![Mary Rose Foster (Bette Midler) dans « The Rose » (1979), de Mark Rydell.](https://cdn.statically.io/img/img.lemde.fr/2024/06/17/0/0/1534/1040/664/0/75/0/a37b0e3_1718639325710-317987-jpg-r-1920-1080-f-jpg-q-x-xxyxx.jpg)
TCM CINÉMA – JEUDI 20 JUIN À 20 H 50 – FILM
On attend toujours la biographie filmée de Janis Joplin promise par Hollywood depuis sa mort, le 4 octobre 1970, à 27 ans. Il est peut-être une raison toute simple à cette impuissance : elle a déjà inspiré un film, The Rose, de Mark Rydell, dans lequel Bette Midler interprète une chanteuse sudiste, happée par la révolution hippie et le show-business, broyée par la gloire et les addictions.
Ce beau film aurait dû s’appeler « Pearl », surnom de Janis Joplin (et titre de son ultime album). Lorsque sa famille refusa d’accorder les droits de sa biographie, les scénaristes s’éloignèrent sans scrupule de la réalité. D’où cette confrontation incongrue, mais fructueuse, entre les figures du mélo hollywoodien et la culture rock.
Mary Rose Foster (Bette Midler) est au sommet de sa gloire. Elle déplace les foules à ses concerts, vend des disques par centaines de milliers. Aux mains d’un manageur britannique obsédé par l’évanescence de la gloire (Alan Bates), Rose – c’est ainsi que l’appellent ses adorateurs – est forcée de travailler comme une damnée. Pour le supporter, elle peut, puisqu’elle a de l’argent, puisqu’elle représente une génération qui n’observe plus la loi, recourir aux substances les plus onéreuses, les plus illicites.
Diva tragique
On sait que tout cela finira très mal, n’empêche : on se prend à rêver que Rose échappera à son destin, dans les bras d’un chauffeur qui pourrait la conduire jusqu’au salut (Frederic Forrest). C’est tout le prodige de ce film que d’avoir transformé Bette Midler – une chanteuse de cabaret, qui avait déjà porté l’artifice à un degré hilarant et exaltant de sophistication – en une pauvre chose qui braille le blues pour rester en vie.
En 1978, au moment du tournage de The Rose, Bette Midler est une star grâce à des spectacles qui ont d’abord transporté la communauté gay new-yorkaise – le temps d’une visite à un cabaret de travestis imitant Diana Ross, Barbra Streisand et Mary Rose Foster, une séquence du film de Rydell devient une espèce de reconnaissance de dette envers ces premiers fans.
La diva choisit de coller à la réalité, de s’abandonner à la tragédie de la femme déchue, et Bette Midler est bouleversante de fragilité. On voit son visage se décomposer lorsqu’elle est insultée par un chanteur de country (Harry Dean Stanton, impeccable de mesquinerie) à qui elle est venue rendre hommage. On la voit exulter lorsque les foules se pressent devant la scène pour l’entendre chanter, lors de séquences de concert qui relèvent presque du documentaire.
La supervision musicale de Paul A. Rothchild (1935-1995) parachève l’illusion d’avoir affaire à une vraie rock star, qui s’appuie sur un vrai répertoire, d’où se détache The Rose, ballade un peu simplette que Bette Midler transforme en élégie à tous ces jeunes gens qui n’ont pas survécu à l’été de l’amour.
The Rose, de Mark Rydell. Avec Bette Midler, Alan Bates, Frederic Forrest (EU, 1979, 2 h 05).
Contribuer
Réutiliser ce contenu