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Yann Le Bec pour M Le magazine du Monde

En Espagne, les « true crimes » sur le banc des accusés

Par  (Madrid, correspondante)
Publié le 30 juin 2024 à 06h00

Temps de Lecture 10 min.

La voix chevrotante, Patricia Ramírez, la mère du « petit Gabriel Cruz », fait un vœu ce 11 juin devant les sénateurs espagnols réunis en commission de l’intérieur : qu’aucune série télévisée ne puisse rejouer l’assassinat de son fils, qui s’est produit en 2018, alors qu’il n’avait que 8 ans. « Nous ne sommes pas des acteurs. La mort de Gabriel n’est pas un spectacle », a-t-elle rappelé. Sa crainte est fondée.

Il y a plus d’un mois, elle a appris « de source directe » qu’Ana Julia Quezada, 50 ans – la meurtrière de son fils et fiancée de son ex-mari –, aurait eu accès à un téléphone portable en prison, « avec la complicité de fonctionnaires ». L’appareil lui aurait permis de répondre à des interviews de producteurs par visioconférence depuis le centre pénitentiaire de Brieva, à Ávila, en Espagne.

Cette femme, qui cacha le corps de l’enfant durant douze jours, feignant de participer aux recherches avant d’être surprise en train de déplacer le cadavre mutilé du garçon dans le coffre de sa voiture, y purge une peine de prison à perpétuité assortie d’une période de sûreté de vingt-cinq ans. « Nous n’avons jamais voulu être au premier plan et nous avons refusé de faire des documentaires ou des séries avec la mort de Gabriel. Malheureusement, des infractions sont commises et des personnes essaient de s’enrichir sur sa mort, abîmant sa mémoire après nous avoir arraché sa vie », avait déjà dénoncé publiquement Patricia Ramírez, lors d’une manifestation, le 11 mai, à Almería, sous le mot d’ordre « Nos petits ne sont pas à vendre ». Selon ses informations, la maison de production en contact avec Ana Julia Quezada aurait signé un contrat avec la détenue.

Les programmes les plus vus

Son intervention a provoqué un vif débat en Espagne, où la liste des séries et des docufictions s’appuyant sur des faits divers sordides qui ont secoué le pays, utilisant parfois des images tournées en secret en prison, ne cesse de s’allonger. Peut-on tendre un micro à un assassin et le laisser exprimer librement sa version des faits, au mépris de la vérité et au risque de heurter de nouveau la famille ? Combien vaut le récit de la mort d’un enfant ? Plus ou moins en fonction des détails morbides qui peuvent être fournis ? Les plates-formes peuvent-elles s’enrichir en exploitant des faits divers récents, à peine fictionnés, avec le voyeurisme pour ressort principal ?

Sur Netflix, importante plate-forme de diffusion de true crimes, ces histoires inspirées de faits réels, les dernières productions ont occupé le haut du podium des programmes les plus vus en Espagne et provoqué des controverses. La série L’Affaire Asunta raconte ainsi l’enquête sur l’infanticide d’une fillette de 12 ans – dont le corps fut retrouvé sur le bord d’une route avec la présence de vingt-sept comprimés de lorazépam dans le sang – commis en 2013 par ses parents adoptifs, un couple bon chic bon genre originaire de Saint-Jacques-de-Compostelle.

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