C'est la première fois que le réalisateur est accusé pour viol en France. Révélés par Le Parisien, les faits que la comédienne et photographe Valentine Monnier décrit auraient eu lieu en 1975, alors qu'elle était âgée de seulement 18 ans. Elle est la onzième femme à accuser le réalisateur, aujourd'hui âgé de 86 ans, de viol ou agression sexuelle.

En 1977, Polanski avait été condamné aux États-Unis pour le viol de Samantha Geimer, qui avait alors 13 ans. Le réalisateur, en peine promotion pour la sortie, le 13 novembre, du film J'accuse, qui retrace l'affaire Dreyfusest toujours poursuivi par la justice américaine dans le cadre de cette procédure.

Un témoignage glaçant

Dans un témoignage glaçant, Valentine Monnier raconte avoir passé des vacances dans le chalet de Roman Polanski, à Gstaad en Suisse, en janvier 1975. Un soir, le réalisateur l'aurait frappée et violée. "Ce fut d’une extrême violence, après une descente de ski, dans son chalet, à Gstaad. Il me frappa, roua de coups jusqu’à ma reddition puis me viola en me faisant subir toutes les vicissitudes", explique-t-elle au Parisien.

Ce fut d’une extrême violence. Il me frappa, roua de coups jusqu’à ma reddition puis me viola en me faisant subir toutes les vicissitudes.

"Je n’avais aucun lien avec lui, ni personnel, ni professionnel et le connaissais à peine", précise la comédienne. Depuis quarante-quatre ans, elle n'en a parlé qu'à quelques proches et n'a jamais porté plainte. Alors que les faits sont prescrits, Valentine Monnier a décidé d'apporter son témoignage à quelques jours de la sortie du film du réalisateur, J'accuse

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"Est-ce tenable, sous prétexte d’un film, sous couvert de l’Histoire, d’entendre dire J’accuse par celui qui vous a marqué au fer, alors qu’il vous est interdit, à vous, victime, de l’accuser ?", a-t-elle confié au Parisien.

Des témoins confirment son récit

Afin de confirmer le récit de la comédienne, plusieurs témoins potentiels, présents dans le chalet au moment des faits présumés, ont été recherchés. Deux hommes, qui auraient aidé Valentine Monnier ce soir-là, ont témoigné. 

L’un d’eux, qui l’a hébergée après l'agression, explique : "Quand elle est arrivée dans mon chalet, je crois me souvenir qu’elle avait un bleu sur la joue. Puis, elle m’a dit qu’elle venait d’être brutalement violée par Polanski". Il lui aurait demandé si elle voulait aller voir la police. Le second assure qu’elle voulait être protégée de Roman Polanski, mais dit ne pas se rappeler qu'elle lui ait parlé de "viol".

De son côté, Valentine Monnier affirme avoir raconté son récit, en 2017, dans des lettres adressées à la police de Los Angeles, à Brigitte Macron, au ministre de la Culture Franck Riester et à la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa.

Selon le cabinet de Brigitte Macron, la Première dame a confirmé avoir reçu deux lettres de la comédienne, qu’elle a transmises à deux membres du gouvernement. "Le service de la correspondance a retrouvé le courrier" de janvier 2018 à Brigitte Macron comportant "des éléments sur son témoignage adressé à la justice américaine et se plaignant d’absence de réponse de la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes", a indiqué le cabinet.

L'actrice Adèle Haenel apporte son soutien

Adèle Haenel, qui accuse le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" lorsqu'elle était mineure, a apporté son soutien à Valentine Monnier. "Je soutiens Valentine Monnier pour son témoignage bouleversant, courageux et précis, je suis en soutien total", a ainsi affirmé l'actrice auprès du journal Le Monde

Je soutiens Valentine Monnier pour son témoignage bouleversant, courageux et précis, je suis en soutien total.

En plein promotion du film Portrait de la jeune fille en feu, de Cécile Sciamma, Adèle Haenel a écrit, dans une déclaration faite au Parisien et à Médiapart : "Je la crois. Sa démarche suscite d’autant plus d’admiration que son agresseur est puissant". 

"Depuis lundi, j’entends parler avec émotion d’une nouvelle prise de conscience. Cette prise conscience nous engage aujourd’hui à accueillir la parole de Valentine Monnier, à la soutenir, à prendre soin de son histoire", a ajouté l’actrice française.

Hervé Témime, avocat du réalisateur, a assuré au Parisien que "Roman Polanski conteste fermement toute accusation de viol". "Je ne peux que constater que les faits allégués datent d’il y a quarante-cinq ans, a expliqué l’avocat. Qu’ils n’ont, pendant toutes ces longues années, jamais été portés à la connaissance de l’autorité judiciaire ou de M. Polanski". 

Jean Dujardin, qui joue le rôle principal dans le film J'accuse, a, quant à lui, annulé sa venue au journal télévisé de 20h sur TF1 ce dimanche 10 novembre, a indiqué la chaîne à l’AFP