![](https://cdn.statically.io/img/img.lemde.fr/2024/05/07/0/0/3128/4224/664/0/75/0/5ce287c_1715095228017-img-4847.jpeg)
Un trait de crayon esquisse la bouche béante d’une jeune femme à l’air abasourdi. Dans une bulle au-dessus de sa tête, le personnage de BD s’étrangle : « C’est un cauchemar. On pourrait avoir un gouvernement d’extrême droite. Pas dans trois ans, dans trois semaines. » Ce dessin, publié le 10 juin par Blanche Sabbah sur son compte Instagram « La nuit remue Paris », représente parfaitement la terreur ressentie par son autrice à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin, après la défaite du camp présidentiel aux élections européennes. « Ça m’a prise aux tripes », confie Blanche Sabbah.
Alors, pour lutter contre l’extrême droite et empêcher sa victoire aux élections législatives, la dessinatrice se lance : « Je fais ce que je sais faire de mieux : sensibiliser, mobiliser via mes bandes dessinées et les réseaux sociaux. » Avec un message, martelé par cette « femme de gauche » féministe et militante pour l’écologie : « Il faut voter pour le Nouveau Front populaire. »
A tout juste 29 ans, Blanche Sabbah est l’autrice, la coautrice et la dessinatrice de cinq bandes dessinées illustrant son engagement féministe. Le premier tome de Mythes & meufs, son ouvrage principal sorti en avril 2022, s’est écoulé à 35 000 exemplaires. « Un incroyable accueil », selon Clotilde Palluat, son éditrice chez Dargaud. Surtout pour une jeune artiste peu connue du public. A l’époque de la publication, l’autrice à la longue chevelure brune est suivie par quelques centaines d’abonnés sur le compte Instagram où elle publie ses dessins, « La nuit remue Paris ». Ce chiffre est de 116 000 aujourd’hui.
La recette du succès de Blanche Sabbah ? Mélangez les contes de votre enfance, ajoutez un prisme féministe, un coup de crayon léger et percutant, saupoudrez d’une pincée d’humour et le tour est joué : vous obtenez un livre qui revisite nos mythes antiques et contemporains en y questionnant la représentation des femmes. « Je voulais qu’on se demande : qu’est-ce que ce genre d’histoires véhicule ? Est-ce qu’on les connaît si bien que ça ? », précise la dessinatrice.
Blanche Sabbah décortique le récit
Par exemple, la petite sirène du film Disney. Son histoire d’amour impossible avec le prince charmant a fait rêver beaucoup d’enfants. Mais quand Blanche Sabbah décortique le récit, en s’appuyant sur le travail de chercheuses et d’historiennes notamment, elle fait ce constat : « L’héroïne troque sa parole contre des jambes dans le seul but de séduire », « de rentrer dans le moule » d’un monde conforme auquel elle ne peut accéder sans abandonner sa voie. Pas si réjouissant que ça.
Il vous reste 71.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.