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Peuples autochtones de l’Arctique au Canada

Au Canada, le terme « peuples de l’Arctique » fait généralement référence à la population inuite. Les Inuits sont les descendants du peuple de Thulé, qui vivait dans l’Arctique il y a de 400 à 1000 ans. Les Inuits appellent leur territoire Inuit Nunangat. En 2021, on comptait 70 545 Inuits au Canada. Selon ce recensement, 69 % de tous les Inuits vivaient dans l’Inuit Nunangat.

Pond Inlet
Communauté située sur la cote nord de l'ile de Baffin, au Nunavut.

Répartition des peuples autochtones de l’Arctique

Les peuples autochtones au Canada, à la fois historiques et contemporains, ont habité six aires culturelles qui, contrairement aux provinces et territoires, n’ont pas de frontières définitives et se réfèrent plutôt à des aires en termes plus généraux. L’Arctique est l’une de ces aires. Les autres sont les Plaines, le Plateau, la région subarctique, la côte Nord-Ouest, et les forêts de l’Est.

Désigné sous le nom d’Inuit Nunangat, le territoire inuit comprend les régions côtières et les terres intérieures au nord de la limite forestière. C’est pourquoi les termes « Inuit », un terme générique en soi, et le terme « peuples de l’Arctique » sont considérés des synonymes.

On compte neuf principaux groupes inuits au Canada :

Un dixième groupe, les Sallirmiuts (Sadlermiuts), n’existe plus.

En 2021, on compte 70 545 Inuits au Canada, dont 69 % qui vivent dans l’Inuit Nunangat.

Les Inuits ne sont pas les seuls peuples autochtones du Nord. Dans les régions près de la limite forestière, d’autres peuples autochtones, y compris les Innus, les Dénés et les Cris, ont traditionnellement occupé des environnements semblables (quoique rarement en même temps), et ont chassé et pêché les mêmes espèces de gibier. Ces peuples autochtones du Nord ont habité le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, le Québec et le Labrador.

Géographie et territoire traditionnel

L’Inuit Nunangat comprend quatre régions : l’Inuvialuit (dans le nord des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon), le Nunavut, le Nunavik (dans le nord du Québec) et le Nunatsiavut (dans le nord du Labrador).

Inuit Nunangat.
(avec la permission de Native Land Digital / Native-Land.ca)

Ces régions arctiques sont caractérisées par de longues heures de clarté en été et des températures modérées. Les hivers sont longs et froids, et dans les régions les plus au nord, le soleil disparaît complètement durant une période au milieu de l’hiver. La couverture végétale peut être continue, particulièrement dans les endroits bien irrigués, bien que les affleurements rocheux et les zones arides soient courants. L’Arctique est tout à fait dépourvu d’arbres, mais on peut y trouver des plantes arbustives basses, y compris plusieurs variétés de baies comestibles. La topographie est variée, allant des basses terres parsemées de lacs aux régions alpines recouvertes de glaciers.

Société

Historiquement, les communautés inuites comptent entre 100 et 1000 membres. Ces bandes régionales sont les unités sociales et politiques les plus importantes. Les membres des bandes se réunissent souvent durant de courtes périodes en hiver, lorsque les peuples se rassemblent dans des campements pour la chasse et la chasse au phoque.

Plusieurs bandes régionales constituent les grands groupes inuits. Des mariages ont lieu au sein de ces groupes plus larges, et tous les membres parlent un dialecte semblable.

Pendant le reste de l’année, les Inuits vivent en bandes plus petites, souvent composées de deux à cinq familles. Chaque ménage comprend généralement un couple marié et ses enfants, bien que des parents âgés ou des membres de famille célibataires peuvent également être présents. Plusieurs activités économiques et sociales impliquent une coopération entre les ménages, et le partage généralisé est toujours une caractéristique fondamentale de la vie sociale des Inuits.

La plupart des familles qui choisissent de vivre ensemble sont apparentées, et la direction du groupe est généralement assumée par les chefs de la famille. Au sein de certains groupes, le isumataaq, un chef informel qui est souvent un jeune homme qui a prouvé ses talents de chasseur et de chef, détient également l’autorité sur les questions sociales comme l’adoption et le mariage.

