Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Le Procès d’Auschwitz, la fin du silence », sur Planète+ : la justice contre l’amnésie

Un passionnant documentaire raconte le jugement, à Francfort en 1963, de vingt-deux anciens SS grâce à la ténacité d’un procureur allemand, Fritz Bauer.

Par 

Publié le 19 juin 2024 à 19h00

Temps de Lecture 1 min.

Photo non datée de Fritz Bauer, procureur général allemand, responsable des procès dits d’Auschwitz à Francfort, qui ont débuté le 20 décembre 1963 et se sont terminés en août 1965.

PLANÈTE+ – MERCREDI 19 JUIN À 23 H 50 – DOCUMENTAIRE

Francfort, 1959. Tout le monde ou presque semble avoir oublié la guerre, le national-socialisme, et ne songe qu’à profiter du boom économique. Les routes sont envahies par de jolies voitures, les magasins font le plein, les gens ont un boulot, des vacances, tout va bien.

Pourtant, une minorité de citoyens allemands ne se résout pas à cette amnésie collective et refuse l’oubli des années noires. Parmi eux, le procureur Fritz Bauer (1903-1968). Juif, social-démocrate, homosexuel, l’homme avait été envoyé, dès 1933, dans un camp de concentration, dont il s’était évadé pour trouver refuge au Danemark. De ­retour d’exil en 1949, Bauer est effaré par les non-dits de la société allemande et par le nombre d’anciens nazis en activité à des postes importants.

Pour que naisse une véritable démocratie, il faut confronter l’Allemagne à son passé, telle est la conviction de Fritz Bauer. Lorsqu’un juif exilé en Argentine lui signale la présence du criminel nazi Adolf Eichmann (1906-1962) à Buenos Aires, il choisit pourtant de transmettre l’information au Mossad plutôt qu’à une justice allemande infestée d’anciens sympathisants hitlériens. D’ailleurs, en août 1965, lorsque sera connu le verdict (plutôt clément) du procès de Francfort, où vingt-deux anciens SS étaient jugés, un procureur dépité aura ces mots, lourds de sens : « Eichmann aurait été ravi d’être jugé en Allemagne. Il n’aurait écopé que de quelques années de prison ! »

Nazis jugés par des Allemands

Fritz Bauer veut que des nazis allemands soient jugés par des Allemands et pas seulement par des magistrats étrangers comme à Nuremberg, juste après la guerre. En janvier 1959, un journaliste lui remet un document exceptionnel, sauvé des flammes au camp d’Auschwitz : une longue liste de noms de personnes exécutées, mais aussi les noms et grades de SS ayant, de plus ou moins près, participé aux massacres.

Grâce à ce document, le procureur peut enfin demander que l’ensemble des cas de criminels de guerre allemands soit centralisé sous son autorité à Francfort. Il désigne une équipe compétente, composée de procureurs trentenaires. Les enfants vont enfin pouvoir questionner les parents.

Passionnant de bout en bout, ce documentaire raconte le procès de Francfort, qui débute en décembre 1963. On y découvre les pièges d’une justice réticente à remuer le passé, la mauvaise foi de criminels arrogants et hautains, la peur des survivants de l’enfer venus témoigner. En dépit du verdict final (seulement six SS condamnés à perpétuité, trois acquittés et les autres purgeant des peines de prison et libérés pour la plupart assez rapidement), ce procès a eu le mérite de révéler au monde l’horreur d’Auschwitz.

Le Procès d’Auschwitz, la fin du silence, de Barbara Necek (Fr., 2017, 52 min).

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.