2, 3 saisons et puis l’inclusivité s’en va ? C’est peut-être bien le son de cloche de ces dernières Fashion Weeks. Le retour des looks des années 2000 signifient aussi le retour des silhouettes taille 0 de cette décennie. Un constat malheureux, mais, indéniable au vu du marathon de la mode du mois passé. Septembre a mis un point final à une année 2023 rythmée par les semaines de la mode aux quatre coins du monde. Si le rideau est tombé sur la ville de Paris, les fashionistas sont bien décidées à profiter de vacances bien méritées au moins jusqu’en janvier prochain. Les analystes, en revanche, ne sont pas prêts à dire au revoir au programme chargé que l’on a pu observer cette année. Le média Vogue Business a passé au crible les défilés des collections printemps-été 2024, résultat des courses ? Moins d’un pourcent des mannequins vu.e.s cette saison sont considéré.e.s comme plus size, c’est-à-dire correspondent à un 46 ou au-delà. Au contraire, plus de 95 pourcent des looks correspondaient à un 36 ou moins. Niveau statistiques, les chiffres ne sont pas bons du tout chez les fashion ! Les marques Karoline Vitto, Bach Mai et Nina Ricci s’en sortent, certes, avec la première place de l'inclusivité. Géographiquement parlant, en revanche, tout le monde se situe plus ou moins dans le même sac. Si Paris et Milan sont les bonnets d’âne de la mode, Copenhague relève le niveau de cette promotion de looks, plus verte, un chouïa plus inclusive mais tout aussi tendance ! Le ton est donné : les mannequins les plus rondes, bien qu’elles aient connu un petit succès ne sont pas vraiment les bienvenues sur les podiums. On les compte même quasiment sur le doigt d’une main ! Paloma Elsesser, Precious Lee, Jill Kortleve, entre quelques autres pointures, sont plus une exception qu’une généralité lors des défilés. C’est simple, à Paris, sans la marque Ester Manas, les autres maisons avaient l’air d’un (mauvais) remake de ceux des années 2000 à 2010 dans lesquelles la maigreur avait peu, voire pas de limite. Alors que les campagnes d’action et de prévention se multiplient pour éviter la grossophobie ou la promotion de régimes drastiques, les plus grandes maisons ont encore bien du mal à se mettre elles aussi en marge - pour aller plus loin que le port de t-shirts aux slogans body positifs préfabriqués ou à l’inclusivité green-washée…

Mode et inclusivité, zéro pointé ?

@assia.kara Les années 2000 etaient quand meme vraiment toxiques ?? #cultedelaminceur #grossophobie #inclusion #inclusivite #modeinclusive #publicite #dove #realbeauty #doverealbeauty #y2k #2004 #maigre #beaute ? son original - assiakara

Rendre la mode plus représentative est un combat de tous les instants pour bien des fashionistas. La taille n’est que la face émergée de l’iceberg. L’origine du mal remonte aux années 1990 avec la propagation comme une traînée de poudre de l’esthétique héroïne chic et de sa promotion plus ou moins directe d’un rapport plus que malsain au corps et à la nourriture. Car oui, peu importe ce que la mode ou internet peut insinuer, faire une taille 40 ou plus n'est pas promouvoir l'obésité. Si les silhouettes très émaciées ne sont souvent pas les plus représentatives de celles qu’on retrouve en magasins ou dans les meilleurs looks de street-style, d’autres problèmes considérables s’ajoutent aux nombreux boulets que traîne déjà le secteur. La diversité laisse largement à désirer. La situation s’est améliorée sur les podiums, dans les coulisses, c’est une tout autre affaire. Le magazine Times révèle d’ailleurs dans que certaines agences n’hésitent pas à exploiter de jeunes femmes, trouvées dans des camps de réfugiés où elles sont renvoyées sans ménagement. Et ce n’est pas tout ! Les grands oubliés de ce mouvement, à contre-courant des travers de l’industrie, sont les modeux et modeuses non-valides. Ok, on s’arrête, ça en devient presque déprimant. Pour les fashionistas qui préfèrent voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, pas de panique : le style de demain n’est pas celui d'aujourd'hui ou celui d’hier. La mode change, les it-girls, les fashionistas, les designers et les mannequins aussi.. Et dans leurs moodboards, l’inclusivité est un facteur indispensable.