Ce samedi 19 décembre, Miss France célébré sa 100e édition avec l'élection de Miss France 2021. Outre la délocalisation au Puy-du-Fou, la soirée a été marquée par la vague de commentaires antisémites et xénophobes en ligne, qui ont visé April Benayoum, Miss Provence élue première dauphine à l'issue de la compétition. 

Dans son portrait diffusé en début d'émission, la jeune femme explique que son père, gendarme, est "israélien-italien". Il n'en a pas fallu plus pour générer un déferlement de haine en ligne, notamment sur Twitter. Certains commentaires sont allés jusqu'à des appels à la Shoah, quand d'autres tenaient des propos complotistes quant à la présence de la jeune femme au concours. 

April Benayoum porte plainte 

Ce lundi 21 décembre, la jeune femme âgée de 21 ans a annoncé qu'elle porte plainte, sur BFM TV. Elle a décidé de ne pas prendre d'avocat, et a indiqué que le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, l'avait appelée et lui avait apporté son soutien. "C'est aux personnes compétentes de faire le nécessaire pour que ça ne se reproduise plus", a-t-elle affirmé.

L'étudiante en école de commerce s'est dite "affectée" et "choquée" par cette vague de haine, mais affirme ne "pas [avoir] craqué", et n'avoir gardé que du "positif" d'une soirée "extraordinaire". 

"Ça ne m'était jamais arrivé", a déclaré April Benayoum. Dans mes élections précédentes, je n'ai jamais eu à faire face à de tels propos (...) Je ne veux surtout pas que ce moment soit gâché par une poignée de personnes malfaisantes."

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De son côté, Sylvie Tellier, présidente du comité Miss France, a soutenu qu'il "faut changer la loi et éduquer nos enfants", aussi à l'antenne de BFM TV. L'ancienne Miss France a également estimé que ces commentaires haineux sont le fait d'une "poignée de personnes" qui ne sont "pas du tout le reflet de la France", puisque Miss Provence a été élue première dauphine. 

Sylvie Tellier a rappelé que Clémence Botino, Miss Guadeloupe 2019 et Miss France 2020 avait également été victime de commentaires racistes lors de son sacre.

Une enquête ouverte 

Ce lundi 21 décembre, le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "injures à caractère raciste et provocation à la haine raciale", informe l'AFP, notamment reprise par le Figaro.

Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, a déclaré sur Twitter avoir "adressé un signalement au Procureur", dès dimanche, sur la base de l'article 40 du Code procédure pénale. Il permet à "toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire" de faire un signalement au procureur de la République en cas de connaissance d'un crime ou d'un délit.

Tandis qu'Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l'Égalité femmes-hommes, et de la lutte contre les discriminations, a demandé à la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme (Dilcrah) de saisir la justice. 

De son côté, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, s'est dit "profondément choqué". "Nous ne devons rien laisser passer [...] Les services de police et de gendarmerie sont mobilisés", a-t-il affirmé sur Twitter. 

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a également annoncé saisir la justice. Elle a invité les internautes à signaler sur son site ces commentaires haineux, pour mener une action de groupe. 

"Une contre-soirée antisémite"

D'autres personnalités politiques ont également dénoncé ces propos antisémites.

"C'est complètement abject ce qu'il s'est passé sur Twitter", a réagi ce lundi matin Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, sur RTL. "Il y avait une très belle soirée sur TF1, il y avait une contre-soirée antisémite sur Twitter avec des messages immondes."

"Plus de moyens doivent être déployés pour combattre la haine en ligne et engager des poursuites", a également écrit Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie.

L'antisémitisme n'est pas une opinion, c'est un délit.

"L'antisémitisme n'est pas une opinion, c'est un délit", a rappelé Audrey Pulvar, adjointe à la mairie de Pairs. "Il serait temps que les #RésauxSociaux en prennent conscience".

Amandine Petit, élue Miss France 2021, a défendu sa première dauphine à l'antenne de BFM TV : "C'est très décevant. Je ne pensais pas qu'on pouvait avoir de tels propos à notre époque. [...] Je ne pense pas que des propos racistes et antisémites aient leur place dans un concours de beauté. Honnêtement, je pense que ces gens-là ont eu des propos extrêmement déplacés. Moi, je soutiens énormément April Benayoum. Très clairement, si elle a été élue première dauphine, c'est parce qu'elle méritait sa place."