Un street style vaut mieux que mille mots ? Oui, si l’on en croit la dernière campagne Bottega Veneta. Plutôt que de flanquer ses dernières égéries de renoms, A$AP Rocky et Kendall Jenner, en studio pour shooter la collection, la marque les habille et les envoie se faire photographier dans la rue. Ce n’est pas comme si le moindre de leurs faits et gestes étaient déjà immortalisés par des hordes de paparazzis. “A travers l’histoire, il y a toujours eu une drôle de relation entre les photographes et les célébrités. (...) Moi-même et les esprits créatifs de Bottega Veneta ont pensé que c’était du génie (...) d’utiliser les photos sur le vif de mon lifestyle quotidien”, explique le rappeur sur son Instagram.Une approche loin d’être nouvelle qui vient une nouvelle fois interroger notre rapport avec les photos paparazzées de nos célébrités préférées.

Photographie volée, photographie stylée

L’idée avait déjà fait grand bruit quand Kanye West avait utilisé le concept pour dévoiler la sixième collection de son label Yeezy en 2017. Bien conscient que sa compagne de l'époque, Kim Kardashian, était à la fois sa meilleure égérie et surement l’une des femmes les plus photographiées de la planète, il avait invité l’icône à parader dans LA en portant ses pièces. Ce sont les photos capturées par l’armada de photographes qui accompagnent la superstar où qu’elle aille qui ont servi de lookbooks. De quoi interroger, déjà, sur notre rapport aux photos volées, un débat toujours autant d’actualité que ce soit après avoir lu les mémoires de Britney Spears, récité toute la tirade d’Amélie Neten sur les fausses paparazzades ou simplement en admirant la dernière campagne Bottega Veneta.

Le street style, panneau publicitaire pour les marques de luxe ?

C’est que le street style, les tenues de tous les jours, sont devenues une source d’inspiration pour toute la mode. Il suffit de voir à quel point les médias spécialisés (nous y compris) les décryptent pour identifier les tendances. Certaines stars en ont d’ailleurs fait tout un art : pas une journée ne semble se passer sans qu’Emily Ratajkowski ne soit photographiée ultra-lookée en sortant de chez elle à New-York, au point que l’on finit par se demander si elle n’est pas payée par les marques pour se faire shooter. Le cas Bottega n’aide pas à calmer les suspicions. Si les tenues d’A$AP Rocky et de Kendall Jenner qui nous avaient enchantés n’étaient qu’une opération marketing, c'est tout la spontanéité dans le street style qui est en danger. Certains ont déjà commencé à pointer la dérive du doigt. Quand Vanity Fair évoque le look "model off duty", les tenues des mannequins en dehors des podiums qui fascinent de puis toujours (et que l’on connaît grâce aux paparazzis), l’article ne manque pas de noter dans sa rétrospective que fut un temps où les célébrités n’étaient pas habillées par des stylistes pour prendre l’avion ou sortir chercher un café. Le business va-t-il tuer le street style ? Reste que ce n’est pas demain la veille que les photos volées vont arrêter de jalonner nos moodboards.