Margarita Carmen Cansino voit le jour le 17 octobre 1918 À New-York, de parents d’origine espagnole, anglaise et irlandaise. Dès ses premières années, elle se produit dans la troupe de danse familiale, appelée « Dansing Cansinos ». L’actrice aura coutume de dire plus tard « qu’elle a appris à danser avant même de marcher ». A 12 ans, elle est déjà une danseuse aguerrie, star du spectacle de la famille. Une reconnaissance qu’elle doit à l’acharnement de ce dernier, qui n’a qu’un mot en bouche : le travail. Rita est en effet privée d’enfance, alors que ses frères, plus libres, sortent avec leurs amis. La jeune fille ne va pas à l’école, toute sa vie est orientée vers la danse. « Travailler, travailler, c'est le seul mot que j'ai entendu pendant mon enfance, se plaindra Rita. Je n'ai jamais été une petite fille... ».

Bien des années plus tard, alors mariée à Orson Welles, Rita Hayworth confiera avoir subi une liaison incestueuse avec son père, l’alcoolisme de ce dernier aidant. 

Un début de carrière d’actrice compliqué

S’évertuant à faire de sa fille une véritable star, Eduardo multiplie les représentations, afin de présenter Rita aux producteurs hollywoodiens. Une attitude qui finit par payer, puisqu’en 1933, la Warner Bros Pictures lui fait passer un essai, mais le physique trop méditerranéen de Rita ne leur convient pas. La jeune fille est en effet trop brune, trop ronde pour les critères de l’époque.

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C’est à Tijuana, à l’âge de quinze ans, qu’elle est repérée par Winfield Sheehan, vice-président de la Fox. Séduit par la jeune danseuse, il lui fait signer un contrat après des test plus que concluants, mais lui impose quelques changements : elle doit changer son nom, et opte donc pour le diminutif Rita, doit perdre du poids et prendre des leçons de maintien et de diction. La jeune femme commence à tourner dans quelques productions, mais la Fox connaît quelques difficultés et le contrat de Rita est rompu. Une décision que regrettera amèrement Sheehan par la suite. 

De Margerita à Rita  

Etouffant sous le joug familial, Rita parvient à se libérer de l’emprise de ses parents grâce à Edward C.Judson, un homme d’affaires. De 20 ans son aîné, il épouse la jeune femme, alors âgée de 19 ans et entreprend de la métamorphoser.

Pour correspondre aux critères de beauté hollywoodiens, Rita doit perdre du poids, se fait arracher des molaires pour affiner son visage, et subit de douloureuses séances d’electrolyse pour roussir ses cheveux. L’implantation de la racine des cheveux de la jeune femme est également décalée. De plus, elle doit suivre à nouveau des cours de maintien. Elle parachève sa transformation en adoptant le nom de sa mère Hayworth, plus distingué et moins typé. La transition en icône a commencé. Elle est ensuite présentée au patron de la Colombia Pictures et signe un contrat de 7 ans avec eux, avec un salaire à hauteur de 250$ par semaine. 

Le début de la reconnaissance

L’actrice prend son envol avec le film Seuls les anges ont des ailes. Mal à l’aise, et d’une timidité maladive, elle est rassurée par son partenaire, Cary Grant, qui lui assure que le film sera un succès. C’est effectivement le cas, et rapidement, Rita apparaît dans d’autres productions. Elle explose dans Strawberry Blonde, dans lequel elle incarne à merveille la parfaite séductrice. Pourtant, la jeune femme est toujours très peu sûre d’elle, à mille lieux de l’image de sex-symbol qu’elle véhicule en société.

Son image de femme fatale est d’autant plus renforcée par sa prestation dans Arènes Sanglantes, où elle est choisie parmi 30 actrices. Elle se met aux comédies musicales aux côtés de Fred Astaire où elle peut à nouveau exploiter ses talents de danseuse. L’acteur confiera avoir trouvé en Rita sa meilleure partenaire, chaque film tourné avec étant « de délicieuses expériences ». 

La consécration avec "Gilda"

Côté amour, elle divorce en mai 1942 de Judson, devenu violent et possessif. Elle enchaîne les liaisons, mais finit par succomber aux charmes d’Orson Welles, qui désirait plus que tout conquérir la plus belle femme des Etats-Unis. Ils finissent par se marier le 7 septembre 1943.

Rita Hayworth enchaîne les succès, mais est de plus en plus délaissée par Welles, qui s’est engagé en politique. Ensemble, ils auront une fille, Rebecca, en décembre 1944. Elle reprend le chemin des studios et tourne "Gilda", qui restera à jamais le film de référence de Rita Hayworth. Avec ce dernier, elle devient à jamais un symbole sexuel. La fameuse scène où l’actrice mime un strip-tease en chantant « Put the blame on mame » restera à jamais dans les annales. Le succès est tel que la première bombe atomique lancée en 1946 sur l’atoll de Bikini est baptisée Gilda et est illustrée du physique de l’actrice. Profondément choquée par l’événement, perdue dans sa vie personnelle (elle divorce d’Oron Welles le 1er décembre 1948), la comédienne décide de se réfugier en Europe, afin de s’éloigner quelque temps du star-system. 

Une vie personnelle agitée

Elle rencontre le prince Ali Khan au cours d’une fête donnée à Cannes. Rita devient princesse un an plus tard, le 27 mai 1949, après un an de liaison surmédiatisée. Elle donne naissance à son second enfant, la princesse Yasmin Aga Khan le 28 décembre de la même année. Mais la vie de princesse n’est pas si simple, les contraintes étant nombreuses, tout comme les liaisons du prince. Le couple divorce en 1953. Elle retourne aux Etats-Unis, trouve le succès grâce à Salome, dont la fameuse scène de danse des sept voiles. Malgré tout, les premières années après son retour aux Etats-Unis restent difficiles pour Rita qui se dispute la garde de sa fille avec son ex-mari.

Toujours aussi instable sentimentalement parlant, elle épouse son quatrième mari Dick Haymes, le 24 septembre 1954. Le mariage sera un échec total, tout comme le suivant avec James Hill. Inconstante en amour, Rita confiera « les hommes s’endorment avec Gilda et se réveillent avec moi».

Le déclin d’une icône

Le déclin s’amorce dans les années 1970, au moment où, incapable de retenir ses textes, d’humeur changeante et avec un penchant pour la bouteille, Rita est boudée par les studios de cinéma. La sachant sans ressources, l’acteur Robert Mitchum lui propose le film "L’enfer des tropiques". Elle termine péniblement ce qui sera son dernier film, elle qui atteinte de la maladie d’Alzheimer, ne peut plus retenir une seule ligne de texte. Sa fille, la princesse Yasmin Khan obtient alors sa tutelle, devenant par la suite une personnalité très engagée dans la lutte contre la maladie. La déesse de l’amour, comme on l’a surnommait, s’éteindra le 14 mai 1987 à New-York.