Structure familiale

Le mariage est presque universel chez les Inuits et a habituellement lieu au début de l’âge adulte. Il est courant pour un jeune couple de vivre à proximité des parents de l’un des époux. Plusieurs ménages adoptent des enfants, ce qui est un signe de la grande valeur qui est accordée aux enfants. Les enfants sont un moyen important d’établir des relations entre les familles par le biais de l’adoption, des fiançailles, et des relations adulte-enfant établies lors des cérémonies de naissance et des pratiques de dénomination. La famille est une unité économique importante s’appuyant sur la répartition décidée des responsabilités entre tous les membres d’un ménage, y compris les enfants et les parents âgés.

La société inuite associe la naissance à plusieurs rituels socialement importants. Parmi certains groupes, en plus de la présence d’une sage-femme, un autre adulte est présent et joue le rôle de parrain rituel de l’enfant, assumant la responsabilité de l’éducation morale de l’enfant. Tout au long de la vie, on s’adresse à lui en des termes particuliers. Par exemple, selon un aîné Netsilingmiut interviewé en 1991 dans le cadre du livre Sinews of Survival (1997) de Betty Issenman, un parrain appelle sa filleule arnaliaq, qui signifie « faire de toi une femme », tandis qu’elle l’appelle sanajiarjuk, soit « cher petit créateur ». Le nom est donné à la naissance et a une signification particulière, car les noms inuits comprennent une partie de l’identité et du caractère de la personne qui le porte.

L’arrangement des futurs mariages des enfants peut avoir lieu à tout moment, même avant leur naissance. Les jeunes promis l’un à l’autre utilisent une forme spéciale d’adresse, et leurs familles tiennent compte de ces liens futurs dans leurs rapports mutuels. Le mariage, une institution remarquablement stable chez les Inuits, est habituellement précédé d’une période de mariage à l’essai. On relève certains cas de polygynie, le fait d’avoir plusieurs femmes, et, plus rarement de polyandrie, le fait d’avoir plusieurs maris, mais ce ne sont pas des pratiques courantes.

Vie traditionnelle

Alimentation et économie

Inuit avec arc et flèche.
Inuk devant un topek (maison d'été) et un kayak, à Peel River (T.N.O.) en 1901.
Chasse au phoque
Dans la méthode d'affût traditionnelle des Inuits, le chasseur attend patiemment que le phoque apparaisse à son trou de respiration.
Chasseur inuit avec harpon et marsouins blancs, en 1865, à Little Whale River au Québec.
Chasseur à l'arc inuit, district de Coppermine, T.N.-O., 1949.

La plupart des groupes inuits fondent leur économie sur la chasse aux mammifères marins, plus particulièrement les phoques. Durant l’été et l’automne, plusieurs groupes chassent le caribou ou se déplacent vers leurs régions côtières privilégiées pour pêcher et chasser diverses espèces de gibier. La pêche et la cueillette (œufs d’oiseaux, crustacés et baies) constituent d’importantes activités saisonnières, tout comme la chasse à l’ours polaire et à la baleine. Bien qu’une grande valeur soit accordée aux aliments frais, les gens préservent et entreposent également des aliments pour une consommation future. Le séchage et la mise en cache au froid sont des techniques courantes, mais plusieurs techniques spéciales (comme la conservation dans l’huile) sont également utilisées.

La technologie traditionnelle est basée sur des matériaux disponibles localement, principalement des os, des cornes, des bois de caribou, de l’ivoire, des pierres, et des peaux d’animaux. Dans certaines régions, les gens utilisent de l’herbe ou des fanons (le matériel utilisé par les baleines pour filtrer le krill et le plancton) pour la vannerie et autres récipients. Ils remplacent également le bois ou le cuivre par des bois de caribou ou des os, et les peaux d’oiseaux ou de poissons par des peaux d’animaux. De nombreuses inventions inuites sont considérées comme des chefs-d’œuvre de technologie pour leur ingéniosité et la solidité de leur conception, comme l’igloo, la pointe de harpon détachable, et le kayak.

