Ce n’est pas un scoop, nous y avions même consacré un article complet en avril dernier : les vêtements que vous donnez ne vont pas forcément là où vous le croyez !

En effet, alors que l'on s'imagine faire preuve d'abnégation vestimentaire en cédant nos sapes à ceux que l'on se persuade être dans le besoin, via des conteneurs qui ont l’unique mérite d’être posté devant le supermarché du coin, l'on contribue en réalité à faire de cette planète une décharge toujours plus grande qu’elle ne l’était la veille.

Plus précisément, aux antipodes de nos idéaux de générosité et d’aide désintéressées envers notre prochain, nous contribuons, sans le vouloir, à faire de certains pays de l’Afrique de l’Ouest de véritables poubelles à textiles à ciel ouvert où s’entassent les déchets stylistiques et achats compulsifs d’un Occident malade de son consumérisme, le tout au détriment de l’environnement et de ses habitants.

Au Ghana par exemple, c’est 70 tonnes de vêtements donnés et invendus qui terminent chaque jour dans de vastes décharges

Au Ghana par exemple, c’est 70 tonnes de vêtements donnés et invendus qui terminent chaque jour accumulées dans de vastes décharges, enterrées dans le sable ou charriées vers les océans. Un coût environnemental qui se double d’un coût humain, les porteuses et autres travailleurs exploités par cette industrie de la seconde main qui vivent et travaillent pour des salaires misérables dans des conditions déplorables.

Alors vous allez nous dire que c’est bien beau de dénoncer, de critiquer et de pointer du doigt nos réflexes d’occidentaux gâtés, mais, quelle est la solution ? Que fait-on de ces fringues jetées dans des sacs poubelle suite à un élan de rangement incontrôlé post Marie Kondo ? À qui peut-on les donner si l’on souhaite dormir sur ses deux oreilles ? On fait le point.

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Donner ses vêtements aux friperies IRL et online

Ça ne vous échappera pas : le vintage est à la mode. Des friperies de quartier aux pop-up stores des grands magasins en passant par les e-shops dédiés : la seconde main n’a jamais autant plébiscitée et valorisée dans nos sociétés de consommation qui a toujours su faire rimer plaisir et nouveauté. On en profite pour faire don de nos pépites vestimentaires à ces PME de la fripe pour qui ce genre de dons peut être des plus précieux, qu’il s’agisse du dépôt-vente du village du coin ou la friperie branchée du quartier.

C’est pas seulement les vêtements donnés : c’est tout l’échange qui a autour : la conversation, l’échange humain…

Et si la flemme nous prend (ce qui peut arriver aux plus altruistes d’entre nous), on opte pour des friperies en ligne telles que que Once Again, Modaliste, Prêt à changer ou encore Percentil qui, comme le site L’Info Durable le précise, proposent de vendre pour nous les vêtements dont on ne veut plus.

Aucune annonce à rédiger, ni de chronophages textos à échanger (“Il mesure combien entre la manche et le décolleté ?”) ou de rendez-vous hasardeux (“On peut se retrouver sur le quai de Châtelet à 7h02 ?”) : vos vêtements sont revendus le plus souvent pour 1 euro symbolique, mais ils auront le mérite d’être réutilisés, et de ne pas polluer plus qu’ils ne l’ont déjà fait.

Surtout, rien de nous empêche de faire dons des “gains” récoltés à une association.

Donner à ses copines, ses collègues, ses voisines

Si vous voulez vous débarrasser de vos fringues de façon éco-friendly, le meilleur moyen reste encore de les donner directement à leur nouveau propriétaire. Priorité de la dernière édition du Fashion Revolution, cet évènement visant à réduire l’impact écologique et humain de notre consommation de vêtements, le troc est aujourd’hui LA solution mise en avant par les associations de lutte contre le gaspillage textile.

Alternative (gratuite) au shopping compulsif, porte de sortie durable pour les fripes qu’on ne peut plus voir en peinture : l’échange de vêtements entre amies, collègues ou membres d’une même famille permet de renouveler notre dressing sans impact sur la planète tout en répondant à nos insatiables besoin d’apparats et de nouveautés.

“J’ai découvert ce système en vivant à l’étranger : les autres expatriées organisaient des apéros où on en profitait pour s’échanger les vêtements en bon état dont on ne voulait plus, au lieu d’aller au Zara du coin… Depuis je ne peux plus m’en passer et j’essaie d’organiser régulièrement ce genre de trocs depuis que je suis rentrée à Paris.” raconte Nathalie, 30 ans, adepte du “zéro déchet” et écologiste convaincue.

Une tendance qui monte avec notamment les Free Troc Party organisées (dans le monde pré-Covid) par le site paris-friendly.fr ou encore les plateformes de troc en ligne comme France Troc ou Troc Vestiaire. À Lyon, on note ainsi le succès du Frip Club et à Lille, la montée du Greendy Pact, deux initiatives en faveur du désormais branché "clothes swap".

Donner les vêtements qu'on ne met plus aux plus précaires

Dans une démarche plus humanitaire, certaines personnes nous confient anonymement opter pour le don spontané de leurs vêtements de seconde main, à condition évidemment qu’ils soient propres et en bon état.

