LA LISTE DE LA MATINALE
La suie des nombreux fours à céramique du début du XXe siècle a pu ternir la réputation de la ville, injustement. Car il est loin le temps où le maréchal Joffre « limogeait » ses officiers en les punissant d’un exil en Haute-Vienne. Balade apaisante près de la cathédrale Saint-Etienne, plaisirs de bouche, parcours architectural, visite du souvenir à Oradour-sur-Glane et découverte des trésors de l’or blanc : Limoges, la preuve par cinq.
Gare et cités : sur la voie (ferrée) de Roger Gonthier
![La gare des Bénédictins et son fameux campanile.]( https://img.lemde.fr/2024/05/08/1/0/3425/2283/630/0/75/0/22383af_1715175953410-gare-de-limoges-a-loic-lagarde-2021-2.jpg 1x, https://img.lemde.fr/2024/05/08/1/0/3425/2283/1260/0/45/0/22383af_1715175953410-gare-de-limoges-a-loic-lagarde-2021-2.jpg 2x)
« Colosse à mille pattes », « bosse de dromadaire »… Les qualificatifs n’ont pas été tendres avec le vaste dôme de cuivre et le haut campanile de la gare des Bénédictins, lors de son inauguration, en 1929. Avec ses deux statues monumentales, allégories de la porcelaine et de l’émail, qui accueillent les voyageurs, elle est pourtant devenue un emblème de Limoges.
Elle domine la ville de sa masse imposante, elle qui offre l’originalité d’avoir été construite au-dessus des voies. On doit son architecture éclectique, mélange d’Art nouveau et de néoclassicisme, à Roger Gonthier.
Ses œuvres permettent de parcourir Limoges et sa riche histoire sociale. A cette époque, le rougeoiement des fours à céramique montre aussi sa couleur politique : la CGT y voit le jour en 1895. Dès 1924, Gonthier bâtit le premier HLM avec, dans le nord de la ville, la cité-jardin Beaublanc, destinée aux ouvriers porcelainiers. Et une autre pour les cheminots, la cité des Coutures, construite en même temps que la gare, labellisées toutes deux « patrimoine du XXe siècle », à l’instar du magnifique pavillon Art déco du Verdurier (1919), en plein centre-ville, ancien frigo devenu espace d’exposition.
Plaisirs de bouche : pour grands et petits ventres
Dans le quartier historique du Château se trouve l’endroit le plus pittoresque de Limoges : la rue de la Boucherie. Une cinquantaine de maisons à pans de bois tenues par des maîtres bouchers dès le XIIIe siècle.
L’été, on peut visiter une ancienne demeure transformée en écomusée, qui met en scène la vie d’une famille : au rez-de-chaussée avaient lieu l’abattage, le découpage et la vente, sous les combles séchaient les peaux, et les étages servaient d’habitat – une table est dressée, avec de la porcelaine de Limoges, évidemment, tout comme le gigantesque crucifix. Car les six familles formant la confrérie des bouchers étaient pieuses, avec un patron : saint Aurélien, qui a donné son nom à une envoûtante petite chapelle. Où même l’Enfant Jésus, dans une pietà sculptée du XVe siècle, mange son rognon !
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