Il existe une relation importante entre l’emplacement des campements et les ressources alimentaires disponibles en fonction des saisons. La composition des campements peut varier périodiquement en réponse aux besoins sociaux et aux désirs d’interaction avec de la parenté qui vit ailleurs. Plusieurs techniques de chasse deviennent plus efficaces lorsque plusieurs chasseurs travaillent en collaboration, comme lors de la chasse au phoque en hiver.

Dans de nombreuses communautés nordiques contemporaines, les aliments comme les fruits, les légumes, et le lait doivent être transportés sur de longues distances. Les coûts élevés, la disponibilité limitée, et la qualité inférieure de la nourriture qui en résultent sont quelque peu atténués par la disponibilité des aliments traditionnels, c’est-à-dire les aliments sauvages comme le phoque, le caribou, le canard, la baleine, et le poisson (voir Nourriture traditionnelle inuite au Canada). En 2005, on rapporte que 68 % des Inuits adultes de l’Inuit Nunangat récoltent des aliments traditionnels. (Voir Conditions sociales des Autochtones au Canada.)

Transport et habitations

Igloo inuit
Certains Inuits utilisaient l'igloo seulement quand ils se déplaçaient, mais d'autres y habitaient tout l'hiver.
Kayak et umiak
Le kayak est une embarcation de chasse étroite faite de peaux de phoque tendues sur un cadre de bois ou d'os. L'umiak, embarcation plus grande, est utilisé pour transporter des personnes et des vivres.
Traîneau arctique et attelage de chiens
Les patins des traîneaux, ou kometiks, sont enduits de salive gelée pour mieux glisser.

Tous les Inuits se servent de traîneaux et d’embarcations recouvertes de peaux, bien qu’on note des variantes régionales dans leur conception et leur utilisation. Historiquement, les chiens servent d’animaux de chasse; ils repèrent les trous de respiration des phoques dans la glace marine, ils chassent les bœufs musqués, ils tiennent les ours à distance, et ils servent de bêtes de somme en été. Les hommes utilisent des kayaks à une place pour chasser les mammifères marins et le caribou dans les lacs et rivières. Sur la mer de Beaufort et le long des côtes de l’Alaska, on se sert d’énormes umiaks recouverts de peaux pour chasser la baleine, bien que dans l’Arctique canadien (et au Groenland), les femmes utilisent plus souvent ces embarcations pour transporter les ménages et leurs biens d’un endroit à l’autre.

La tente de peau, souvent tendue sur un court piquet, est généralement fabriquée de peaux de phoque, et est retenue au sol par des pierres. Chez les Kivallirmiuts, la tente est souvent de forme conique et fabriquée de peaux de caribou. Lorsqu’il n’y a pas de neige pour fabriquer des igloos, ou lorsqu’ils sont trop éloignés des sites où se trouvent des maisons de pierre ou de terre, les tentes servent d’abris temporaires.

La conception des igloos varie. Dans les campements d’hiver, la principale pièce de séjour peut être assez vaste, près de 4 m de diamètre et jusqu’à 3 m de hauteur. De plus, les igloos comportent des pièces d’entreposage, un couloir d’entrée, et des pièces habitables supplémentaires de chaque côté. Dans certaines régions, il est de coutume de tapisser les murs avec des peaux de caribou pour l’isolation. La plupart des igloos sont dotés d’une plateforme de couchage en neige et d’une fenêtre (faite de la glace transparente d’un lac) encastrée dans le toit. Des igloos plus petits et moins élaborés sont encore utilisés lors des déplacements hivernaux.

Dans l’ouest de l’Arctique, où on peut trouver du bois flottant, on construit des habitations permanentes pour l’hiver. Dans ce cas-ci, les fenêtres sont faites de parchemins translucides de peaux d’animal.