Que cela soit pour un membre de leur entourage, proche ou moins proche, dont le budget shopping ne fait pas partie des priorités du foyer ou une personne sans abri de leur quartier dont elle vont réussir à sonder les besoins textiles, une simple conversation peut permettre de trouver une nouvelle utilité à nos vêtements déjà portés tout en aidant notre prochain.

"C’est ce qui fait le plus de sens pour moi : j’agis à mon petit niveau et je sais que tel jour j’aurai au moins aidé une personne. C’est pas seulement les vêtements donnés : c’est tout l’échange qui a autour : la conversation, l’échange humain… Je préfère prendre du temps à donner mes vêtements de cette façon plutôt que lâchement balancer mon sac dans un conteneur en me disant que des volontaires ou des gens sous-payés feront le boulot à ma place." explique Jérémy, 29 ans, qui n’hésite pas à organiser des maraudes dans son arrondissement, remettant aux sans-abris qui le souhaitent manteaux et vêtements chauds récupérés auprès de son entourage.

Une façon d’aider directement les plus démunis, en circuit court en somme, sans passer par une association intermédiaire dont les revenus se font essentiellement via la revalorisation de nos déchets textiles.

Donner aux bonnes associations et ONG

Âme charitable, vous avez surtout envie de donner vos vêtements aux plus démunis, de leur redonner une seconde vie tout en aidant ceux et celles qui en auraient le plus besoin. Il n’y a donc pas d’autres choix, du moins en France, que de se tourner vers les valeurs sûres en termes d’associations caritatives comme la Croix Rouge, le Secours Populaire, le Secours Catholique, Emmaüs ou encore l’Armée du Salut.

Nos pièces les plus trendy seront revendues dans leurs boutiques (quand elles en disposent) tandis que les pièces qui se contentent d’être propres et en bon état seront données à travers des opérations de distribution.

Pour les vêtements professionnels, on pense à La Cravate Solidaire qui collecte costumes, tailleurs, chemises et cravates pour ceux et celles qui n’ont pas forcément les moyens de s’en procurer, que cela soit pour un simple entretien ou un job qu’ils ou elles viennent de débuter.

Enfin, on jette un oeil à la carte des “Ressourceries”, ces structures de réemploi textile qui, à l’image des recycleries, peuvent reprendre nos vêtements de seconde main, et on n’hésite pas non plus à se rapprocher tout simplement de sa mairie pour connaître les initiatives locales, privées ou publiques, en la matière.

Donner au Relais ou ne pas donner au Relais ?

Aussi plébiscités que controversés, les conteneurs de don Relais font parfois des sceptiques tout en assurant 55% de la collecte de vêtements usagés en France, avec quelques 18 000 points de collectes à travers l’Hexagone. Et pour cause, si l’organisme affilié à Emmaüs fut l’un des pionniers de l'économie solidaire en créant un modèle de valorisation des déchets textiles permettant de créer des emplois, il contribue toutefois, lui aussi, aux décharges gargantuesques de l’Afrique de l’Ouest.

En effet, seulement 6% des vêtements collectés, ceux en meilleur état, sont revendus à bas prix dans l’une de leurs 70 boutiques "Ding Fring" et le reste termine généralement au Burkina, au Sénégal ou encore à Madagascar, bien que l’argent gagné sur place soit réinvesti localement. Autre problème : sous l’effet de Vinted et consort, la qualité des vêtements donnée dans le conteneur tend à sensiblement baisser, réduisant toute possibilité de voir le vêtement réutilisé.

Même chose avec l’ONG Oxfam qui explique sur son site Internet que seulement 20% de ses collectes sont généralement revendues dans ses points de vente tandis que le reste est incinéré ou “envoyé à l’étranger”, ne citant pas de pays en particulier.

Eco-organisme de la Filière Textile d’habillement, Linge de maison et Chaussure, Refashion assure pour le compte de plus de 5000 entreprises, la prise en charge de la prévention et de la gestion de la fin de vie de leurs produits mis sur le marché grand public. On peut nous aussi leur remettre nos vêtements usés dans un de leur conteneurs, qui reprennent le même concept que ceux du Relais.

"Les vêtements sont triés : la crème va en boutiques de seconde main, le reste est réparti en différents canaux, chiffons pour l'industrie ou matériaux d'isolation", nous explique Catherine Dauriac, présidente de Fashion Revolution France. "Mais effectivement, c'est parfois opaque car beaucoup de nos vêtements finissent en Afrique…". On sera prévenu.

Réparer ses vêtements seconde main avant de les donner

Enfin on rappellera pour ceux du fond que l’on donne seulement et uniquement des vêtements en état d'être portés, ni troués, ni déchirés, qui ont au préalable été lavés, repassés et pliés. Et avant de donner, on hésite pas à se relever les manches et à réparer, transformer ou tout simplement réutiliser les vêtements que l’on a déjà.

Un pull bouloché ? Un coup de rasoir anti-bouloches suffira à le rendre comme neuf. Un jean (trop) troué ? Deux coups de ciseaux et il devient THE short de l’été. Un t-shirt en coton devenu (trop) petit ? On en fait des lingettes à démaquiller (soi-même ou auprès d’une couturière), un pochon ou de simples chiffons. Bref, avant de vous en débarrasser, faites un peu preuve d’imagination !