![La statue de Charlie Chaplin, réalisée en 1982 par l’artiste John Doubleday, sur le quai Perdonnet, à Vevey.](https://cdn.statically.io/img/img.lemde.fr/2024/03/21/0/0/2362/3543/664/0/75/0/d38b3e2_1711016349992-otmontreux-statue-chaplin-christian-liechti-copie.jpg)
Originaire de Londres, Chaplin connaît le succès à Hollywood. Il devient la première star internationale grâce son personnage à la veste trop étroite, au pantalon trop large et aux grolles défoncées. Le chapeau melon, la canne et la petite moustache complètent la panoplie de Charlot ! Mais, après la seconde guerre mondiale, le cinéaste est soupçonné de sympathies communistes. Il doit s’exiler et achète, en 1952, un manoir dans le canton de Vaud, en Suisse, d’où il contemple « la vaste étendue de pelouse verte et le lac au loin, et, par-delà le lac, la présence rassurante des montagnes », écrit-il dans son autobiographie Histoire de ma vie (Robert Laffont, rééd. 2022). Devenue un musée en 2016, sa demeure au-dessus de Vevey a peu changé, tout comme le panorama, grandiose, sur le Léman et les sommets enneigés.
Chaplin’s World est une destination pédagogique pour celles et ceux qui ont tout à découvrir de l’homme aux facéties irrésistibles. C’est aussi un écrin où vibre l’atmosphère des dernières années de la vie de l’artiste entouré de sa tribu : sa femme Oona et lui auront huit enfants au total. Après une enfance miséreuse et l’effervescence créative du music-hall, du cinéma muet puis parlant, Charlie Chaplin s’apaise. « C’est comme s’il découvrait enfin la vie normale », témoigne son fils Eugène, né en 1953 à Vevey.
Manoir envoûtant
Amoureux et père accompli, le créateur continue son œuvre. Il écrit ses trois derniers longs-métrages, dont un jamais réalisé, The Freak, et réécrit les musiques de ses anciens films. A l’entrée de sa maison, on est accueilli par sa statue de cire, comme au Musée Grévin. Dans la bibliothèque, son bureau est toujours là. Le grand salon est tel que la famille l’a laissé, après le départ d’Eugène et de son frère Michael, qui ont mis du temps à s’arracher au lieu de leur enfance. Dans la salle à manger, le couvert est dressé : Chaplin trônait en bout de table et interdisait que l’on y parle français − il n’a jamais appris cette langue. A l’étage, les films d’Oona en super-8 tournent en boucle. Ils documentent l’arrivée des bébés, les grands repas sur la terrasse et les plongeons dans la piscine. Chaplin aux cheveux blancs sourit, fait des grimaces, prend la pose et gesticule façon Charlot.
On quitte le manoir à regret, puis on traverse rapidement les salles d’un bâtiment contemporain, où les visiteurs s’amusent à se glisser dans les rouages des Temps modernes, à revêtir le costume du clochard ou à vaciller dans la maison de La Ruée vers l’or secouée par le blizzard.
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