Habillement

Les Inuits sont très habiles pour fabriquer des chaussures et des vêtements à partir de peaux d’animaux. Même si les parkas, les gants, et les bottes sont faits selon un modèle de base semblable, les motifs et la technique conservent certaines caractéristiques régionales. La plupart des Inuits fabriquent des chaussures avec des peaux de phoque à la fois pour l’hiver et le printemps ou l’été, ces dernières étant parfaitement imperméables. Dans certaines régions, on se sert plutôt de peaux de caribou, plus particulièrement pour les bottes d’hiver.

Le parka est traditionnellement doublé d’une veste intérieure et d’une veste extérieure, toutes deux en fourrure de caribou. Certains groupes portent des parkas et des pantalons en peaux de phoque durant le printemps et l’été, et de la fourrure de caribou en hiver. Les vêtements des femmes sont souvent plus élaborés que ceux des hommes, avec un volumineux capuchon sur le parka à queue et à tablier. Les femmes portent leurs enfants dans un sac sur leur dos et non dans le capuchon.

Pour orner leurs corps, les femmes arborent des tatouages sur leur visage et leurs bras. Les hommes ont parfois des tatouages sur le visage et le corps. Les femmes portent également généralement des bandeaux faits de cuivre ou d’os, alors que certains hommes ont des perçages au visage. Le perçage des oreilles et du nez est pratiqué habituellement par les hommes ainsi que par les femmes.

Culture

Tabour inuit
Charlotte Qamaniq-Mason, du groupe Tumavut, jouant du tambour inuit traditionnel lors de sa performance au festival Westfest, à Ottawa, le 10 juin 2011

Comme dans de nombreuses cultures autochtones, le tambour est un objet culturel sacré chez les Inuits. Fabriqués en étirant une membrane de peau tendue sur un cercle de bois, les tambours servent d’instruments de musique traditionnels. Chez les Inuits de l’Arctique de l’Ouest, plusieurs joueurs de tambour assis accompagnent habituellement un ou plusieurs danseurs, tandis que dans le centre et l’est de l’Arctique, le joueur de tambour ne chante pas.

À la suite des contacts avec les étrangers, des instruments comme les concertinas, l’accordéon, le violon, l’harmonica, la guimbarde et, plus récemment, la guitare sont utilisés de manière plus répandue. La danse carrée (voir Danse folklorique), souvent exécutée dans des performances longues et complexes, et parfois sans meneur, demeure très populaire.

Les jeux vocaux des Inuits, aussi connus sous le nom de chants de gorge, sont pratiqués dans certains groupes, habituellement par deux femmes qui émettent une vaste gamme de sons provenant du fond de la gorge et de la poitrine. Cet art est toujours pratiqué dans l’Arctique.

Les artisans fabriquent de l’art décoratif en cousant des peaux ou en faisant des gravures sur des ustensiles. Les innovations récentes dans l’art inuit, comme les sculptures en stéatite, les gravures, et les plaques murales, tirent leur origine d’ouvrages traditionnels et utilisent parfois de nouveaux matériaux ou de nouvelles techniques.

En ce qui concerne les sports et les loisirs, plusieurs Inuits participent à des épreuves physiques qui testent leur capacité à donner des coups de pied en hauteur (avec des variantes à un ou deux pieds), à sauter à genoux, et à effectuer bien d’autres exploits de force et de dextérité. Plusieurs de ces jeux font partie des Jeux d’hiver de l’Arctique, qui ont lieu tous les deux ans dans un nouvel endroit partout à travers l’Arctique, y compris en Alaska et au Groenland. Les Jeux attirent des compétiteurs provenant de tout l’Inuit Nunangat ainsi que d’autres régions arctiques.

Changements culturels

Depuis le contact avec les étrangers, la société et la culture inuites ont subi des changements. L’adoption rapide des outils en fer, des armes à feu, des tissus, et des bateaux en bois modifie ou remplace certains articles d’usage courant. La propagation du christianisme se traduit par la perte de plusieurs pratiques et idéologies religieuses traditionnelles, et la loi canadienne se superpose au droit coutumier pour ce qui est du mariage, du règlement de différends, et de la gestion de la faune (voir Droits des Autochtones). Même la langue change; l’inuktitut écrit, par exemple, utilise l’alphabet latin, les mêmes lettres que l’anglais et le français, ainsi que l’écriture syllabique.

