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« Les Sentiers de la perdition », sur Paris Première : dans l’Amérique de la Grande Dépression, des gangsters majestueux comme des cow-boys

Le Britannique Sam Mendes s’aventure avec simplicité sur la route sinueuse d’un homme de main travaillé par ses liens filiaux.

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Publié le 28 juin 2024 à 18h30

Temps de Lecture 2 min.

Michael Sullivan (Tom Hanks) dans « Les Sentiers de la perdition », de Sam Mendes.

PARIS PREMIÈRE – VENDREDI 28 JUIN À 23 HEURES – FILM

La force du deuxième film américain du Britannique Sam Mendes réside dans sa simplicité. On ne parle ici que d’une chose : de pères et de fils, du fardeau qu’ils sont les uns pour les autres et des terribles façons qu’il y a de s’en affranchir.

Michael Sullivan (Tom Hanks) est le père quadragénaire de deux garçons. Quelque part dans la région des Grands Lacs, pendant la Grande Dépression, il assure à ses deux fils et à son épouse une vie de confort. John Rooney (Paul Newman), son employeur, est aussi son père adoptif : pour lui, Sullivan − ancien combattant de 1914-1918 − collecte les dettes, perçoit loyers et redevances, usant de la force s’il le faut.

Pour le vieux Rooney, face au fils d’élection, il y a le fils de sang, Connor (Daniel Craig), rejeton indigne du petit empire criminel qu’a construit son père, à l’ombre tutélaire d’Al Capone. Michael Sullivan Junior (Tyler Hoechlin) surprend son père et Connor au travail, un soir où les choses tournent mal. Condamnés à mort pour indiscrétion, les deux Michael doivent fuir, poursuivis par un tueur à gages photographe, Maguire (Jude Law).

Tendance à la stylisation

On le voit, le film suit une route (celle du titre original, The Road to Perdition) sans jamais s’égarer sur des sentiers. Il y a, dans le scénario comme dans la mise en scène, une tendance revendiquée à la stylisation. Alors que, de profession et d’époque, les personnages à l’écran pourraient être sortis du Scarface de Hawks, ils sont filmés comme s’ils élevaient du bétail à l’ouest des Rocheuses.

Rien à voir avec l’univers shakespearien des Parrain − le désir, la politique, le pouvoir… Sam Mendes, qui, pour American Beauty (1999), s’était vautré avec délice et agilité dans la perversion du rêve américain, le prend tout à coup très au sérieux et dit, une nouvelle fois, la geste de ces gens violents, de ces outlaws qui ont construit ce pays de la loi et de l’ordre.

A un bout de la chaîne, il y a Rooney, à qui Paul Newman prête une infinie majesté, inspirant dans le même plan la crainte, la dévotion et la pitié. A l’autre bout, Michael Jr., qui n’a pas la tête habituelle des enfants du cinéma américain, qui ressemble plutôt à un homme en miniature. Entre les deux, Tom Hanks, père idéal de force et d’autorité, mais qui ne parvient jamais à évoquer la part d’ignominie de son personnage.

Au milieu du film, un dialogue nocturne réunit les deux Michael pour l’une de ces conversations entre père et fils propres à tirer des larmes aux pierres. Refusant avec la même énergie le sentimentalisme et le second degré, Sam Mendes et ses acteurs parviennent, comme presque toujours au long de cette route, à redonner vie et innocence à des histoires usées par le cinéma.

Les Sentiers de la perdition, film de Sam Mendes (EU, 2002, 116 min). Avec Tom Hanks, Jude Law, Paul Newman.

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