![Julia (Sarah Lancashire), dans la série « Julia », créée par Daniel Goldfarb.](https://cdn.statically.io/img/img.lemde.fr/2024/06/20/0/0/1920/1280/664/0/75/0/9e4457e_1718884041165-source-sarahlancashire0.jpeg)
MAX – À LA DEMANDE – SÉRIE
Pour ceux qui rongent leur frein en attendant la mise en ligne de la prochaine saison de The Bear (sur Disney+, en juillet), la plate-forme Max propose une roborative entrée avec cette transposition en série du fabuleux destin de l’Américaine Julia Child (1912-2004), grande (1,88 mètre toute dépliée) ambassadrice de la cuisine française aux Etats-Unis grâce à un best-seller publié en 1961, Mastering the Art of French Cooking (« réussir dans l’art de la cuisine française »).
Lorsque la série Julia débute, Julia Child bénéficie déjà d’une petite notoriété depuis la parution du livre de cuisine française qu’elle a élaboré avec deux amies lors d’un long séjour en France aux côtés de son mari, diplomate de son état. Après avoir cuisiné une omelette sur le plateau d’une émission littéraire sur une chaîne locale, elle a l’idée d’un cooking show qui apprendrait aux Américains à maîtriser le coq au vin et la tarte tatin. Malgré des producteurs réticents et un budget minuscule, « The French Chef » est lancée en 1963 et trouve immédiatement son public.
Société en mutation
L’émission accompagne l’essor de la télévision aux Etats-Unis, et la série avance au rythme des épisodes de « The French Chef », avec son lot de contraintes − maîtriser les coûts, ménager les susceptibilités, préparer la saison suivante… − et les déboires de l’équipe qui la prépare. Ancrée dans une société en mutation, qui accueille plus ou moins bien l’émancipation des minorités − la série ne fait pas l’économie de quelques figures inclusives −, Julia est aussi une série sur les femmes au travail.
Leur histoire s’écrit à travers le parcours de Julia Child mais aussi de celles qui l’ont rendu possible. Parmi elles, Judith Jones (Fiona Glascott dans la série), l’éditrice new-yorkaise qui se battit pour faire paraître le Journal d’Anne Frank aux Etats-Unis, traduisit Jean Genet, édita John Updike et qui, elle-même fin gourmet, eut l’intuition de publier Mastering the Art of French Cooking.
Avec un sujet aussi fort, la série n’a pas besoin de beaucoup d’ingrédients pour filer droit, mais quelques caméos − Judith Light en patronne, Isabella Rossellini en matrone − et un sous-texte sur les vertus libératrices (ou non) de la cuisine en relèvent la saveur, même si la vraie réussite de la série reste l’interprétation fine et généreuse que donne la Britannique Sarah Lancashire de la cuisinière américaine.
Par sa stature hors norme, sa bonhomie et sa diction si particulière, Julia Child est de ces personnages sur lesquels les acteurs se cassent les dents − ce fut le cas de Meryl Streep dans Julie et Julia. L’actrice de Happy Valley en fait ici plutôt moins que plus, et ça lui réussit.
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