De nombreux articles traditionnellement utilisés par les Inuits sont toujours utilisés par tous les peuples de l’Arctique. Parmi ceux-ci, on trouve les harpons utilisés pour la chasse aux mammifères marins, les bottes en peaux de phoque, et les parkas de caribou qui sont nécessaires pour la chasse hivernale, et les traîneaux utilisés pour les déplacements hivernaux. Les techniques de préparation des peaux et de couture des vêtements en peaux sont également préservées.

D’importants éléments du système de valeurs ont également résisté au changement, comme les pratiques traditionnelles d’éducation des enfants, les préoccupations concernant les questions environnementales, la survie continue de la langue et de la culture inuites, et le respect de l’autonomie individuelle (voir Coopératives inuites).

Religion et spiritualité

Avant le premier contact avec les Européens, les chefs religieux inuits étaient des chamans, qui suivaient une formation longue et ardue. Les chamans étaient les intermédiaires entre les Inuits et les différentes forces spirituelles qui influençaient les activités. La vie des Inuits exigeait le strict respect des diverses interdictions et règles de conduite, de sorte que le rôle du chaman consistait généralement à identifier les malfaiteurs et à prescrire une punition ou une compensation appropriée. (Voir Religion et spiritualité des Autochtones au Canada.)

Les premières activités des missionnaires sont constituées de manière semblable, mais ils introduisent de nombreuses nouvelles règles et interdictions et exigent une pénitence à ceux qui ont péché. Au 20e siècle, les efforts intensifs des missionnaires poussent de nombreux Inuits à adopter le christianisme. Des membres du clergé et des catéchistes inuits desservent de nombreuses communautés.

La mythologie inuite, un système basé sur les traditions orales et utilisé pour expliquer et enseigner la vie quotidienne, connaît un renouveau en tant que vecteur de la vitalité culturelle. Des programmes existent pour soutenir les traditions orales et encourager l’interaction avec les histoires traditionnelles par l’entremise des jeunes et des aînés. On s’attend à ce que les jeunes Inuits apprennent par l’exemple, en étroite collaboration avec les adultes, avec qui ils vivent en rapport étroit. Un bon nombre des croyances et des valeurs de la société se manifestent implicitement par le comportement. Par exemple, le constant partage de la nourriture et d’autres produits illustrent la valeur de la générosité et de la coopération, ainsi qu’un rejet de l’avarice, de la cupidité, et de l’égoïsme. Les récits que les aînés aiment raconter, plus particulièrement aux enfants, renforcent ces importantes leçons.

Langue inuite

Les Inuits du Canada parlent traditionnellement l’inuktitut, langue dont il existe plusieurs dialectes. (Voir Langues autochtones au Canada.) Toutefois, avec l’amélioration des possibilités de voyagement et le développement des émissions de radio et de télévision en langue inuite, les différences linguistiques diminuent. (Voir Communications dans le Nord et Médias des peuples autochtones.) Traditionnellement, il n’y a pas de langue écrite, mais après le contact avec les missionnaires, les Inuits adoptent largement les systèmes d’écriture.

Lors du recensement de 2011, 34 110 personnes déclarent l’inuktitut comme étant leur langue maternelle, dont 63,1 % au Nunavut et 32,3 % au Québec. Dans la majorité des communautés du Québec et de l’est du Nunavut, plus de 90 % de la population déclarent l’inuktitut comme étant leur première langue, à l’exception d’Iqaluit, qui ne déclare que 46,6 %. Les pourcentages sont considérablement plus bas au Labrador; par exemple, on déclare 36 % à Nain et seulement 5 % à Rigolet.

Contact avec les Européens et colonisation

Il existe des preuves de colonisation nordique dans l’Arctique au 14e siècle. (Voir Expéditions vikings.) Cependant, le premier contact soutenu avec des étrangers n’a lieu qu’à la fin du 18e siècle, entre des missionnaires moraves et des Inuits du Labrador. (Voir Missions moraves au Labrador.)

