de dix ans, ce projet d’hôtel de luxe est l’un des plus attendus, si ce n’est le plus attendu, de 2024. Non que la ville de Nice manque d’hébergements, avec un parc hôtelier (le deuxième plus grand de France) d’environ cent quatre-vingts établissements prêt à répondre à la fréquentation touristique en hausse depuis la crise sanitaire. En cette année riche en actualités – rien qu’en juillet, l’arrivée du Tour de France et des matchs de football organisés dans le cadre des Jeux olympiques –, la cité azuréenne a accueilli trois nouveaux hôtels auréolés de quatre et cinq étoiles et un Mama Shelter, en quelques mois seulement.
Mais l’Hôtel du Couvent, qui abrite quatre-vingt-huit chambres, trois restaurants, trois piscines, des thermes, un centre de documentation, un marché en plein air, une boulangerie et une herboristerie au cœur de la vieille ville, se présente comme un lieu hors norme. Avec cette « vision de l’hospitalité » mêlant le soin, la nourriture et l’éducation, à l’image de celle prônée jadis par les visitandines… en version ultraluxe, à l’issue d’un chantier dont le coût global s’élève à 100 millions d’euros.
Permettre à ce lieu de renaître
L’homme à l’initiative de cet ambitieux projet, Valéry Grégo, fondateur du groupe Perseus, a signé ces dernières années des renaissances d’hôtels qui ne sont pas passées inaperçues, dont Le Pigalle, à Paris, et Les Roches rouges, à Saint-Raphaël. En 2003, dans sa première vie d’entrepreneur dans la finance et à Nice, déjà, il avait orchestré la transformation du Beau Rivage – l’hôtel où Henri Matisse a résidé et peint plusieurs de ses chefs-d’œuvre.
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