Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Au croisement des rues d’Aboukir et des Petits Carreaux, Paris 2ème, le 13 mars 2024.
ALIOCHA BOI POUR « LE MONDE »

C’est l’histoire d’une rue : Aboukir, de la Petite Egypte aux années Sentier

Par 
Publié le 22 mars 2024 à 16h00, modifié le 28 mars 2024 à 14h56

Temps de Lecture 5 min.

La rue d’Aboukir, artère emblématique du 2e arrondissement de Paris, voisine de la rue Montorgueil, porte en elle des histoires lointaines. La plus évidente, celle dont elle a hérité le nom au début du XIXe siècle, se rapporte à la campagne d’Egypte de Napoléon Bonaparte. En 1799, les Français remportent une bataille sur les Ottomans à Aboukir, non loin d’Alexandrie. Pour célébrer ce fait militaire, on renomme ainsi l’ancienne rue Bourbon-Villeneuve. Naissent tout autour les rues d’Alexandrie, du Nil, de Damiette et la place du Caire, devenue indissociable de la rue d’Aboukir en avalant son trottoir. Le quartier entier prend alors le surnom de « Petite Egypte ». C’est la naissance de l’égyptomanie parisienne et de son puissant imaginaire teinté d’exotisme fantasmé et de mythe impérial.

A travers le feuillage doré des beaux savonniers de la place du Caire, le regard tombe sur la façade latérale de l’Hôtel du Sentier, d’où surgissent trois visages sculptés de la déesse égyptienne Hathor, divinité de l’amour aux oreilles de vache. Datant de 1828, ces sculptures et leurs frises en hiéroglyphes, presque kitsch, illustrent une architecture appelée « retour d’Egypte ». Le tortueux passage du Caire, plus longue et plus ancienne traverse couverte de Paris, construite en 1798, devait, lui, évoquer un bazar d’Orient.

Amoureux du quartier, Samuel Castro, médecin urgentiste, a emmené toute sa famille vivre rue d’Aboukir. « Mon grand-père Albert était tailleur et avait une boutique dans le périmètre. J’étais heureux de revenir ici », raconte-t-il. Avec son épouse, Charlotte, c’est lui qui a ouvert en 2021 l’Hôtel du Sentier et son restaurant, dont la terrasse anime la place du Caire en été.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le quartier du Sentier devient hétéroclite, populaire et dense : s’y côtoient petits commerçants, artisans, journalistes, prostituées et immigrés venus du monde entier. Après-guerre, la population d’Aboukir ne se confond plus qu’au sein d’une seule et même histoire commerciale, celle de la confection textile qui rythme la vie de la rue. Au rez-de-chaussée, les boutiques de grossistes de prêt-à-porter pullulent et les ateliers de fabrication turbinent dans les étages.

Charlotte Castro (ici le 13 mars 2024) est propriétaire de l’Hôtel du Sentier, dont la façade est ornée de trois sculptures de la déesse égyptienne Hathor datant de 1828.

« Le lundi, tout le quartier était en ébullition car c’était le jour où les grossistes de province venaient faire leurs achats. Il y avait des bouchons, ça klaxonnait dans tous les sens, les gens passaient avec des portants remplis de vêtements », se souvient Lou Borestein, dont les parents, juifs ashkénazes, possédaient un atelier de confection en étage dès 1973. Sa mère dessinait d’élégantes robes du soir et drapait ses tissus sur des bustes Stockman.

Il vous reste 68.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.