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Achat de terres sur la Niagara

L’achat de terres sur la Niagara de 1781, également connu sous le nom de Traité 381, est l’un des premiers accords fonciers conclus entre les peuples autochtones et les autorités britanniques dans le Haut-Canada (plus tard l’Ontario). À la suite de cet accord, une bande de six kilomètres et demi de large le long de la rive ouest de la rivière Niagara, qui relie le lac Érié et le lac Ontario, a été mise à la disposition des loyalistes déplacés par la Révolution américaine pour qu’ils s’y installent. L’achat de terres sur la Niagara est l’un des nombreux accords conclus dans les années 1700 et 1800, connus collectivement sous le nom de cessions de terres du Haut-Canada.

Contexte historique

En vertu du Traité de Paris de 1763, la Nouvelle-France devient la colonie britannique du Québec. La même année, une Proclamation royale définit les limites entre les terres appartenant à la Couronne et celles occupées par les peuples autochtones dans le territoire nouvellement acquis. Toutes les terres situées à l’ouest de la province de Québec sont réservées comme pays « indien ». La frontière commence à la rive sud du lac Nipissing et se termine au point où le 45e parallèle de latitude traverse le fleuve Saint-Laurent, juste à l’ouest de l’actuelle Cornwall, en Ontario. Toutes les terres situées à l’ouest de cette ligne (à l’exception du territoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson et de l’Arctique) appartiennent alors aux peuples autochtones qui y vivent, à moins qu’elles ne soient cédées par un traité ou un autre accord avec la Couronne.

L’un des premiers traités négociés en vertu des dispositions de la Proclamation royale est le Traité de Niagara de 1764. En juillet et en août, le surintendant des Affaires indiennes, Sir William Johnson, et environ 2 000 Autochtones, représentant plus de 24 Premières nations, se réunissent à Fort Niagara. Le fort est situé à l’embouchure de la rivière Niagara et sur la rive est de la rivière. Entre autres dispositions, le traité prévoit la vente aux Britanniques d’une bande de terre de six kilomètres et demi de largeur sur la rive est de la rivière Niagara et d’une bande de trois kilomètres et quart de largeur le long de la rive ouest. Toutefois, à l’insistance des Haudenosaunee, ces bandes ne peuvent être utilisées que par la Couronne ou pour le portage autour des chutes du Niagara, mais ne doivent pas être colonisées. Bien que les Mississaugas aient revendiqué la région pendant plusieurs décennies, ils ne sont pas inclus dans le traité.

Pendant la Révolution américaine (1775-1783), les Britanniques tiennent à maintenir la sécurité de leurs postes de l’Ouest, en particulier ceux d’Oswegatchie, de Niagara, de Détroit et de Michilimackinac. Ces postes sont essentiels pour préserver le commerce des fourrures, maintenir l’allégeance des peuples autochtones de l’Ouest, notamment les Mississaugas, les Chippewas, les Ojibwés, les Odawas et les Potawatomi, et empêcher les rebelles américains de mener une attaque de flanc contre le Canada. La sécurité de ces postes est mise en péril par les tentatives américaines d’obtenir le soutien des Premières Nations et par la possibilité d’attaques de colons rebelles qui vivent dans des établissements le long de la frontière. Un autre problème est la longue distance que les provisions et les renforts doivent parcourir le long des routes d’approvisionnement vulnérables de Montréal et de Québec.

En 1778, Frederick Haldimand remplace Guy Carleton comme gouverneur de la province de Québec. Frederick Haldimand conçoit un plan qui réduirait la vulnérabilité des postes de l’Ouest et renforcerait leur capacité à remplir leurs fonctions. Il propose l’établissement de colonies agricoles près des postes, qui fournissent des provisions aux garnisons militaires. Ils aident également les nombreux guerriers autochtones qui visitent régulièrement les postes et qui, traditionnellement, sont nourris lors de ces visites.

Alors que la Révolution se poursuit, la région du Niagara voit affluer des colons américains et des peuples autochtones restés fidèles à la Couronne. Parmi eux se trouvent les Butler’s Rangers, une unité militaire organisée, et un grand nombre de membres de la Confédération des Six Nations. L’augmentation de la population – jusqu’à 5 000 personnes à une époque – met à rude épreuve la capacité des Britanniques à les nourrir et à les loger. Par conséquent, Frederick Haldimand poursuit sa proposition d’établir des colonies agricoles près du fort. Son idée suscite une opposition locale, mais Lord Germain, le secrétaire d’État britannique aux Colonies, appuie Haldimand.

Bien que le fort Niagara soit situé sur la rive est de la rivière Niagara, la meilleure région pour l’agriculture se trouve sur la rive opposée. Cependant, le traité de 1764 négocié par Sir William Johnson impose des contraintes à toute colonisation. Frederick Haldimand ordonne donc la négociation d’un nouveau traité pour résoudre toute revendication autochtone en suspens sur les berges de la rivière, afin que son projet d’établissement agricole puisse se concrétiser.

Négociations

En 1774, le colonel Guy Johnson remplace son oncle, sir William Johnson, au poste de surintendant des Affaires indiennes. En octobre 1780, les Six Nations acceptent verbalement d’autoriser un établissement agricole sur la rive ouest, en face du fort. En 1781, alors que les loyalistes ont déjà commencé à s’installer sur les terres, Johnson rencontre les chefs des Mississaugas en conseil ouvert pour discuter de leur revendication et acheter une bande de terre de six kilomètres et demi de large le long de la rive ouest entre les lacs Ontario et Érié. Le 9 mai, un accord est conclu et les Mississaugas acceptent 300 vêtements en guise de paiement pour la bande de terre.

Résultat

La colonisation se poursuit dans la région et le canton de Niagara est formé en 1787. Selon les lignes d’arpentage, la cession des terres comprend les parties orientales des cantons de Stamford, de Willoughby et de Bertie.

À la fin de la Révolution américaine, comme Fort Niagara se trouve sur le territoire des nouveaux États-Unis, il doit être remis aux Américains. Divers problèmes de traités non résolus entre les Britanniques et les Américains retardent ce transfert et les soldats américains ne prennent le contrôle du fort qu’en 1796. Les Britanniques se retirent de l’autre côté de la rivière et construisent le fort George sur la rive opposée.

Bien que l’Achat de terres sur la Niagara de 1781 soit l’un des plus anciens traités, il a fini par être numéroté Traité 381. Cela est dû au fait qu’un exemplaire du traité est perdu jusqu’en 1896. Lorsqu’il est retrouvé, il n’existe aucun autre traité auquel il peut être logiquement rattaché, et les fonctionnaires l’ajoutent donc à la fin du système de numérotation.

Commémoration

Le 16 mai 1928, l’Achat de terres sur la Niagara est désigné comme un événement historique naturel. Une plaque de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada commémorant l’Achat de terres sur la Niagara est située au 43, rue Castlereagh, à Niagara-on-the-Lake, en Ontario.