À quelques endroits dans l’Arctique, les Inuits et les Européens établissent des contacts de marchandages éphémères, mais la plupart des contacts n’ont lieu que près d’un siècle plus tard. Durant la deuxième moitié du 19e siècle, des explorateurs et des chasseurs commerciaux de baleines apportent diverses marchandises aux Inuits, bien que ce ne soit qu’après la fin de la chasse commerciale à la baleine, après 1910, que les postes de traite soient établis de manière plus ou moins permanente dans les régions arctiques.

Les Inuits sont largement ignorés par le gouvernement fédéral jusqu’en 1939, lorsqu’ils sont considérés comme étant la responsabilité du gouvernement. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les Inuits se voient attribuer des numéros de disque au lieu d’un nom pour faciliter l’administration gouvernementale. (Voir Projet Noms de famille.) Après la guerre, les activités du gouvernement s’intensifient, comprenant la création d’écoles, des postes de soins infirmiers, des aéroports et des installations de communication, et des programmes de logement dans les nouveaux hameaux et établissements. Ces impositions causent de nombreuses tensions culturelles, puisque plusieurs Inuits sont relocalisés de force vers des régions qu’ils ne connaissent pas (voir Réinstallation d’Inuits dans l’Extrême-Arctique au Canada).

Organismes politiques

Au début des années 1970, un organisme national, l’Inuit Tapirisat du Canada (maintenant connu sous le nom Inuit Tapiriit Kanatami) est mis sur pied pour protéger les droits individuels et culturels des Inuits. L’organisme crée plusieurs agences en réponse aux besoins exprimés. Par exemple, une Commission de la langue inuite est formée afin de trouver les meilleurs moyens pour assurer l’utilisation accrue de l’inuktitut à des fins gouvernementales, éducatives, ainsi que dans le secteur des communications. On crée également un bureau de revendications territoriales pour mener des recherches et des négociations sur les revendications territoriales des Inuits.

Plusieurs de ces questions, comme la protection de l’environnement arctique, ont une portée internationale. Par conséquent, un organisme inuit international, la Conférence circumpolaire inuite, est formé avec des comités qui cherchent à renforcer les communications pan-inuites, les activités artistiques et culturelles, ainsi que la coopération internationale en matière de protection de l’environnement. Cet organisme est affilié à de nombreux organismes internationaux, dont les Nations Unies, assurant ainsi que les préoccupations des Inuits soient largement comprises dans le monde entier.

Vie contemporaine

Profondément atteintes et modifiées par les effets durables de la colonisation, de nombreuses communautés du Nord font face à des défis socioéconomiques importants, comme la surpopulation, la pénurie alimentaire, les problèmes de santé chroniques, et des taux élevés de suicide chez les jeunes. (Voir Conditions sociales des Autochtones au Canada et Conditions économiques des peuples autochtones au Canada.)

Une enquête de 2006 révèle que, dans l’Inuit Nunangat, plus de 15 000 Inuits vivent dans des conditions de surpeuplement et qu’ils sont les plus susceptibles à vivre dans des ménages comptant plus d’une famille par résidence. Les conditions de vie et le manque d’accès aux soins de santé contribuent en partie à une augmentation des maladies chroniques, comme l’obésité, le diabète et les infections respiratoires. Le taux de suicide chez les jeunes Inuits est nettement plus élevé que dans le reste du Canada, ce qui fait de la prévention du suicide une priorité clé pour une croissance culturelle continue. (Voir Suicide chez les Autochtones au Canada.)

Malgré ces défis, les peuples inuits du Canada ont célébré de nombreuses réussites dans de nombreux domaines, notablement l’obtention de leur autonomie gouvernementale et la création du Nunavut. Les Inuits sont également très actifs dans les discussions entourant la politique environnementale, les affaires, l’éducation dans le Nord, et la revitalisation de la culture et de la langue inuite.

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