Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Vous imaginez manger tous les jours devant une scène de viol ? » : à l’hôpital, les fresques pornographiques suscitent toujours la controverse

En janvier 2023, la direction générale de l’offre de soins a ordonné le retrait de l’ensemble des fresques à caractère pornographique et sexiste dans les hôpitaux. Pourtant, cette pratique clivante persiste, accusée de perpétuer la culture du viol et l’impunité des auteurs de violences sexistes et sexuelles.

Par 

Publié le 20 juin 2024 à 05h00

Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Des médecins habillés en moines entourent une femme allongée, entièrement nue. A ses côtés, d’autres femmes, également dénudées, parfois perchées sur des talons hauts. Accrochée au mur du réfectoire des internes de l’hôpital Purpan, à Toulouse, cette peinture déclenche, en 2018, en plein mouvement #metoo, une vague d’indignation autour des fresques pornographiques, ces dessins présents sur les murs de nombreuses salles de repos d’internes en médecine.

Une dizaine d’internes, des femmes essentiellement, recouvrent la fresque d’un drap blanc, sur lequel on peut lire : « Ceci est du harcèlement sexuel. Qu’en pensez-vous ? » Une lettre ouverte est envoyée à la direction générale de l’hôpital, et réclame le retrait du tableau. Très vite, les auteurs de l’opération antifresque font l’objet de critiques virulentes. « De nombreux internes nous ont reproché de ne rien comprendre à l’humour carabin », retrace Julie Ferrua, infirmière et codéléguée générale de l’union syndicale Solidaires, qui a épaulé le collectif antifresque.

« Les employés de ménage tout comme les personnes livrant les repas dans les internats sont exposés à la fresque, pas uniquement les internes. La direction a fini par ordonner son retrait, mais de nouvelles scènes pornographiques ont fait leur apparition en 2021. Encore une fois, des internes nous ont alertés. L’hôpital a été plus réactif cette fois-ci », retrace Mme Ferrua.

La santé devrait être en première ligne

En 2023, le gouvernement a demandé le retrait des tableaux à caractère sexuel ou sexiste dans les hôpitaux français. Mais dans certains établissements, ils sont encore présents. Le sujet reste sensible, controversé. Ici, on dénonce des images rétrogrades et empreintes de sexisme. « Vous imaginez manger tous les jours devant une scène de viol ? Quand on a été victime de violences sexistes et sexuelles, ça peut être très violent », s’indigne Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG, intersyndicale des internes en médecine générale.

Là, on défend cette tradition qui remonte au XIXe siècle, quand les études de médecine étaient réservées à une élite masculine, et qui ferait office de soupape de décompression. En 2023, le site d’informations médicales Egora sondait ses médecins lecteurs : 85 % se prononcent contre le retrait des fresques. « Elles perdurent parce que les internes les défendent », résume Christophe Verny, professeur de neurologie. Il se dit convaincu que les fresques n’ont plus leur place dans les hôpitaux, mais rappelle que, pour certains, elles représentent « une forme d’exutoire par rapport à la rudesse morale et physique de la vie d’interne ». Et explique ainsi la non-application de la circulaire ministérielle datée du 17 janvier 2023, demandant aux établissements de santé de retirer les fresques pornographiques dans l’année : « L’internat, c’est le bastion des internes dans cette structure très hiérarchique qu’est l’hôpital, ils le gèrent comme ils l’entendent. L’administration n’y met pas les pieds. On peut intervenir, mais il y a un risque non nul de voir réapparaître une nouvelle fresque dès que la précédente a été retirée. »

Il vous reste 20.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.