Fabriquer un four solaire avec Matali Crasset, se questionner sur l’architecture en climat extrême avec Jakob+MacFarlane ou réfléchir à comment « habiter une fenêtre » avec l’architecte Jacques Ferrier, ces quelques exemples piochés dans la liste des formations proposées par le Campus MaNa – un clin d’œil au renouveau des manufactures nationales de la fin du XIXe siècle – synthétise mieux que des mots le projet de Sophie et Thomas Dariel, fondateur de Dariel Studio et Maison Dada. « Depuis presque dix ans, je rêvais d’ouvrir un centre de formation international qui s’adresse à la fois au grand public avec une vocation de découverte des métiers d’art, mais aussi aux professionnels, architectes, designers ou artistes, pour leur permettre d’enrichir leurs compétences en explorant d’autres terrains que le leur. »
Un apprentissage en complète immersion
Au cœur de la Bourgogne, à Champignelles, le duo a investi d’anciens bâtiments de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort pour créer un campus ultramoderne de 37 hectares en adéquation avec la philosophie du lieu : une parenthèse créative où la nature est omniprésente. Que ce soit dans un hangar dédié au bois avec des machines flambant neuves, à la matériauthèque, dans l’amphithéâtre, dans l’atelier céramique ou dans le troisième hangar consacré au métal, les « manaïstes » s’immergent dans des savoir-faire, apprennent des gestes, fabriquent des choses mais surtout partagent. « Les premiers retours sont unanimes, poursuit Thomas Dariel. Au moins autant que l’apprentissage, ce que l’on trouve ici, c’est la convivialité et la mise en réseau pour des gens qui, la plupart du temps, ont une pratique solitaire de leur métier. On loge les gens, on les nourrit, c’est du all-inclusive ! » Vingt chambres décorées et confortables comme à l’hôtel, un salon évidemment meublé des créations de Thomas Dariel pour Maison Dada mais également de luminaires DCW éditions ou de pièces de La Chance, l’ambiance est chaleureuse et inventive.
Des formations aux côtés de grands noms du design et de l'artisanat
Parfaitement inséré dans la vie locale, le Campus MaNa (certifié Qualiopi) propose une quarantaine de formations d’une ou deux semaines et, peu après le début des inscriptions, le succès est déjà au rendez-vous. Plutôt que d’égrainer les noms de ses illustres formateurs – Erwan Bouroullec, Lison de Caunes, Jacques Ferrier, Julie Richoz, Ruedi Baur ou encore Nathanaël Le Berre –, Thomas Dariel insiste sur la grande qualité des apprentissages techniques et sur cette méthodologie de création qui s’appuie sur leur savoir-faire et leur expertise. « En dehors des ateliers “découverte” consacrés au grand public, nos formations s’adressent à des personnes qui veulent enrichir leur pratique professionnelle. On passe du bon temps, et on apprend. » Convaincu du bien-fondé de son initiative, le designer réfléchit déjà à un deuxième campus, plus proche de la mer, pour « proposer des formations en lien avec l’eau et l’air ». Et peaufine la session qu’il animera lui-même à la fin de l’année en collaboration avec le Mobilier national.